Rebâtir la maison sur de nouvelles fondations. Plus précisément sur Hana et seulement Hana (en tout cas pour l’instant). Lors de la seconde journée de Sapphire, la grand messe annuelle de SAP qui réunit cette année quelque 25 000 personnes à Orlando (Floride), SAP touche enfin du doigt la concrétisation de sa stratégie démarrée en 2010 autour du In-Memory. Une stratégie d’abord tournée vers l’accélération des applications analytiques, puis vers celle du transactionnel (avec le portage de l’ERP voici un peu plus d’un an) qui débouche aujourd’hui sur le grand dessein de Hasso Plattner, le co-fondateur de SAP : une refonte des applications d’entreprise sur un nouveau design qu’il qualifie de radical. Un design qui supprime le recours aux agrégats, écartant de facto les bases de données traditionnelles. Y compris augmentées de leurs options In-Memory.
« En tant que professeur d’université (à Postdam, NDLR), j’ai eu l’idée d’imaginer à quoi ressembleraient les applications d’entreprise si les accès aux bases de données étaient immédiats. J’ai ensuite convaincu SAP d’investir dans une base de données offrant des accès très rapides. » Et ce, même si ce changement confrontait le premier éditeur européen à certaines appréhensions. « Changer 400 millions de lignes de code nous faisait peur », explique le co-fondateur du premier éditeur européen.
« Mais en 20 ans, la mémoire mise à disposition des applications a été multipliée par un facteur d’environ 6 000. Le logiciel devait donc être repensé. Tous les applicatifs que nous avons construits comme ceux de nos compétiteurs ont pour objectif de créer des agrégats. Philosophiquement, c’est une erreur parce que les métiers se posent bien plus de questions que celles que l’on peut pré-programmer et parce que leurs réels besoins tournent autour de la prédiction et de la simulation », reprend Hasso Plattner, pour qui Hana est le facteur permettant ce changement.
Principal écueil pour SAP : cette transformation ne doit pas sacrifier les investissements de sa large base installée, notamment les nombreux développements spécifiques réalisés autour de la Business Suite. « La transition que nous proposons n’implique aucune rupture puisque toutes les données sont conservées. Simplement, nous y accédons au travers de vues et non plus d’index ou d’une forme de redondance », assure Bernd Leukert, le responsable produits et innovation de la firme récemment entré au comité de direction de l’éditeur en remplacement de Vishal Sikka, l’ex-directeur technique parti brutalement voici un mois.
« Hana permet une simplification du paysage applicatif, assure Bernd Leukert. Avec, à la clef, un seul coeur applicatif, une seule interface utilisateurs (référence à Fiori, la nouvelle génération d’interface de SAP, NDLR), dans une approche privilégiant le Cloud. Car, via ce dernier, l’éditeur peut amener l’innovation chez ses clients de façon continue ». Et aussi soigner ses marges… Un Cloud où les instances seront physiquement isolées – Hasso Plattner ayant rejeté le recours au multitenant pour l’ERP – et où la base de données sera… évidemment Hana.
En parallèle, SAP continuera à offrir (au moins jusqu’en 2020, échéance de ses engagements actuels) le support et l’amélioration des fonctionnalités de la Business Suite fonctionnant sur des bases de données relationnelles. Les entreprises doivent toutefois s’attendre alors à un rythme d’innovation franchement ralenti. Ainsi, une partie des applications Fiori est également réservée à Hana et ne pourra être portée sur d’autres bases de données. En plus des applications de la génération ‘Simple’ conçues pour le modèle de données spécifique de Hana, un modèle unique que ne suivent pas les autres fournisseurs, y compris dans les versions In-Memory de leurs produits. « C’est juste une question de temps avant que les entreprises ne réalisent le potentiel de Hana en matière de simplification du paysage IT », veut croire Bernd Leukert.
Interrogé sur le sujet, Willem Eelman, DSI d’Unilever (n°4 mondial de l’agro-alimentaire), qui fait partie des 25 plus importants clients de SAP, semble valider la démarche et explique étudier la migration d’un de ses quatre environnements ERP vers Hana. « Nous savons que ça fonctionne, mais cette transition reste un investissement important : c’est un projet de 12 à 18 mois. Mais il permet d’imaginer toucher le Graal : la réduction de la structure des données. Dans notre cas, parmi d’autres bénéfices tangibles, nous pouvons imaginer des calculs de plannings de production à la volée, et non plus en un jour ou deux, car les données sont toujours disponibles au plus petit niveau de granularité. » Même si le DSI reste plus circonspect quant à l’adoption, dans son cas, d’une approche monolithique, soit Hana pour toutes les applications . « Côté analytique, deux tiers des données que nous collectons viennent de l’extérieur de l’entreprise. Nous aurons donc besoin de conserver une autre base de données… qui pourrait d’ailleurs être aussi Hana ».
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