Résultats : SFR toujours dans le rouge pour cause de refinancement

SFR affiche un chiffre d’affaires en recul et une perte de 43 millions d’euros sur le deuxième trimestre. Et peine toujours à colmater la fuite de ses abonnés.

SFR vient de communiquer ses résultats du deuxième trimestre. A l’instar des trois premiers mois de 2016, ils s’affichent en retrait d’un an sur l’autre. Pour ce second trimestre, le recul atteint 4,3%, avec un chiffre d’affaires de 2,78 milliards d’euros contre 2,9 milliards fin juin 2015. Tous les secteurs sont touchés par le recul de l’activité : -5,2% pour le grand public (pour 1,8 milliard de chiffre d’affaires), -4,5% sur l’activité Entreprise (509 millions) et -1,2% sur les services opérateurs (333 millions).

Cette décroissance engendre une perte de 43 millions d’euros (qui s’élève encore par rapport aux 41 millions du 1er trimestre), contre un bénéfice de 85 millions en 2015. Un résultat qui « reflète une augmentation de 258 millions d’euros des charges financières nettes par rapport au T2 2015, principalement dû à des coûts exceptionnels liés au refinancement majeur en avril 2016 (221 millions d’euros) », indique le groupe. Sans ces coûts de refinancement, le résultat serait positif de 178 millions d’euros.

Sur le premier semestre, la perte de l’opérateur atteint 84 millions, contre 828 millions de bénéfices un an plus tôt. Surtout, la dette repasse au-dessus du seuil de 4 fois l’excédent d’exploitationt (Ebitda) contre 3 fois un an plus tôt. Elle s’élève aujourd’hui à 15,12 milliards d’euros. Soit une augmentation de 673 millions d’euros qui « reflète l’acquisition de la participation dans NextRadioTV et Altice Media Group France, ainsi que les coûts exceptionnels de l’opération de refinancement du mois d’avril », justifie SFR.

Fuite d’abonnés toujours pas colmatée

A ces résultats en recul, vient s’ajouter une fuite des clients qui se poursuit malgré la stratégie de reconquête initiée en novembre 2015. Au 30 juin, SFR comptait 16,64 millions de comptes mobiles dont près de 14,6 millions d’utilisateurs grand public et plus de 2 millions en entreprises. Un net recul de plus de 800 000 lignes mobiles par rapport aux 17,5 millions de clients revendiqués un an plus tôt, période pourtant déjà marquée par un désengagement massif des abonnés.

En la matière, le second trimestre 2016 a été à peine meilleur que le premier, la filiale d’Altice perdant encore plus de 300 000 clients depuis le 31 mars 2016. Des fuites qui se traduisent autant du côté du grand public (- 664 000 lignes en un an) qu’en entreprises (- 197 000). Néanmoins, la progression de l’Arpu (revenu mensuel moyen par abonné), qui passe de 21,8 euros au 1er trimestre à 22,3 aujourd’hui (mais 22,7 euros fin juillet 2015), permet à SFR de limiter les dégâts financiers.

Sur l’activité fixe, la tendance n’est guère meilleure. Le groupe SFR a perdu 167 000 clients en un an, et 58 000 en un trimestre. L’opérateur déclare aujourd’hui 6,23 millions de foyers connectés à ses offres DSL, fibre et hybride (câble + fibre). Visiblement, la progression des abonnés très haut débit (THD), en hausse de 260 000 sur l’année (et 44 000 sur le trimestre) à 1,9 million de comptes, ne parvient pas à compenser les désabonnements des offres DSL. Ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle financièrement parlant. En concentrant un nombre toujours plus grand d’utilisateurs sur son propre réseau, l’opérateur s’affranchit toujours plus des frais de la boucle locale cuivre facturés par Orange, et améliore ses résultats financiers en conséquence. D’autant que, là aussi, l’Arpu s’affiche en progression à 35,6 euros contre 35,3 en 2015 (et 33,9 en mars 2016). Sur les seuls clients THD, il s’élève à 40,8 euros, en amélioration par rapport au 40,3 euros de 2015. Signe de succès de la stratégie de convergence télécoms-contenus initiée en avril dernier avec le rachat de Altice Media (actionnaire de NextRadio TV, aujourd’hui rebaptisé SFR RadioTV) ?

Hausse des investissements

Pour séduire à nouveau les clients, SFR entend accélérer les migrations du DSL vers la fibre et lancera de nouvelles offres à la rentrée. Le groupe poursuit par ailleurs ses investissements dans la rénovation et la construction de ses réseaux fixes et mobiles. Le réseau THD fixe compte aujourd’hui plus de 8,5 millions de prises éligibles (1,5 million ouvertes depuis 1 an et 419 000 au cours du deuxième trimestre).

Côté mobile, SFR a relancé les déploiements de sites 4G depuis fin 2015. Ce qui se traduit par 1 256 nouveaux sites ouverts sur le trimestre. L’opérateur revendique aujourd’hui la couverture de plus de 70% de la population en 4G. Une hausse de 12 points en un an qui le rapproche de la concurrence. Au 2e trimestre 2016, les dépenses d’investissements (Capex) se sont élevées à 572 millions d’euros. En hausse de 155 millions par rapport à la même période en 2015.

Le groupe SFR compte également sur les économies qu’il dégagera pour améliorer ses futurs résultats. La filiale d’Altice a signé la semaine dernière un accord de restructuration pour réduire la masse salariale de 4 000 personnes au sein du pôle télécoms de l’entreprise à partir du 1er juillet 2017. Un millier de salariés de la branche distribution devraient, de leur côté, avoir quitté le groupe d’ici la fin de l’année. Ces accords, signés avec les syndicats majoritaires Unsa et CFDT (mais pas la CFTC, la CGT et la CFE-CGC), pourraient aboutir à 400 millions d’euros de baisse des coûts de fonctionnement par an dès l’année prochaine.


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