Sierra Wireless parie sur le LTE-M pour connecter les objets

Pour Sierra Wireless, le développement de l’Internet des objets passera par les technologies mobiles standardisées. Tout en laissant leur place à Sigfox et Lora.

Avec plus de 120 millions de pièces vendues depuis 1993 pour les compteurs, véhicules, alarmes et autres systèmes communicants, Sierra Wireless n’est pas un nouveau venu sur le marché des objets connectés. « On utilise depuis le début des technologies de téléphonie mobile pour faire autre chose que du téléphone mobile », rappelle Olivier Beaujard, vice-président Market Development qui a intégré l’entreprise canadienne en 2009 avec le rachat du français Wavecom. Passées par le GSM, la 2G et 3G, les offres M2M de Sierra ont récemment évolué vers des modules 4G/LTE.

Lesquels se destinent notamment aux routeurs (Cisco notamment) ou les PC portables, pour palier l’éventuelle absence de connexion filaire ou wifi, aux solutions d’affichage publicitaire vidéo (que l’on croise dans les gares notamment) ou, prochainement peut-être, des parcmètres connectés qui permettront d’afficher des informations sur la ville et autres réclames de commerçants de proximité en temps réel sur des écrans couleur, payer ses amendes de manière sécurisée (en saisissant son numéro d’immatriculation) et, avant tout, sa place de parking. Une solution présentée dans le cadre du Mobile World Congress (MWC) 2016 de Barcelone. « Une partie du marché du M2M va vers les hauts débits », assure le responsable.

Orientation vers le low power

Mais c’est bien sur le low power que l’équipementier M2M poursuit son développement afin de répondre aux besoins d’autonomie prolongée des objets connectés. « Nous sommes actifs sur ce terrain depuis plus de deux ans au niveau de la standardisation du 3GPP via l’ETSI », précise le responsable. Des travaux qui se concentrent sur trois technologies mobiles principales en basse consommation : le LTE-M, avec des débits de 200 Kbit/s jusqu’à 1 Mbit/s, « ce qui est utile pour mettre facilement à jour les firmware à distance »; le NarrowBand-IoT, qui offre entre 20 et 80 Kbit/s sur un réseau 4G et se destine plutôt aux produits grand public; et l’Enhanced Coverage-GSM-IoT (ou EC-GSM-IoT), et ses 200 Kbit/s de capacité dont « la réutilisation de la 2G fait sens dans les pays où il n’y a pas encore de 3G ou 4G ».

Des technologies complémentaires qui répondent à des cas d’usages différents et sur lesquelles Sierra entend développer des solutions. En commençant par le LTE-M dont les spécifications sont abouties depuis décembre. Suivront les solutions pour le NB-IoT, avec la standardisation prévue en milieu d’année. Quand à l’EC-GPRS, « cela dépendra de l’adhésion des opérateurs ».

Le LTE-M aussi optimisé que Lora et Sigfox

Mais dans tous les cas, l’objectif est de définir des solutions qui permettent aux objets de tenir 10 ans sur batterie. « Les trois technologies vont consommer la même chose », assure notre interlocuteur. « Nous avons développé un module avec les fonctionnalités en cours de standardisation pour abaisser sa consommation. » Pour cela, Sierra a implémenté deux fonctionnalités : le PSM (Power Saving Mode), qui limite le nombre de trames envoyées, donc la signalisation, et réduit d’autant la consommation en émission du signal; et son équivalent en réception, l’Extended DRX. « A Barcelone, nous avons montré que nous étions les seuls à implémenter ces deux fonctions dans un module ce qui permet des augmentations de durée de batterie de 10 à 20 ans selon les cas d’usage et nos estimations. » Autant de simplifications du LTE qui permettent de réduire les coûts du silicium pour faire tomber le prix d’un composant LTE-M autour de 5 à 9 dollars. « Il faudra que ce soit moins cher que la 2G aujourd’hui. »

Mais l’objectif de la démonstration de Barcelone était avant tout de montrer « que le LTE-M consommera aussi peu que les autres », déclare Olivier Beaujard. Les autres font évidemment référence à Lora et Sigfox, fer de lance des réseaux dédiés à l’IoT. Deux technologies que Sierra n’a pas l’intention d’intégrer. « Nous travaillons sur des solutions standardisées, ce qui fait notre succès depuis 20 ans ». Si le consortium Lora a essayé de mettre un pied au 3GPP, force est de constater qu’il n’y est à ce jour pas parvenu. En revanche, Sierra fournit un kit de développement sur le mode open source à la communauté (via sa plate-forme Mangoh.io) ce qui laisse la possibilité de développer des solutions combinant LTE pour l’IoT avec du Lora (Sigfox conservant pour sa part sa technologie propriétaire).

Dans tous les cas, Olivier Beaujard pense qu’il y a de la place pour toutes ces technologies. « Il y a des applications qui font sens pour l’Ultra Narrow Band utilisé par Lora et Sigfox et que n’utilisera jamais le LTE-M pour les objets connectés, il ne faut pas croire qu’une seule technologie remportera tout le marché de l’IoT. » Néanmoins, il restera à vérifier que ce dernier supporte l’ensemble des acteurs. « Entre Lora, Sigfox ou son équivalent Ingenu aux Etats-Unis, en plus des technologies IoT du 3GPP, ça commence à faire beaucoup », évoque Olivier Beaujard. Trop ?

Développer l’activité opérateur

Sierra devrait pour sa part commencer à déployer le LTE-M dès 2017 pour des clients dans le domaine de l’énergie et la fourniture électrique. Il faudra néanmoins attendre que les opérateurs mettent à jour leurs réseaux mobiles. « Cela se fera par simple mise à jour logicielle, ce qui permet de déployer très vite », assure le porte-parole de Sierra. De quoi répondre aux besoins des clients qui exportent dans le monde entier et veulent s’appuyer sur un seul module pour déployer vite.

Le LTE-M, et les autres technologies M2M de Sierra Wireless seront soutenus par l’activité d’opérateur que le Canadien a amorcé avec le rachat, en 2015, de deux MVNO (opérateur de réseau mobile virtuel) IoT/M2M : Maingate en Suède et Mobiquithings en France. Au-delà des 700 000 lignes apportées, les éléments de réseau acquis vont permettre à Sierra de lancer des offres mondiales de cartes SIM et de connectivité. Seule la ressource radio passera par des accords avec les opérateurs pour l’achat de data. « Nous sommes multi-opérateurs, précise Olivier Beaujard, selon les accords passés avec les opérateurs, nous pré-chargeons les accès aux réseaux sur notre SIM. En France, par exemple, quand vous activez un module SIM, vous pouvez avoir accès aux quatre opérateurs mobiles. On devient agnostique, ce qui nous permet d’offrir le meilleur réseau pour l’application du client. »

Pour la suite, Sierra se tourne déjà vers la 5G. « On y travaille, nos équipes la voit comme la suite du LTE-M, pour des objets qui nécessitent très peu de débit, une consommation optimisée et leur authentification », commente Olivier Beaujard. De quoi se positionner avantageusement sur le prometteur marché de l’Internet des objets en devenir.

[Article mis à jour le 04/04.]


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