Restructuration du CNRS, enfin…

Initié par son défunt président et porté par son directeur général, il aura fallu un an pour que le dinosaure accouche de sa réforme, qui pourtant n’a rien de révolutionnaire !

Soumis au clientélisme et au mandarinat, adepte du corporatisme, le CNRS s’est engagé du bout du pied dans la réforme de son fonctionnement. Le projet de réforme a été adopté par son conseil d’administration.

Mais qu’il est difficile de faire bouger ce monstre d’immobilisme, victime d’embonpoint (c’est le plus gros organisme de recherche en Europe), qui réunit pas moins de 12.000 chercheurs et 15.000 ingénieurs, techniciens et personnels administratifs ! La réforme soumise au conseil d’administration et aux directions régionales n’a pourtant rien de révolutionnaire. Elle vise à réduire le nombre de départements, à créer cinq grands pôles régionaux et une direction stratégique nationale. « Il s’agit d’abord que le CNRS ait une vision plus claire de ses missions« , a indiqué Bernard Larrouturou, le directeur général du CNRS, qui aura consacré une partie de la dernière année à présenter le projet. Il serait temps en effet de faire bouger le dinosaure, qui à l’inverse de ses homologues européens, cumule à la fois les rôles d’agence de moyen et d’agence d’évaluation, ce qui limite considérablement son efficacité. L’objectif de Bernard Larrouturou est des plus pragmatiques : faire du CNRS « d’abord et avant tout un ‘vrai établissement’, réalisateur de recherches (?) et de se recentrer sur ses missions« . Une partie des prérogatives du CNRS seront donc abandonnées. Elles seront reportées sur l’ANR (Agence nationale de la recherche, créée en février dernier) et les Universités. Pour les opposants au projet, dont certains syndicats, cette restructuration se traduit par « une vision de l’entreprise privée (?) l’abandon de l’animation scientifique au profit du management« . Mais la majorité des observateurs s’entendent à reconnaître que le CNRS a besoin d’être réformé, tout comme la politique de recherche en France, et qu’il y va de sa survie et de la capacité de la recherche française à innover.