Russie : un journaliste du web risque douze mois de prison

La Chine fait souvent la Une, en matière de non-respect de la liberté de la presse et pourtant la Russie n’est pas en reste

Dans un article publié sur le site de l’association

« Reporters Sans Frontières » l’on apprend que le rédacteur en chef d’un journal en ligne, Vladimir Rakhmankov, est menacé d’une lourde peine de douze mois de travaux forcés pour outrage envers le président Vladimir Poutine. Le Kremlin n’aime décidément la satyre et l’humour. Le journal en question www.cursiv.ru a été fermé le 22 mai 2006, par son FAI. Le journaliste est inculpé d’« outrage à un représentant de l’Etat », d’après l’article 319 du code pénal russe, pour avoir publié, le 18 mai, un texte intitulé « Poutine, symbole phallique de la Russie. » Le procureur général d’Ivanovo, Vladimir Galtchenko, a estimé que l’article contenait « des phrases d’un caractère offensant pour le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine ». Il a procédé à la perquisition du domicile de Vladimir Rakhmankov et des bureaux de la rédaction. L’ordinateur du rédacteur en chef a été confisqué et celui-ci a été assigné à résidence pendant les deux mois de l’enquête. « Cette affaire est d’une incohérence et d’une opacité inquiétantes. Nous ne savons pas de qui proviennent ces accusations. Le site de Cursiv a été fermé par son fournisseur d’accès sans attendre une décision judiciaire, sous prétexte de factures impayées, alors qu’il est hébergé gratuitement. A moins de pressions émanant des autorités locales, il n’y a aucune raison de procéder à la fermeture de ce site. Cet acte en dit long sur le climat de peur dans lequel les entreprises du secteur d’Internet exercent leur activité », indique Reporters sans frontières. L’article qui présente le rôle de Poutine de façon sarcastique, notamment en ce qui concerne la politique des naissances du président, n’est pas du goût du parti. Vladimir Rakhmankov y commente en particulier, les propos du Président qui appelle le peuple russe à se reproduire pour défendre les frontières du pays. Le texte met en parallèle l’initiative du chef de l’Etat avec un récent rapport de l’administration d’Ivanovo qui indique que la population du zoo de la ville a augmenté. Vladimir Rakhmankov assure que son site dérangeait les autorités locales, parce qu’il dénonçait leurs abus de pouvoir, et que c’est pour cette raison qu’il a été fermé. La date du procès n’est pas encore connue. Le journaliste risque une forte amende ou une condamnation de six à douze mois de travaux forcés. L’article devrait être soumis à une « expertise linguistique » permettant de définir la gravité de l’outrage. On croit rêver?