Raphaël Marbeck-SFR : « La publication des applications est plus facile sous Android que sur l'iPhone »

Plate-forme ouverte, nouveaux services, stratégie de diffusion des applications, « Application Store » de SFR… Android suscite une vraie frénésie pour les développeurs en France. Le point avec Raphaël Marbeck de SFR.

Présenté début mars, le HTC Magic sous Android débarque aujourd’hui dans les boutiques SFR après une distribution en pré-commande sur le web. Un lancement souligné par la remise des trophées du concours Android SFR Jeunes Talents Développeurs qui a récompensé quatre applications Android pour un total de 50.000 euros de prix. L’occasion pour Silicon.fr de faire le point sur l’intérêt suscité par le Gphone, notamment auprès des développeurs, avec Raphaël Marbeck, responsable des applications mobiles chez SFR.

Silicon.fr : Vous avez organisé le concours développeurs Android SFR. Quel est votre rôle chez SFR?

Raphaël Marbeck : Je suis chargé du lancement des services sur les terminaux de nouvelle génération en vue de leur exploitation verticale. L’idée est que, quand un client achète un terminal, il achète également un service. Par exemple, pour l’iPhone [ lancé début avril après une bataille judiciaire avec Orange, ndlr], nous avons élaboré les services SFR.tv [accès aux chaines TV nationales, TNT et thématiques, ndlr] et SFR.wifi [accès aux 1,5 millions de hotspot wifi en France, ndlr]. Services que nous allons également proposer ces services sur le HTC Magic Android.

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Dans ce cadre, ne craignez-vous pas de concurrencer l’iPhone avec l’arrivée d’Android?

RM : Je ne crois pas. Les deux terminaux ne s’adressent pas aux mêmes publics. L’iPhone est très grand public. Android présente un aspect plus technophile qui s’adresse aux utilisateurs familiers avec les services Google. Aujourd’hui, c’est moins grand public que l’iPhone, on le voit avec les premiers clients. Mais cela va évoluer car les constructeurs vont s’emparer de la plate-forme et cela va élargir le marché.

Android est une plate-forme singulière car elle est open source et la publication des applications est encore plus facile qu’avec l’iPhone. Attention, je ne dis pas que les applications sont plus faciles à développer sous Android mais qu’elles sont plus simples à distribuer car il y a un vrai support pour mobiliser la communauté à développer sous Android comme on l’a vu d’ailleurs avec le concours puisqu’en moins de 6 semaines, nous avons reçu 104 projets d’application. Une vraie frénésie!

L’open source est donc un facteur déterminant pour les développeurs?

RM : Certes, créer de l’innovation est toujours plus efficace par le partage de bonnes idées dans un environnement ouvert que dans un laboratoire fermé mais, surtout, les stratégies d’intégration des applications sont différentes entre les deux plates-formes. Sur l’iPhone, la diffusion d’une application nécessite la validation d’Apple (même s’il y a des ratés). Sur Android, c’est l’inverse. N’importe qui peut publier. Si une application ne mérite pas d’y rester pour des raisons diverses (éthiques, morales), elles sont supprimées. Ce n’est pas formalisé mais ça c’est déjà vu.

Par ailleurs, Android est plus puissant, plus ouvert que l’iPhone. On peut y faire plus de choses notamment par la mise en œuvre en tâche de fonds de services qui permettent d’interagir automatiquement avec le terminal sans que l’utilisateur n’ait besoin d’intervenir. Je pense que cela ouvre une nouvelle voie pour les développeurs.

La plate-forme Android est-elle en mesure d’adresser le marché des entreprises?

RM : Je le pense car Android est en mesure de répondre simplement à leurs besoins en matière de synchronisation des messageries et calendrier [via Gmail, Calendar, ndlr]. Et l’ouverture de la plate-forme, notamment tout le kit de développement et l’émulateur, rend possible le développement d’applications spécifiques selon les activités des entreprises.

Lors de la soirée, le lancement d’un « Applications Store » par SFR a été évoqué. SFR va-t-il chercher à concurrencer l’Android Market?

RM : Nous ne cherchons pas forcément à concurrencer l’Android Market. Avec Application Store, SFR a pour vocation de se positionner comme une boussole pour les utilisateurs. Il pourra prendre plusieurs formes et n’est pas exclusivement dédié à Android. D’ailleurs, la place de marché existe déjà pour les PC et les MID (Mobile Internet Device). La version bêta sera lancée la semaine prochaine avec une ouverture prévue le 23 juin. Je ne peux pas encore vous en dire grand-chose.

Propos recueillis le 13 mai 2009.