Rapport Gallois : mais où est le numérique ?

Rapport Gallois © Benoit Granier - Matignon

Louis Gallois a rendu son rapport hier. Au menu, de multiples propositions, mais également une volonté de ne pas proposer de préconisations sectorielles. Tant pis pour les acteurs du numérique, qui s’attendaient à un message plus direct.

Vers un Small Business Act à la française ?

Autre idée défendue dans la lignée d’une position prise par le Comité Richelieu par exemple : la création de l’équivalent du SBRI britannique (Small Business Research Initiative) ou du SBIR américain (Small Business Innovation and Research) qui orientent une partie de la commande publique vers des innovations ou des prototypes élaborés par des PME.

Avec, en guise de prolongement, un « mécanisme d’orientation de la commande publique vers des innovations et des prototypes élaborés par des PME : objectif de 2 % des achats courants de l’État ».

Les structures d’innovation et de diffusion des technologiques comme les Instituts Carnot, les sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) ou la création des Instituts de Recherche Technologique (IRT) doivent être favorisées. Tout comme « l’industrialisation des projets issus des pôles de compétitivité ».

Le rapport gallois insiste sur cette dimension Small Business Act : financements, soutien à l’innovation et à l’exportation, commande publique… Autant d’éléments susceptibles de permettre à l’État d’impulser « une dynamique de croissance » des entreprises et un « cadre de cohérence ».

La dimension de pilotage et la coordination avec les régions est primordiale : « Nous ne proposons pas de réduire le nombre de pôles de compétitivité, mais d’ajuster leur pilotage à leur dimension : l’État devrait assumer la responsabilité première – en coopération avec les Régions concernées – des pôles mondiaux ; les autres pôles pourraient utilement être pilotés par les régions – en coopération avec l’État. »

La BPI, pilier du financement des PME et ETI

La mise en place de la Banque publique d’investissement (BPI) est perçue comme « un instrument décisif de financement des PME et des ETI [entreprises de taille intermédiaire, NDLR] dans une période de retrait relatif des banques ».

Tout est une question d’optimisation du (co-)financement entre fonds publics et fonds privés. En particulier à travers le véhicule France Investissement destiné à « soutenir les entreprises ayant de forts besoins d’investissement au moment de l’industrialisation de leurs innovations ».

Le rapport Gallois précise : « La BPI devrait plus généralement accepter, elle aussi, des durées de retour sur investissement plus longues. Elle aura à s’engager pour que certains de nos fleurons technologiques ne soient pas rachetés par des entreprises étrangères et devrait pour cela pouvoir détenir des participations majoritaires temporaires lorsque l’intérêt national le justifie. »

Sa place est capitale dans le dispositif. « La BPI, devra s’équiper pour mettre en œuvre soit directement, soit par les fonds qu’elle gère, les priorités de la politique industrielle et technologique, notamment, le financement de grands programmes d’innovation, la structuration des filières et la diffusion des technologies génériques et du numérique dans les entreprises. »

Mais Louis Gallois n’oublie pas pour autant le Commissariat général à l’Investissement, dont le rôle doit être confirmé et probablement renforcé pour prendre en compte la « priorité du redressement compétitif ».

Au-delà de l’action globale en faveur de la recherche et de l’innovation, le CGI pourrait être porteur de trois priorités techniques et industrielles jugées décisives : développement et la diffusion des technologies génériques (numérique et microélectronique, photonique, nanotechnologies, biotechnologies, matériaux, systèmes…), santé et l’économie du vivant, transition énergétique (dont les industries vertes ou green IT).

En guise de conclusion, le rapport Gallois plaide pour « l’innovation et la qualité, l’esprit d’entreprise et la prise du risque ». Mais il appelle aussi à « rompre les barrières et travailler ensemble, mettre en valeur les compétences et (re)donner le goût du progrès technique, ouvrir de nouveaux espaces de dialogue et stimuler l’intelligence collective ».

Il y a du pain sur la planche, mais on l’avait déjà remarqué avec le rapport Attali pour « la libération de la croissance française » commandé par l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy (juin 2007 – janvier 2008) : beaucoup de propositions sont enterrées et on se rend compte que le fait de « rompre les barrières » est une étape compliquée…

Crédit photo : © Benoit Granier  Matignon