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RGI : OpenXML revient dans la course, mais ODF reste privilégié

Publiée dans l’après-midi par l’April sur son site Internet, une nouvelle version de travail du Référentiel Général d’Interopérabilité, étiquetée 1.9.9 et qualifiée de « Projet pour validation finale », signe le retour d’OpenXML parmi les formats bureautiques qui seront acceptés par l’administration. Rappelons que le RGI, un document sur lequel travaille la DSI de l’Etat (la Disic) depuis quelques mois et qui répertorie les formats informatiques que l’administration doit privilégier pour des questions d’interopérabilité, faisait jusqu’alors l’impasse sur le format de Microsoft. Pour privilégier ODF (Open Document Format), issu de la suite bureautique libre OpenOffice, aux côtés des formats TXT et PDF.

Attendu dans sa version 2 définitive à la rentrée, le RGI remet donc OpenXML (ou OOXML) dans la course. Mais avec le maximum de réserves. Le format est en effet classé « en observation » par la Disic, « de par sa complexité, son manque d’ouverture (notamment dans la gouvernance de la norme) et le strict respect de la norme par Microsoft même ». En filigrane, on retrouve là des critiques récurrentes visant ce format : ses détracteurs pointent des évolutions qui restent contrôlées par Microsoft et, paradoxalement, le fait que le premier éditeur mondial n’implémente pas correctement la norme dans sa propre suite bureautique, Office. Conclusion de la Disic, dans cette version 1.9.9 du RGI : « pour des besoins d’échanges d’informations sous forme de tableaux, l’utilisation d’OOXML est tolérée ». Bref, la porte n’est qu’entrouverte pour Microsoft et ODF reste le format bureautique « recommandé ». « Il est savoureux de constater que le résultat du lobbying de Microsoft n’est sans doute pas celui escompté par l’éditeur et qu’il conduit à l’invalidation d’OOXML au sein de l’administration », écrit l’April, une association de promotion du libre.

RGI v1 et v2 : l’histoire balbutie

Rappelons que OpenXML a précisément été créé par le premier éditeur mondial pour répondre aux attentes d’interopérabilité, qui se faisaient jour dans divers pays au début des années 2000. Ce format est une norme ISO depuis mars 2008, même si les conditions de cette normalisation ont soulevé à l’époque de vives polémiques. Notamment en France. Déjà à l’époque, le RGI version 1, porté par la DGME (la Direction générale de la modernisation de l’Etat aujourd’hui disparue), avait fait dans un premier temps l’impasse sur OpenXML. Avant que sa normalisation par l’ISO ne lui permette d’intégrer le RGI sur un pied d’égalité avec ODF.

En toute logique, l’absence d’OpenXML dans les premières versions du futur RGI v2 a fait réagir Microsoft. Dans un long commentaire transmis à la Disic, le premier éditeur mondial expliquait notamment que « Office Open XML est largement plus répandu qu’ODF, dans des proportions comprises entre 2 fois et 10 fois, dans les domaines en ‘.fr’ et en ‘.com’, c’est-à-dire au sein des entreprises et des environnements des citoyens ». Le syndicat patronal des SSII et éditeurs de logiciels, le Syntec Numérique, s’est rapidement prononcé lui aussi pour une « neutralité stricte », Guy Mamou Mani, son président, regrettant par ailleurs la réouverture d’un débat qu’il estime tranché depuis la fin des années 2000. De son côté, l’Afdel, l’association des éditeurs français de logiciels (dont Microsoft est un des membres fondateurs), a mobilisé les pouvoirs publics sur le sujet. Comme nous le révélions en fin de semaine dernière, cette agitation autour du RGI v2 a poussé l’Elysée à s’intéresser au dossier et à demander des explications à la Disic.

Mise à jour le 8 juillet 2015, à 13h55
Sollicité par la rédaction, l’Afdel a réagi ce matin, via un mail envoyé à la rédaction par son délégué général, Loïc Rivière. Voici ses commentaires :

« Si cette version est confirmée, on peut se réjouir que le bon sens l’ait emporté sur le dogmatisme, qui aurait autrement crée un préjudice aux usagers comme aux fournisseurs de l’administration.
On peut s’inquiéter rétrospectivement de voir que la stratégie de l’Etat en matière de systèmes d’information puisse être ainsi accaparée. Il y a un vrai sujet de gouvernance qui se pose. »

A lire aussi :

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