Schneider Electric pionnier du peering pour encaisser sa migration vers le Cloud

Dans le cadre de la migration de ses applications dans le Cloud et face à des besoins grandissants de bande passante Internet, Schneider Electric s’est appuyé sur le point d’échange de trafic France-IX pour remodeler son réseau interne. L’industriel estime payer aujourd’hui 8 fois moins que ce qu’il débourserait avec du transit IP.

« Nous nous sommes reliés au France-IX pour interconnecter notre système d’information, annonce d’emblée Lionel Marie (photo), architecte réseau pour Schneider Electric, à l’occasion d’une rencontre organisée par le point de peering installé à Paris. Le spécialiste international de la gestion de l’énergie électrique fait partie de la plus récente vague d’entreprises qui rejoignent France-IX. Signalons également que Schneider Electric a intégré son conseil d’administration à l’occasion du renouvellement partiel, en juin 2013, des sièges jusqu’alors détenus par les membres fondateurs.

Pour Lionel Marie, architecte réseau chez Schneider Electric, "le peering apporte la qualité du MPLS".
Pour Lionel Marie, architecte réseau chez Schneider Electric, « le peering apporte la qualité du MPLS ».

Jusqu’à présent, le point d’échange français, créé en 2010, a attiré des opérateurs (Bouygues Telecom, Numericable), des gestionnaires de contenus (Akamai, Google, Facebook…), des hébergeurs (OVH), des acteurs des services Cloud (Amazon, Intercloud), des plateformes de services d’e-mailing (Smartfocus…), des médias en ligne (Lefigaro.fr, Jeuxvideo.com) ou encore des e-commerçants (Kering). Mais les industriels restaient à l’écart des points de peering préférant s’appuyer sur des liaisons privées pour opérer leur réseau à l’international. Mais « la présence des grandes sociétés industrielles va se généraliser au sein de France-IX car elles vont vouloir optimiser leurs flux », prévoit Franck Simon, directeur général de la société qui gère le point d’échange. Dans ce cadre, Schneider Electric fait donc figure de pionnier.

Le Cloud sans sacrifier les ‘perfs’

La problématique de Schneider Electric était de migrer les applications (CRM, serveurs intranet, outil de collaboration, Salesforce…) de ses datacenters vers le Cloud (Saas, Iaas) tout en conservant la qualité et la disponibilité réseau des liens privés MPLS. D’où le recours au peering. De même, l’industriel peut ainsi autoriser ses 140 000 salariés (dont 40 000 en Europe) à utiliser le web (Google, Facebook, Twitter, LinkedIn, YouTube pour les vidéos d’entreprise…) sans exploser les coûts de mise à niveau de la bande passante Internet. « Nous devenions fournisseur de services Internet, résume Lionel Marie. La solution était d’aller sur un point d’échange pour joindre directement Amazon Web Services, Google, Microsoft Azure, Akamai, etc., et gagner ainsi en performances. »

En performance et en simplicité. Un point d’échange permet par définition de réduire le nombre d’intermédiaires nécessaires à la connexion directe à un fournisseur. « Pour Microsoft Azure, illustre le responsable réseau, nous étions interconnectés via Internet qui passait par plusieurs opérateurs. En cas de problème, on ne maitrisait pas. Avec le point de peering, on passe par un lien direct. » En résumé, « un point d’échange est une bonne solution pour capter du trafic en direct ».

De la plaque française à l’échelle planétaire

En juin 2012, Schneider Electric a donc fait le choix de se connecter au point de présence de France-IX hébergé au datacenter PAR5 d’Interxion via un lien à 1 Gbit/s en fibre noire. Une capacité largement suffisante pour le moment (« YouTube occupe 150 Mbit/s en journée, Akamai nécessite 140 Mbit/s quand il y a une mise à jour iOS », indique Lionel Marie) et qui pourra évoluer par simple mise à jour matérielle optique. Une démarche qui a permis à l’architecte de tester la pertinence technique et économique de la solution… avant de l’élargir.

Dans un deuxième temps, et pour des raisons de sécurité comme de besoins d’accès à des acteurs absents de France-IX (WebEx à l’époque, MessageLabs), Schneider Electric a renforcé son peering européen en 2013 en dressant d’autres liens vers le point d’interconnexion d’Amsterdam AMS-IX et l’opérateur de datacenters Equinix (via les services de l’opérateur télécom de Cloud critique InterCloud). Enfin, la troisième étape vise à étendre cette architecture à l’échelle planétaire, d’abord sur la zone américaine avant de s’étendre, probablement, à l’Asie (voir schémas ci-dessous).

Le réseau de peering de Schneider Electric à l'échelle européenne...
Le réseau de peering de Schneider Electric à l’échelle européenne…
... et à l'échelle mondiale.
… et à l’échelle mondiale.

Le peering apporte la qualité du MPLS

« C’est une belle solution pour fournir de la connectivité et garantir la latence réseau, insiste Lionel Marie. Le peering apporte la qualité du MPLS. » Et des économies d’échelles importantes : le responsable évalue qu’avec du seul transit IP, Schneider paierait 8 fois ce que l’entreprise débourse aujourd’hui avec le peering.

Les liens MPLS n’ont cependant pas disparu du réseau de l’industriel qui les conservera pour des questions de sécurité et de besoin de capacité critique essentiellement. Mais jusqu’à quand ? S’il est encore trop tôt pour répondre à la question, la tendance est bien là. « La courbe de transit IP va croiser (de manière descendante, NDLR) celle du peering », confie Lionel Marie. Une démarche de pionnier qui, selon l’architecte réseau, devrait faire des émules auprès d’autres groupes industriels.

(Article modifié le 27 mars)


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