Saga IT : comment IBM a traversé un siècle de technologies

Au début étaient des machines à statistiques, des pointeuses et des balances électroniques, pour quelques millions de dollars de chiffre d’affaires. Un siècle et quelques années plus tard, IBM est devenu une société de conseil et de services dont les revenus annuels avoisinent 70 milliards de dollars. Silicon revient sur l’histoire et la métamorphose du premier géant de l’IT.

Le paradigme System/360

Le temps fort des années 60 intervient le 7 avril 1964. Après deux ans de travaux à 5 milliards de dollars (l’équivalent de 30 milliards de 2019), IBM annonce la famille de mainframes System/360.

Elle comprend à l’origine six modèles déclinés en des configurations qui proposent un rapport de performances de 1 à 25 (33 000 à 750 000 additions par seconde).

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Le mot d’ordre, interopérabilité, se traduit par une architecture, un système d’exploitation, des logiciels et des périphériques communs.

System/360 associe des fonctionnalités propres aux séries 7000 et 1400, aussi bien dans le domaine du calcul scientifique (virgule flottante par exemple) que des applications commerciales (nombres décimaux, adressage à l’octet…).

Jusqu’à 248 terminaux peuvent être connectés en simultané.
Parmi ces terminaux figurent… des machines à écrire. Notamment une version modifiée de la Selectric. Lancée en 1961, elle n’emploie pas de tiges, mais une boule. Ce qui permet de changer de police d’écriture et de se dispenser du chariot.

Avec les System/360, IBM considère avoir inversé un paradigme : c’est désormais réellement la machine qui s’adapte au problème à résoudre… et non le contraire.

La philosophie d’interopérabilité s’illustre aussi dans les périphériques de stockage avec le 1311, première unité IBM à disques interchangeables.

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une configuration à deux disques IBM 1311 (© IBM)

En 1964, la Selectric évolue avec une version capable d’enregistrer les données sur bande magnétique.

Un cap R&D est atteint en 1966. Robert Dennard, chercheur chez IBM, invente la mémoire vive dynamique (DRAM). Alliant pico-condensateurs et transistors, cette mémoire volatile sera brevetée en 1968, les premières puces arrivant sur le marché en 1970. Les années 90 verront l’arrivée de l’EDO (Extended Data Out), offrant la possibilité de lire des données en RAM tout en accédant à des données sur un disque. Suivra la SDRAM, synchronisée à l’horloge du processeur.

dennard-dramEn 1968, un autre type de mémoire est introduit dans la gamme System/360 : le cache.
IBM expérimente un système de stockage d’information par faisceaux laser et lance son premier système de gestion de bases de données.

La stratégie commerciale évolue à la fin de la décennie. IBM s’oriente vers une vente séparée de ses ordinateurs, ses programmes et ses services.

En filigrane, un conflit s’ouvre avec le département américain de la Justice, qui engage des poursuites en conséquence d’une enquête lancée deux ans plus tôt. L’affaire sera soldée en 1982.