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SAP S/4 Hana : réellement simple ?

Promis, tout allait désormais être simple. Dans les faits, les annonces de SAP autour de S/4 Hana (S pour Simple, rappelons-le) nécessitent toujours un sérieux décryptage. Lors de Sapphire, la grand-messe annuelle de l’éditeur à Orlando (Floride), qui se tenait du 5 au 7 mai, Bernd Leukert, le responsable des produits et de l’innovation du premier éditeur européen, a détaillé les avancées des équipes de R&D maison depuis l’annonce de S/4 Hana, en février dernier. Pour rappel, S/4 Hana est l’aboutissement de la stratégie de SAP autour de sa base de données In-Memory, avec la réécriture en cours de l’ERP pour tirer parti nativement d’une architecture permettant de faire fonctionner en parallèle des tâches transactionnelles et des tâches analytiques. « L’objectif est de transformer l’ERP, de passer d’un système d’enregistrement de tout ce qui se passe au sein de votre entreprise, à un système de support aux décisions business », a résumé Bernd Leukert sur scène.

Franck Niemann

Autre inflexion : cette suite applicative, qui fonctionne sur Hana et sur aucune autre base de données, n’est plus seulement disponible sur site, mais également dans le Cloud. La disponibilité de ces applicatifs de nouvelle génération sur le Cloud SAP apparaît d’ailleurs comme la principale nouveauté de ce cru 2015 de Sapphire. Basée – il va sans dire – sur Hana et mis en musique avec la nouvelle génération d’interfaces (Fiori), cet ERP dans le Cloud est pour l’heure disponible en trois éditions : marketing edition (dédié aux départements marketing), project services edition (pour les entreprises de services) et enterprise edition. L’offre, facturée sur abonnement, comprend « les scénarios principaux pour faire fonctionner une entreprise dans le Cloud », assure SAP. Soit la finance, la comptabilité, le contrôle de gestion, les approvisionnements, les ventes, la gestion de production, la maintenance, la gestion de projet et celle du cycle de vie des produits. « La version Cloud est principalement optimisée pour les modules cœur, résume Franck Niemann, le vice-président des marchés logiciel et Saas de Pierre Audoin Consultants (PAC). Concernant les solutions dédiées aux industries, le travail de simplification est en cours ».

RH : SuccessFactors prend le pouvoir

Bref, un périmètre plus étendu que S/4 Hana version traditionnelle, qui, pour l’heure, se limite aux processus financiers (Simple Finance). Le module logistique n’étant attendu que plus tard dans le courant de l’année. A ce paysage un peu morcelé, s’ajoute l’intégration des solutions Cloud métiers, issues majoritairement des multiples rachats de l’éditeur. Ainsi, la version Cloud est déjà nativement intégrée à SuccessFactors Employee Central (RH), à Ariba (gestion des fournisseurs), à Hybris (marketing et commerce), à Field Glass (gestion des employés temporaires) et à Jam (réseau social). Si Concur (l’offre de gestion de notes de frais rachetée récemment par l’Allemand) ne figure pas au programme, elle devrait bientôt bénéficier d’une intégration poussée avec la gamme S/4.

Notons au passage que SAP profite du changement de génération applicative pour clarifier ses choix : ainsi SuccessFactors devient l’unique solution RH maison, contrairement à aujourd’hui où la solution Cloud cohabite avec un module sur site bâti sur une autre technologie. « Une approche similaire est prévue dans le CRM. Hybris et SAP Cloud for Customer formeront la future offre CRM de l’éditeur au sein de S/4 Hana », reprend Franck Niemann.

Si l’objectif est bien de proposer aux entreprises le maximum de scénarios de déploiement (tout Cloud, un déploiement des fonctions cœur sur site complété en Saas…), le rythme des mises à jour (trimestrielles dans le Cloud, annuelles pour la version du site) appelle forcément à des décalages de calendrier entre les deux lignes de produit. Un décalage qui crée un peu de confusion, même si l’éditeur avait d’emblée précisé que le Cloud aurait la primeur des lancements. La complexité du paysage est renforcée par le lancement prochain d’une version dite Cloud managé (autrement dit une version infogérée, non multitenant, de S/4). Cette dernière devrait offrir le périmètre fonctionnel de l’édition Cloud multitenant.

Migration en trois étapes

Bernd Leukert

Cette multitude de choix est censée faciliter les migrations de la base installée vers la nouvelle génération d’applications. Un facteur décisif pour SAP qui, ces dernières années, peine à entraîner ses utilisateurs vers ses derniers développements technologiques. A l’instar de nombreux autres éditeurs sur le marché il est vrai. En la matière, Bernd Leukert a réitéré les promesses de l’éditeur : la migration se fera sans rupture, « en conservant la structure des documents, mais en éliminant les redondances de la Business Suite (l’actuelle génération d’ERP, NDLR) et en amenant des fonctions avancées inconnues jusqu’alors – par exemple la planification de matières premières en temps réel – dans une interface entièrement repensée et plus collaborative ». Et le dirigeant d’assurer que chaque entreprise pourra maîtriser son rythme de migration : « Nous avons décidé de décomposer la suite tout en conservant une structure de processus intégrés », assure Leukert.

Pour ce dernier, la migration doit se dérouler en trois étapes majeures. D’abord, évidemment, la transition vers la base de données Hana (pour ce faire, un ERP ECC 6 en version Enhancement Pack 7 est nécessaire), SAP ayant décidé de priver de vivres ses partenaires dans les bases de données (Oracle, IBM et Microsoft) en imposant Hana comme socle unique de la génération S/4. « Même votre code spécifique va continuer à fonctionner », garantit Bernd Leukert au sujet de cette première étape. Ensuite, SAP propose aux entreprises d’effectuer une migration à leur rythme vers S/4. « Ma seule demande est que vous profitiez de ce projet pour éliminer le code spécifique et les personnalisations qui peuvent être remplacés », lance Leukert. Une façon d’appeler la base installée à revenir sur un socle plus unifié, qui facilitera les futures évolutions. C’est lors de cette seconde étape que le volume de données serait drastiquement réduit, du fait de la suppression des agrégats. Lors de son intervention au cours de Sapphire, Bernd Leukert a cité l’exemple d’un client qui a vu sa base de données passer ainsi de 54 To à moins de 5. Enfin, dernière étape, l’entreprise n’aurait plus qu’à choisir son option de déploiement (tout Cloud, on-premise, hybride). Le premier éditeur européen explique avoir défini trois grands scénarios de migration, supportés par des outils et des pré-configurations proposés dans le cadre des offres Rapid Deployment Solutions.

Modules Business Suite + processus S/4

« Technologiquement, la migration est faisable. Le challenge se situe au niveau des processus, résume Franck Niemann. Un utilisateur doit décider s’il veut migrer un système existant vers S/4 Hana ou s’il va plutôt construire un nouveau système. » La première approche suppose de faire cohabiter des processus de la génération S avec des modules issus de la Business Suite. « Central Finance est une de ces approches où une grande entreprise peut conserver ses instances ERP pour gérer sa production par exemple tout en employant le nouveau système pour l’ensemble des finances de l’entreprise », illustre le dirigeant de PAC. Qui précise toutefois que la facilité de mise en œuvre de tels scénarios dépend de la situation individuelle de chaque entreprise. Plus globalement, Franck Niemann note que l’effort qui devra être consenti par la base installée pour migrer reste pour l’heure difficile à évaluer tant pour les clients de l’éditeur que pour ses partenaires intégrateurs. Une réserve qui était déjà apparue lors de l’annonce de S/4 Hana, en janvier dernier.

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