SFR s’apprête à lancer l’internet mobile (quasi) illimité

Sortir du paiement à l’acte permettrait, enfin, aux contenus mobiles décoller

Malgré l’essor des réseaux haut débit mobile (Edge et 3G) et les bonnes ventes de mobiles multimédias, l’usage de contenus issus des portails grand public des opérateurs a du mal à décoller.

Preuve en est : la baisse régulière du revenu moyen par abonné. Selon le dernier observatoire de l’Arcep, le régulateur des télécoms, l’Arpu atteignait 36,4 euros hors taxes au 31 décembre 2006 contre 37 en septembre et 38,7 euros en décembre 2005…. Une mauvaise nouvelle pour les opérateurs qui misent sur les services à valeur ajoutée pour compenser leurs colossaux investissements dans la 3G… D’ailleurs, le parc actif multimédia mobile est passé de 15 millions de personnes (ayant utilisé un service multimédia au moins une fois dans le mois) en décembre 2006 à 14,6 millions en mars malgré le marketing offensif des opérateurs.

JupiterReasearch estime de son côté que le marché des contenus, s’il se développe, est encore très loin de supplanter les services de messagerie comme les SMS, les mails ou la messagerie instantanée, des services populaires mais peu rentables pour les opérateurs.

En cause : le modèle de tarification. Jusqu’à aujourd’hui, la grande majorité de ces contenus sont facturés à l’acte ou au temps connecté. Ce qui refroidit les envies des consommateurs.

Tous les éditeurs de contenus plaident depuis longtemps pour que le mobile adopte le modèle qui a fait le succès du Net, à savoir le forfait illimité. Une demande longtemps restée vaine, les opérateurs voulant conserver leurs sources de revenus.

Mais les choses évoluent enfin puisque SFR (3,5 millions d’abonnés 3G) annonce une évolution dans sa stratégie. Après avoir baissé le prix de la musique mobile, le deuxième opérateur mobile français annonce le lancement, dès cet été, de forfaits quasiment illimités afin de doper l’usage de ces services.

Quasiment illimités car ils seront tout de même bridés en volu me à 500 Mo par mois. Mais selon Jean-Marc Tassetto, directeur général grand public de SFR, cela « équivaut à un usage quasi illimité de l’Internet sur mobiles ».On ne connaît pas encore le tarif de ces forfaits.

Ce changement de modèle économique devrait faire des émules, notamment du côté d’Orange qui devra fatalement s’adapter. Rappelons néanmoins que le MVNO Ten propose lui aussi l’internet mobile illimité au sein de ses forfaits mais seulement en GPRS. De son côté, Bouygues Telecom propose aussi un forfait illimité avec son offre iMode (seulement pour le surf sur le Web via iMode, les contenus étant facturés par les éditeurs) et pour les professionnels via ses offres BlackBerry.

Surtout, l’illimité devrait considérablement doper la publicité sur mobile, un marché naissant, lui aussi pénalisé par le modèle à l’acte proposé par les opérateurs.

Afin de séduire encore plus d’abonnés et de nouveaux clients, SFR annonce dans le même temps la disponibilité sur son portail (Vodafone Live) de MySpace, eBay, Google Maps et surtout Live Messenger.

Pour l’opérateur, l’intégration de Live Messenger (11 millions d’utilisateurs en France) est un produit d’appel sans précédent afin de séduire les jeunes et les adolescents qui ne quittent plus leurs mobiles. ll s’agit également de les fidéliser, un problème critique pour les opérateurs mobiles aujourd’hui. Avec un usage quasi illimité, SFR pourrait toucher le jackpot avec un modèle économique basé sur la publicité… Mais il semble que Messenger sera proposé sous la forme d’un abonnement. A suivre..

SFR n’est pas le premier à adapter Live Messenger sur mobiles. Orange a lancé sa version maison il y a quelques mois. Ten (MVNO lancé avec Orange) s’est justement positionné sur l’accès aux services Live de Microsoft. Même chose pour Bouygues Telecom qui propose depuis un an MSN en option (3,90 euros par mois) sur ses mobiles iMode.

Enfin, SFR annonce l’intégration d’autres services très populaires comme DailyMotion et YouTube qui devraient débarquer cet été. Bref, la filiale de Vivendi et de Vodafone met toutes les chances de son côté pour devenir le leader de l’Internet mobile. En attendant la contre-offensive d’Orange.