Rachat de VMware par Broadcom : le Cigref alerte

Les grandes entreprises françaises membres du Cigref, toutes clientes de VMware, redoutent l’importation de pratiques commerciales « déloyales ».

Le projet de rachat de VMware par Broadcom pour 61 milliards de dollars inquiète le Cigref, réseau de DSI de grandes entreprises françaises.

L’association part du constat suivant : ses 155 grands groupes et administrations publiques membres sont tous clients du spécialiste de la virtualisation VMware. Ces entités n’auraient « pas manifesté de difficultés quant aux relations commerciales et contractuelles qu’elles entretiennent avec cet éditeur ». Ce qui n’est pas le cas pour Broadcom, en revanche.

En outre, le Cigref indique sur son site web avoir fait part dès décembre 2020 des « difficultes et de l’irritation croissante » de ses membres concernant la politique tarifaire et contractuelle dans un courrier envoyé aux dirigeants du groupe américain.

Courrier qui n’aurait pas donné de « suite formelle » du fabricant de semi-conducteurs.

Une « réalisation anticipée » de la concentration ?

Les rachats de CA Technologies et de l’activité B2B de Symantec par Broadcom ont créé des précédents. Quelles sont les craintes ?

Le Cigref redoute, entre autres, des coupes claires dans les effectifs de VMware et une hausse unilatérale des prix de ses produits. Broadcom envisageant « un doublement des marges générées par VMware dans les trois ans qui suivraient ce rachat ».

De surcroît, plusieurs clients de VMware font état de comportements qui pourraient caractériser une « réalisation anticipée » de la concentration, du contrôle d’opérations commerciales par Broadcom à la limitation de certaines clauses contractuelles.

Avant même que les autorités de contrôle, dont la Commission europénne, n’aient rendu leur décision d’autorisation ou d’interdiction de cette opération de concentration.

Or, la législation européenne des marchés numériques (Digital Markets Act) qui vise à lutter contre les pratiques déloyales de quelques multinationales et plateformes nommées « contrôleurs d’accès », doit entrer en vigueur en janvier 2023.

Aussi les pratiques dénoncées heurtent les « 11 principes équitables » promus par le Cigref et ses partenaires européens. L’organisation appelle donc les autorités de contrôle des concentrations à prendre des mesures « nécessaires ». Est-ce à dire bloquer le rachat ?

(crédit photo : on visualhunt / CC)