Satyam officiellement en vente, IBM en embuscade ?

Le géant indien des services informatiques veut tourner la page de la fraude comptable

Après le scandale, la purge. L’indien Satyam au centre de la plus grande fraude comptable que le pays n’ait jamais connu, est aujourd’hui officiellement en vente. Concrètement, 51% des parts de la firme vont être mises sur le marché, la SSII est valorisée à 516 millions d’euros.

Une affaire en or diront certains car avant que la fraude soit découverte, l’entreprise dont le nom veut dire ‘vérité’ en sanscrit, valait dix fois plus… A la fin de semaine dernière, la direction de Satyam avait communiqué officiellement les conditions obtenues des autorités de régulation indiennes pour enclencher une offre publique de vente : l’acquéreur devra acheter au minimum 31% du capital à la signature puis 20% supplémentaires (soit 51% du capital) après une nouvelle offre « ouverte » dans les trois ans, sur la base du même prix de l’action.

Pour le gouvernement indien, qui a repris les choses en main, il y a urgence. Il s’agit de trouver un investisseur capable de restaurer la confiance dans une entreprise qui compte quelque 50.000 salariés et plus de 600 clients internationaux.

Qui pourrait être ce chavelier blanc ? Le nom d’IBM a longtemps circulé dans les médias. Selon le quotidien indien Business Standard, IBM serait le mieux placé (ou le plus désiré?), sur ce dossier, en concurrence avec Larsen & Toubro (L&T), actuel actionnaire à hauteur de 12%, et le groupe Spice (BK Modi).

Pour les observateurs, une acquisition par IBM (activité GTS, Global Technlogy Services) est plus que plausible car Big Blue ne cachait pas depuis 2006 que Satyam figurait sur sa liste de concurrents OPAbles en Inde (à côté d’Infosys et Wipro), suite au rachat de Daksh, en 2004, une autre SSII indienne spécialisée elle aussi dans les services de back-office IT. A travers ce rachat, IBM détient aujourd’hui déjà 10,8% de ce marché en Inde, où le groupe emploie, en tout, 73.000 personnes.

Pour autant, l’option IBM semble aujourd’hui prendre du plomb dans l’aile. Selon des sources proches du dossier, l’américain ne devrait pas présenter d’offre sur le groupe, les avantages d’un renforcement des activités en Inde étant annulés par les risques financiers et juridiques liés au scandale comptable de Satyam.

Les espoirs se tournent désormais vers Larsen & Toubro, qui détient déjà 12% de Satyam. Mais le groupe d’ingénierie ne fera une offre en bonne et due forme qu’une fois précisée l’ampleur des dettes de Satyam et que toute la lumière sera faite sur les comptes.

Une autre acheteur potentiel est le groupe diversifié Spice Group, qui dit qu’il allait exprimer son intérêt sans dire pour autant s’il allait faire une offre. Par contre, ni Accenture, ni HP ne semblent se positionner sur ce dossier.

Rappelons que la direction de Satyam est accusée d’avoir gonflé artificiellement les bénéfices pendant plusieurs années et d’avoir magouillé dans la comptabilité générant une fraude portant probablement sur un milliard de dollars de chiffre d’affaires douteux.