Sécurité : la start-up Tanium valorisée 3,5 Md$, le signe d’une bulle ?

En Californie, une start-up spécialisée dans l’application de patch vaut près d’un dixième de la Société Générale. L’argent facile qui se déverse sur les jeunes pousses de la Silicon Valley soulève des interrogations : la bulle de la tech est-elle de retour ?

Plus délirant que les 80 millions d’euros déboursés par Manchester United pour s’offrir les services du jeune joueur de foot monégasque Anthony Martial ? La start-up américaine Tanium vient en tout cas de lever 120 millions de dollars auprès de TPG et de Institutional Venture Partners, ce qui valorise cet éditeur à environ 3,5 milliards de dollars, selon Re/code. Le double de la somme que valait cette jeune entreprise voici seulement quelques mois. En mars, Tanium avait en effet déjà levé 52 millions auprès du fonds Andreessen Horowitz, valorisant la start-up à environ 1,75 Md$.

Selon son co-fondateur et directeur technique, Orion Hindawi, l’entreprise dégage de l’argent, les 250 millions qu’elle a réunis jusqu’à présent étant pour l’essentiel encore en banque. La solution développée par Tanium permet d’explorer un réseau d’entreprise et de traquer les logiciels qui tournent sur chaque machine. Surtout, cette même solution peut être mise à profit pour mettre à jour les machines, une fonction essentielle en cas d’alerte de sécurité. En juin, la société a aussi mis sur le marché un outil d’analyse afin d’aider les entreprises à enquêter sur leurs failles de sécurité. Tanium compte de grands noms comme Visa, Amazon, Best Buy, le Nasdaq ou le département américain de la Défense parmi ses clients. La société privée ne dévoile pas ses comptes mais assure avoir enregistré pour 74 millions de dollars de commandes en 2014. Total qu’elle espère porter à 200 millions cette année.

Les pièges de l’argent facile

Orion Hindawi n’est certes pas un inconnu – il était, avec son père, à la tête de BigFix, spécialisé déjà dans l’application des patch et revendu à IBM en 2010 pour 400 M$ -, mais les millions de dollars qui se déverse sur sa jeune entreprise symbolisent le retour de l’argent facile dans la Silicon Valley. Autre exemple avec Apptus, éditeur d’un applicatif pour Salesforce, qui vient de lever 108 millions, ce qui valorise cette société qui a créé un logiciel gérant le processus allant de la cotation à la facturation à plus d’un milliard de dollars.

La multiplication des levées de fonds et les valorisations élevées de nombreuses start-up soulèvent de plus en plus d’interrogations de l’autre côté de l’Atlantique. Est-ce le retour d’une bulle ? Récemment, le fonds Andreessen Horowitz, l’un des fonds les plus renommés de la Silicon Valley, a multiplié les interventions afin d’éloigner ce spectre. Logique car il aurait beaucoup à perdre d’une baisse des valeurs technologiques. Le fonds a notamment sorti une étude tendant à montrer que « cette fois, c’est différent ». Un message qui, soit dit en passant, ressort à chaque fois qu’il s’agit de justifier le gonflement d’une bulle.

Selon un article de Vanity Fair, les Etats-Unis comptent aujourd’hui près de 100 ‘licornes’, le nom donné aux start-up valorisées plus d’un milliard de dollars. Un total qui aurait doublé au cours des 18 derniers mois, selon Aileen Lee, fondatrice de Cowboy Ventures à l’origine de ce terme de licorne. Et nos confrères de noter encore que San Francisco est en passe d’augmenter sa surface de bureau de 15 %, phénomène largement attribuable au boom de la tech. Sans oublier les excès dans les pratiques de recrutement, Google ayant, selon Vanity Fair, récemment versé 100 millions de dollars à un de ses dirigeants pour qu’il ne quitte pas l’entreprise au profit d’un concurrent.

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