RedBus, Interxion… et les autres: les risques du métier ‘datacenter’…

Personne ne souhaite à personne tel ou tel malheur… Lorsque l’on interroge les concurrents du malchanceux Redbus -son data-center est tombé deux fois à un mois d’intervalle-, ils ne s’esclaffent pas. Un incident chaque mois n’est pas exceptionnel. Car le constat est général: la sécurité a un coût, et le 100% sécurisé n’existe pas!

Certains évoquent la théorie des dominos, d’autres parlent de syndromes du dimanche, d’autres encore se retranchent derrière les défaillances de l’alimentation en énergie électrique…

Le fait est que les services hébergés de « datacenter » sont sur la sellette depuis que l’un d’entre eux -Redbus- a connu deux défaillances à quelques semaines d’intervalle. Le dernier incident en date a donné lieu à une communication transparente -force est de le reconnaître. Le d-g fondateur de RedBus s’est déplacé de Londres à Paris pour répondre aux questions de ses clients et de la presse. En attendant un rapport d’EDF -qui n’était pas parvenu semaine dernière- RedBus a su faire son autocritique. Pour résumer, suite à une coupure EDF intempestive (ce n’est pas exceptionnel -malgré la bonne réputation de l’électricien français), l’alimentation électrique du datacenter est bien passée sur batteries puis les générateurs de courant se sont bien mis en route. Lorsque l’énergie EDF a été rétablie, le conjoncteur/disjoncteur ne s’est pas ré-enclenché. Le personnel de maintenance, sur place, n’a pas pu ou n’a pas su déceler la panne -bien cachée, il est vrai (une pièce mécanique à l’intérieur du dit disjoncteur!). Résultat: l’énergie de substitution temporaire (les batteries) s’est épuisée. Car il a fallu l’intervention d’une équipe extérieure, spécialisée en électricité pour finir par détecter la défaillance du conjoncteur/disjoncteur… Ce genre d’incident n’est pas si rare que l’on peut penser. Chez l’un des concurrents, Interxion, on n’en profite pas pour pavaner -du moins pas ostensiblement. Nul ne sait quel incident peut surgir le lendemain dans sa propre maison! Donc, prudence. Il reste la question du coût de la sécurité /sûreté – coût que le client du service « datacenter » (hébergement sécurisé, maintenance 24/24h), est prêt à payer ou non… Ce coût, pour une baie de serveurs, varie de 300 à 600 euros/m2, et jusqu’à 1.000 euros/m2 par mois! Or ce prix dépend directement du niveau de sécurité choisi. Les responsables de ces datacenters considèrent généralement que le coût d’investissement et de maintenance est doublé si l’on veut passer d’un taux de panne de 0,999 à 0,9999… Interxion, par exemple, propose dans ses contrats, les 7 « 9 » (donc taux de fiabilité 99,9999999) mais en assume les conséquences: un prix plus élevé que chez une bonne partie de ses concurrents. Lesquels défendent qu’ils maintiennent des prix « marché ». Le fait est que la compétition existe. Bien qu’il y ait pénurie de sites sur la proche couronne de Paris, certains sites industriels ont pu être construits ou rénovés, sur d’anciennes zones d’activités, comme à Aubervilliers (cas d’Interxion: son troisième site, de 4.000 m2. Investissement de 15 millions d’euros). Or, Paris a la réputation d’une bonne desserte électrique -merci EDF (qui vient d’ailleurs de remporter un marché sur ce créneau, précisément, à… Londres). Mais les prix de l’énergie augmentent et ne vont pas cesser d’augmenter -un secret pour personne. C’est un nouveau facteur critique dans le modèle économique des « datacenters ». L’exiguité des lieux, la banalisation des baies de serveur « lames », très denses en composants -donc, avec un confinement propice à l’élévation de température- contribuent à surpondérer le poste de coût refroidissement, dans un rapport de 1 pour 1 (un kwatt de consommation « informatique » tend à nécessiter, désormais, 1 kwatt en refroidissement… Qui a dit économie durable? ( A suivre )