RFID : à la recherche du premier client

Quelque chose ne va pas au royaume du RFID ! Les produits sont là, les expérimentations ont démontré la pertinence de la technologie? Mais où sont les clients ?

Le salon RFID a rencontré un succès certain, montrant l’intérêt de l’industrie pour cette technologie qui s’affirme mature. Cette vitrine des acteurs du RFID aurait achevé de convaincre s’il y avait eu quelques vrais clients déjà utilisateurs et témoins…

Au début de ce siècle, le RFID faisait figure de ‘terre promise’ de la chaîne logistique. Il allait révolutionner nos modes de consommations en permettant aux industriels de tout tracer ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Si l’on interroge les clients potentiels du marché, le prix reste l’élément essentiel qui domine le marché : trop cher ! Pour les PME en particulier, la problématique est simple : courber le dos et se faire oublier en souhaitant que la vague arrive le plus tard possible ! Du côté des produits de grande distribution, le discours est plus nuancé : avant de se précipiter, testons, et posons nous la question, que faire avec le RFID ? Il s’agit, par cette approche interrogative, d’exprimer les besoins par processus, et de qualifier la puce qui rendra le plus grand service. Dans ces conditions, les démonstrations font rêver ? le visiteur suivi et repéré à tout moment sur son parcours lors de l’exposition (le badge d’entrée dispose d’un tag), le contenu de la palette ou du caddy intégralement lu et dans l’instant de son passage sous le portique – mais restent au stade de l’expérimentation et de la vitrine technologique. Retour sur la grande distribution, qui devrait être le secteur le plus avancé avec un leader technologique qui impose sa loi, le géant Wall Mart. Pourtant le discours continue de jouer les demi-teintes : « nous devons associer l’info au produit, et non plus au système qui permet de lire l’info« . Quelle différence dans le discours avec les acteurs du RFID. Pour eux, les technologies sont là, les produits sont prêts. Mais tout cela ne dépasse pas encore le stade de l’expérimentation. Et lorsque l’on pointe du doigt les exemples de clients exposés devant nous, dans un soupir on nous rappelle qu’il ne s’agit que de démonstrateurs ! Peut-on dans ces condition fixer des délais ? La vision des grands distributeurs est à 3 à 5 ans ! Certes, le prix, jugé encore trop élevé, milite pour une attente technologique qui prime les futures innovations, comme les polymères conducteurs qui remplaceront le silicium. Mais à y regarder de plus près, le marché souffre d’un malaise qui va bien au delà des technologie, qui sont bien présentes et prêtes. Car il est un sujet qu’il faut éviter d’évoquer, c’est celui des standards? Quelles informations placer sur la puce, comment les codifier, quelles longueurs d’ondes pour les lecteurs. Bien sûr un standard émerge, l’EPC promu par GS1, les tenants du Gencod, le code à barres. Mais cette norme n’est fixée que sur la codification de base, en 96 bits. Lorsqu’un professionnel de la distribution évoque le contenu du tag, il évoque quant à lui la nécessité de placer 322 bits de données. C’est le serpent sui se mord la queue : plus de données nécessite plus de capacité, augmente le volume de la puce du tag, donc son coût, et repose la question stratégique de la codification des données. Y aurait-il, dans ces conditions, un espoir d’assister à l’émergence de solutions enfin active sur le terrain. Oui ! D’abord un domaine semble très avancé, celui de la palette. Il ne s’agit plus ici de codifier un produit dans un carton ou un rayon dans un linéaire, mais de tracer le cheminement d’une palette dans son parcours de transport. Un autre domaine où le RFID pourrait s’imposer rapidement, la pharmacie, où la traçabilité s’impose, et où les contraintes légales se font de plus en plus pressantes. Alors ? Et bien, passé l’effet du pétard mouillé qui s’impose à la vision du marché, ses acteurs semblent profiter du répit qui leur a est imposé pour accumuler la poudre et attendre que quelqu’un daigne enfin allumer la mèche pour faire tout exploser. Parce que, quoi il arrive, tout le monde y passera, au RFID. Ce n’est qu’une question de temps !