Sécurité : le logiciel de filtrage chinois sur la sellette

Les mesures de filtrage du Web prévues par le gouvernement chinois font débat. Après que les géants de l’informatique se soient penchés plutôt en défaveur d’une pré-installation sur les ordinateurs à l’achat, une firme américaine en revendique la paternité.

Développé par la sociétéJinhui Computer System Engineering, le logiciel de filtrage baptisé« Green Dam-Youth Escort » fait naître nombre d’interrogations chez les professionnels de la sécurité. Si certains PC commercialisés en Chine sont déjà dotés d’un tel utilitaire, le gouvernement de Pékin a décidé de dresser la liste des sites bloqués. Un moyen de collecter éventuellement des informations personnelles… même si le logiciel pourra être librement désinstallé.

De son côté, un éditeur californien, la société Solid Oak Software explique dans les colonnes du Wall Street Journal que le logiciel au centre de la polémique embarquerait du code originellement écrit pour son logiciel CyberSitter. A en croire la société, la liste des termes devant être censurés et le gestionnaire de mise à jour du logiciel seraient identiques à la version chinoise. Un recours judiciaire pourrait même être formé afin d’empêcher les ordinateurs américains d’être dotés de la solution de filtrage chinoise.

Interrogé par le quotidien, Brian Milburn, éditeur de CyberSitter, lance : « Ils(la Chine,ndr) volent du contenu protégé par des droits d’auteurs, l’envoient vers les Etats-Unis et affirment : ‘Nous voulons tout ça sur les machines que vous nous envoyez' ». Côté chinois, les faits sont niés arguant du fait que la solution de filtrage possède une méthode de chiffrage propriétaire.

Toujours est-il que le « barrage vert d’escorte de la jeunesse » demandé par le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information chinois ne sera finalement pas obligatoire. De même, il pourra être désinstallé facilement, promet-on.

Déjà les géants de l’Informatique avaient taclé la solution chinoise, voyant d’un mauvais œil une mesure pouvant aller aisément au-delà de sa mission de filtrage de contenu pornographique. De Microsoft à Dell en passant par Hewlett-Packard, nombre de profesionnels y sont allés de leur critique.

Reporter Sans Frontières a de son côté déclaré : « Le filtrage à la chinoise dépasse largement le contenu pornographique qu’il prétend encadrer et cette nouvelle décision n’annonce rien de bon pour la liberté d’expression.Jusqu’à maintenant, les internautes pouvaient accéder à des sites bloqués au moyen de logiciels de contournement de la censure. Green Dam est une arme destinée à l’empêcher. Nous appelons les entreprises qui vendront ces ordinateurs sur le marché chinois à ne pas suivre cette consigne, sans quoi elles se rendront complices de la censure« .