Peut-on encore sauver LFoundry à Rousset ? Salariés et collectivités se mobilisent

Entreprise de semi-conducteurs, LFoundry Rousset a été placée en liquidation judiciaire fin décembre. Afin de financer l’outil de production et trouver un repreneur solide, d’anciens salariés alertent l’État français par le biais d’une pétition en ligne. De son côté, la communauté d’agglomération du Pays d’Aix a convié les collectivités à un tour de table financier.

Les ex-salariés de LFoundry à Rousset (Bouches-du-Rhône) et la communauté d’agglomération du Pays d’Aix se mobilisent pour permettre de sécuriser le site aixois du fabricant de semi-conducteurs et trouver un repreneur crédible dans les délais impartis.

L’entreprise qui employait au moins 613 collaborateurs près d’Aix-en-Provence a été placée en liquidation judiciaire le 26 décembre dernier par le tribunal de commerce de Paris avec cessation immédiate d’activité, mais le gouvernement, par le biais des services du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, a obtenu in extremis un sursis de trois mois. Il s’agit à la fois de maintenir « l’outil productif dans son état actuel pendant un temps limité », et d’évaluer la crédibilité d’offres de reprise potentielles, d’après Bercy.

Une pétition d’anciens salariés pour l’emploi

Le ministre « a fait un bel effet d’annonce, mais il nous faut un million d’euros. Va-t-il donner l’argent maintenant ? », a déclaré Patrick Chini, secrétaire CFDT du comité d’entreprise, lors d’une manifestation à proximité du consulat d’Allemagne de Marseille le 30 décembre (LFoundry est une société allemande). Trois jours auparavant, Jean-Yves Guerrini, délégué CFDT, indiquait lors d’une assemblée générale qu’une partie des ex-salariés de LFoundry concernée par le plan de sauvegarde de l’emploi, était « prête à investir une part de ses indemnités de licenciement pour participer à une reprise du site ».

Depuis, une pétition a été mise en ligne par d’anciens salariés de LFoundry Rousset afin d’obtenir de l’État français un soutien financier jugé nécessaire à la viabilité du site. Cette initiative, qui a déjà recueilli plus de 6 000 signatures, est adressée au chef de l’État François Hollande et au ministre Arnaud Montebourg. Ce soutien permettrait, selon les salariés, de sauver une entreprise active dans un secteur de pointe, mais pénalisée par un problème ponctuel de trésorerie du fait des « détournements » pratiqués par la maison mère allemande.

« Notre site a besoin de 35 millions d’euros pour tenir jusqu’à l’industrialisation de nos nouveaux produits pour lequel nous avons déjà les clients », soulignent les ex-LFoundry. Avant d’alerter : « notre gouvernement a choisi de dépenser 80 millions d’euros pour fermer le site, cela démontre une réelle méconnaissance de ce dossier. 650 familles vont se retrouver avec au moins un de leur membre sans emploi, le double avec les fournisseurs et sous traitants ».

Une table ronde pour sauver l’outil industriel

Les anciens collaborateurs de LFoundry Rousset ne sont pas les seuls à se mobiliser. La communauté d’agglomération du Pays d’Aix (CPA) a annoncé la semaine dernière la convocation d’une table ronde avec d’autres collectivités pour réunir les financements nécessaires à la sécurisation de l’outil de production et à la recherche d’un repreneur.

D’après Maryse Joissains-Masini présidente de la CPA et maire UMP d’Aix-en-Provence, le propriétaire de l’entreprise, le groupe allemand LFoundry qui a racheté les parts de l’ancien propriétaire américain Atmel en 2010, « a démembré financièrement la société pour rapatrier les fonds en Allemagne et en Italie ». Amtel, de son côté, aurait « bénéficié de millions d’euros d’aide de la CPA en remise de taxe professionnelle », sans respecter « ses engagements de commandes ».

Souhaitant une « action diplomatique de l’État » vers l’Allemagne et les États-Unis, l’élue préconise une large mobilisation pour « tenir environ 4 mois. » La réunion de la CPA, à laquelle sa présidente veut convier les présidents du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle, et du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, pourrait se tenir samedi 11 janvier, selon l’AFP.

Le groupe allemand LFoundry, qui est accusé par les employés d’avoir fait disparaître 20 millions d’euros des comptes de l’entreprise aixoise, fait l’objet d’une information judiciaire du parquet de Paris pour abus de biens sociaux.


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