SFR : 20 % des salariés en grève contre les méthodes de Numericable

Les syndicats critiquent tant les méthodes de management imposées par Numericable, que la stratégie. Ils prévoient de mener d’autres actions.

La reprise de SFR par Numericable continue à créer des remous. L’Unsa, la CFDT et la CGT ont organisé aujourd’hui une grève entre 13h30 et 15h30, pour protester contre des méthodes de management jugées trop brutales, la dégradation des conditions de travail et les pressions sur les sous-traitants. Selon Olivier Lelong, le délégué syndical central de la CFDT, près de 20 % des effectifs de l’opérateur ont participé au mouvement, soit plus de 1 700 salariés. « Un tel niveau de participation dans une entreprise comme SFR, cela montre un profond ras-le-bol », assure-t-il. Et d’expliquer qu’il s’agit là d’un « coup de semonce adressée à la direction : depuis le rachat, les organisations se mettent en place avant qu’on ait réfléchi à l’adaptation de nos méthodes de travail. Numericable met systématiquement la charrue avant les bœufs. Avec les prestataires, on a ainsi arrêté brutalement les contrats avant même d’avoir imaginé la nouvelle façon de fonctionner ».

Autre inquiétude des syndicats : les choix stratégiques de SFR sous l’ère Drahi. « On a relevé les tarifs mobiles ou encore arrêté de promouvoir l’ADSL. On a l’impression d’assister au siphonnage de la base abonnés de SFR au profit de Numericable », explique le délégué syndical. SFR a enregistré la perte de plus de 440 000 abonnés mobiles au premier trimestre 2015. « Un niveau proche de celui de 2012, quand Free a débarqué sur le marché », s’alarme Olivier Lelong.

SFR Business Team déshabillé

Même inquiétude du côté du service aux entreprises, où des contrats existants de SFR Business Team ont été transférés à Completel, pour une valeur de 150 million d’euros selon la CFDT. Ce qui se traduit par des transferts de salariés. Or, si ces entités appartiennent désormais au même groupe, les contrats de travail ne sont pas harmonisés. « Rien que sur la mutuelle santé, un salarié perd 900 euros en passant chez Completel », assure Olivier Lelong, qui parle d’autres transferts vers Telindus (une autre filiale de services professionnels) ou vers Numericable. Les syndicats demandent d’ailleurs que la direction du groupe mette fin à ces changements de contrats de travail et à ce qu’ils qualifient de « réorganisations souterraines ».

Car, selon la CFDT, la CGT et l’Unsa, les salariés souffrent de ces coups de barre brutaux des nouveaux capitaines du second opérateur mobile de l’Hexagone. Au micro de France Info, Damien Bornerand, délégué CGT de SFR, explique que 250 emplois ont disparus entre le rachat et la fin avril. « Ce sont des départs relativement naturels pour une partie, mais quand quelqu’un quitte l’entreprise, il n’est pas remplacé ». Alourdissant d’autant la charge de travail des salariés qui restent. S’y ajoute l’arrêt de nombreux contrats de prestations, qui sont là encore transférés à des salariés en poste.

2 000 postes menacés chez les sous-traitants

Les syndicats s’inquiètent encore de la renégociation des contrats avec les prestataires et sous-traitants, SFR exigeant selon eux des rabais compris entre 20 et 30 %. Selon la CGT, ces exigences menaceraient pas moins de 2 000 emplois. Environ 1 000 postes seraient ainsi suspendus au renouvellement des contrats avec Sitel et B2S, sur les centres d’appel.

Rappelons que, suite à la reprise de second opérateur mobile français par le groupe de Patrick Drahi (au centre sur la photo ci-dessus), Numericable a imposé ses hommes à la tête de SFR et ses méthodes. La reprise en mains a rapidement créé des remous, notamment avec les sous-traitants qui se sont vus imposer des rabais importants sur leurs prestations, comme nous le détaillions dans une enquête parue en février dernier. Syntec Numérique, la chambre des SSII et éditeurs de logiciels, a même saisi le médiateur des relations inter-entreprises pour apaiser la situation avec le donneur d’ordre. Un accord a récemment été trouvé sur le paiement des factures en souffrance.

La CFDT, la CGT et l’Unsa tiendront une conférence de presse commune ce mercredi, ce débrayage n’étant, à leur yeux, que la première d’une série d’actions.

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