Renseignements: les 118 en plein doute

Deux tendances, prévisibles, se dessinent: seuls les plus puissants résistent tandis que la demande chute. La faute à Internet

L’eldorado s’est-il transformé en piège ? Quasiment six mois après le lancement des successeurs de l’historique 12, le bilan des nouveaux services de renseignements téléphoniques est très mitigé. Une situation que de nombreux observateurs avaient prévu.

Car il n’y a pas de place pour tout le monde. Seuls ceux qui auront le plus investi en publicité tireront leur épingle du jeu. Déjà, sur les 57 numéros mis en vente, une quinzaine fonctionne encore, souligne Libération.

Trois éditeurs ont particulièrement mis la main au portefeuille. The Number qui exploite le 118 218, Telegate (le 118 000) et France Télécom (118 008) auraient à eux trois dépensé plus de 100 millions d’euros en publicité.

Car il faut marquer les esprits, marteler sans cesse les nouveaux numéros, y associer une image forte.

Résultat, ce sont eux qui contrôlent aujourd’hui le marché. Selon une étude de TNS Sofres, le 118 218 est connu de 52% des personnes interrogées (citation spontanée). Du coup, il se taille une part de marché de 40% à 50%. Ce qui en fait le leader de ce nouveau secteur évalué à 250 voire 300 millions d’euros par an.

Derrière le 118 218, on trouve donc le 118 000 du groupe Telegate (et ses chansons folkloriques…), connu de 25% des sondés, le 118 712 (France Télécom) avec 21% et le 118 008 (PagesJaunes) avec 16%.

Mais ces trois leaders sont confrontés à un marché en chute libre. Ces lancements devaient stimuler la demande: on est loin du compte. Selon Libération, les acteurs observent une baisse de 30 à 40% sur un an des demandes de renseignement. « Décevant », commente Charles Tonlorenzi, président de Telagate. L’essor d’Internet, et des renseignements gratuits, y est sans doute pour quelque chose.

Un bénéfice consommateur contesté

Pour l’association UFC-Que Choisir ?, la disparition du ’12’

« ne sert en aucun cas l’intérêt des consommateurs ». « Avec l’arrivée des 118XYZ et la disparition du 12, l’ARCEP a tout organisé pour jeter les consommateurs dans les filets de 27 sociétés (annuairistes et opérateurs de téléphonie) qui, sous couvert de fournir le service universel de base, sont surtout impatientes de pouvoir les diriger vers des services additionnels lourdement surtaxés « .

Et de poursuivre: « Les consommateurs ne pourront plus obtenir simplement un numéro de téléphone de l’hôpital, d’un collègue de travail ou d’un ami sans devoir faire face aux sollicitations d’un marchand de services en tous genres. Il est donc mensonger de dire que le 118XYZ est l’équivalent du ’12′ ».

Même tonalité de la part de la CLCV: « Les constructions tarifaires sont complexes et l’information sur ces tarifs difficilement accessible. En terme de qualité, des progrès sont également à faire ».

Le régulateur semble au contraire satisfait des premiers pas des 118. Dans une étude, l’Arcep se couvre déjà en indiquant que « la qualité globale des numéros 118 est équivalente à la qualité des anciens numéros ».

L’Autorité protège ses arrières et s’empresse de préciser:

« Cette bonne performance globale devra être confirmée après la fermeture des anciens numéros. Les 118 vont traiter l’intégralité des appels vers les services de renseignements et certains d’entre eux seront donc davantage sollicités ».