RIM face à la tourmente des BlackBerry

Reseach In Motion est confronté à la baisse de ses parts de marché et la difficulté de renouveler son offre propriétaire.

Demain, mardi 3 mai, et pour trois jours, s’ouvre le BlackBerry World Conference à Orlando en Floride. Research In Motion (RIM) y accueillera ses partenaires distributeurs, intégrateurs et développeurs pour leur présenter de nouveaux produits (on parle notamment d’une nouvelle version de BlackBerry OS) et la stratégie à venir. Mais la conférence s’ouvrira sous un ciel couvert.

En fin de semaine dernière, le constructeur a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour le deuxième trimestre. Il espère vendre 13,5 millions de terminaux. Un chiffre en hausse de 20 % qui profite à l’explosion du marché des smartphones mais dont le prix moyen sera, concurrence oblige, revu à la baisse. Du coup, les marges en seront affectées. De plus, l’estimation initiale tablait sur un volume pouvant aller jusqu’à 14,5 millions d’unités. Le constructeur joue finalement la carte de la fourchette basse.

Conséquence, les investisseurs peinent à suivre. Le titre a chuté en fin de semaine dernière de 14 % au Nasdaq. « Nous avons trop longtemps entendu le fait que RIM avait en développement des produits magnifiques. Mais visiblement, les consommateurs n’y croient pas. Nous avions parié que RIM était capable de répondre à une demande de « smartphones » qui explose et d’augmenter ses profits. En fait, le groupe ne semble pas pouvoir relever ce défi », déclare Kris Thompson, de la National Bank Financial, cité par Les Echos (02/05).

La faute à l’iPhone mais aussi Android, le système de Google adopté par nombre de constructeurs dont Samsung, LG, HTC. Les analystes estiment ainsi que la part des BlackBerry est tombée à 14 % au premier trimestre 2011 contre près de 20 % un an auparavant. Et selon les dernières estimations de Nielsen, qui appuie ses analyses sur le nombre moyens d’applications téléchargées par smartphone sur le marché des Etats-Unis au cours des 30 derniers jours, BlackBerry se classe bon dernier, y compris derrière Microsoft Windows Mobile/Phone pourtant très en retrait sur le marché depuis plusieurs mois.

Bref, la magie BlackBerry n’opère plus comme avant l’arrivée de l’iPhone. Et l’avenir ne donne pas de signes d’éclaircie. Lancée il y a deux semaines, la tablette PlayBook du constructeur canadien a reçu un accueil des plus mitigé de la part de la presse et blogueurs outre Atlantique. Il faut dire que, malgré la possibilité de pouvoir accueillir des applications Android, l’ardoise BlackBerry exploite un système propriétaire (QNX), ne dispose pas de connectivité 3G (sauf à utiliser un terminal BlackBerry comme modem). Conséquence, Orange a décidé de faire l’impasse sur la Playbook. Un concurrent de moins pour l’iPad d’Apple et la Galaxy Tab de Samsung présents dans les rayons de l’opérateur. De plus, un autre acteur, de poids, tente également de s’incruster sur ce marché : HP avec sa TouchPad et WebOS (sans parler des similitudes entre les deux offres).

Il semble donc que RIM subisse le syndrome Nokia qui n’a pas réussi à proposer une plate-forme logicielle (OS et applications) propriétaire pertinente à ses téléphones face à l’offre iPhone/iOS. Une voie dans laquelle ne s’est d’ailleurs pas engouffré Google au delà de ses offres vitrine Nexus (renouvelée avec le Nexus S). Le constructeur finlandais a d’ailleurs adapté sa stratégie en conséquence en signant un accord avec Microsoft pour adopter Windows Phone sur ses terminaux. N’est pas Apple qui veut.