SBC confirme le rachat d’AT&T pour 16 mds de dollars

L’opération crée le numéro un des services téléphoniques aux Etats-Unis, devant Verizon

C’est fait. Quelques jours après avoir annoncé leur volonté de se rapprocher, l’opérateur américain SBC officialise le rachat de son concurrent AT&T pour près de 16 milliards de dollars. Après le mobile, la concentration du secteur s’applique désormais à la téléphonie fixe. AT&T est opérateur longues distances, SBC de son côté est un opérateur régional servant 13 Etats des USA pour 50 millions d’abonnés. SBC détient également 60% de Cingular, numéro un de la téléphonie mobile US après avoir racheté AT&T Wireless pour 41 milliards de dollars.

La transaction s’effectuera par échange d’actions, les actionnaires d’AT&T devant recevoir 0,77942 action SBC pour chacune de leurs actions. De plus, AT&T va verser 1,30 dollar par titre à ses propres actionnaires. Le nouvel ensemble devrait constituer le numéro un américain des télécoms devant Verizon en termes de chiffre d’affaires. Son chiffre d’affaires cumulé se situera autour de 71 milliards de dollars. Les deux partenaires espèrent des synergies, qu’elles chiffrent à 15 milliards de dollars, sans donner d’échéancier. Elles estiment que le nouveau groupe enregistrera en 2007 une croissance de son cash flow et une croissance de son bénéfice par action en 2008. SBC compte sur le réseau mondial d’AT&T, opérateur historique longue distance (voir encadré), pour se faire une place de choix dans la transmission à grande vitesse des services fondés sur le protocole internet (IP). Avec le réseau d’ATT, SBC peut espérer à terme vendre plus largement tous ces services en forfait complet, et mieux rentabiliser ses investissements. « L’industrie des télécommunications est en train de subir une profonde transformation alors qu’elle se porte vers des réseaux unifiés, fondés sur le protocole internet, capables de fournir une gamme de services », a déclaré Edward E. Whitacker Jr, PDG de SBC, cité dans le communiqué des deux sociétés. Reste maintenant à connaître l’avenir de AT&T en tant que marque. L’hypothèse d’une disparition pure et simple de la marque a été évoquée ce dimanche 30 janvier, sans que personne ne trouve à redire. Pourtant, AT&T demeure le symbole historique de la téléphonie américaine (voir notre article). Enfin, la fusion d’AT&T et de SBC réalisée, pour autant qu’elle ne soit pas entravée par la réglementation antitrust, ferait de MCI, le deuxième opérateur longue distance américain, et la prochaine cible d’une OPA, de l’avis des analystes. Le rachat des deux premiers opérateurs longue distance passait en effet pour inéluctable, aux yeux de certains professionnels, dans la mesure où les Baby Bells veulent élargir la gamme de leurs services. Maison mère éclatée et rachetée par une de ses filiales

Cette fusion allie deux des héritiers de l’ancien monopole des télécommunications américain, qui avait été démantelé en 1984. Il faut se souvenir que SBC est une ancienne filiale d’AT&T. Fondée il y a 120 ans, AT&T était jusqu’en 1984 le monopole des services de télécommunications aux Etats-Unis. L’entreprise était simplement surnommée « Ma Bell » (maman Bell) ou encore « la compagnie de téléphone de la nation ». Pour des raisons réglementaires et anti-trust, la firme a été divisée en petits opérateurs spécialisés, la plupart régionaux, comme SBC. AT&T de son côté a été cantonné aux liaisons longues distances et n’a pas pu prendre à temps le virage de la téléphonie mobile. Un positionnement qui la condamné à un déclin certain.