Silicon Valley Tour – 3 tendances : supervision et sauvegarde SaaS plus search analytics

Le cloud Paltform9 supervise des clouds privés, le SaaS Spanning sauvegarde d’autres SaaS, et ElasticSearch conuugue search et analytique… L’innovation ne prend pas de vacances.

Les pépites de la Silicon Valley (ou qui s’y installent) sont très convoitées. Investisseurs et grands acteurs se bousculent soit pour prendre des participations, soit pour les racheter. Les trois startups rencontrées sur place et présentées ici n’échappent pas à la règle et devraient encore défrayer la chronique dans les semaines à venir.

Platform9 pour maîtriser le cloud privé via un SaaS
Outre l’ouverture et la communication simplifiée entre solutions concurrentes, l’apparition d’une norme donne souvent naissance à un écosystème dynamique pour développer un marché. Et Openstack illustre parfaitement ce phénomène.

Un carré gagnant de vétérans VMware
Un carré gagnant de vétérans VMware

Créée en 2013 à Sunnyvale (Californie) par quatre anciens de VMware (Sirish Raghuram –CEO, Madhura Maskasky –responsable Produits, Roopak Parikh –responsable ingénierie et Bich Le –architecte en chef), Platform9 est une solution de gestion de clouds privés en mode SaaS reposant sur Openstack.
« A nous quatre, nous totalisons plusieurs dizaines d’années d’expérience sur VMware et d’autres technologies, et proposons notre solution aussi bien aux PME qu’aux grandes entreprises,» annonce Sirish Raghuram, CEO de Platform9. «Les solutions de virtualisation disposent généralement chacune de leur propre solution d’administration comme vCloud/VCac pour VMware. Openstack permet en revanche de superviser et d’agir aussi bien sur des environnements VMware, KVM, de solutions bare-metal ou encore Docker.»
Un positionnement qui semble convaincre puisque la start-up a levé 4,5 millions de dollars pour un premier tour de table auprès de Redpoint Ventures en avril dernier.

Une plateforme de supervision globale déportée
Une plateforme de supervision globale déportée

Consciente des objections envers Openstack, Platform9 affirme avoir déjà corrigé 400 bugs sur la branche stable de la distribution Open Source.
Par ailleurs, avec une solution en mode SaaS, l’entreprise cliente n’a plus à se préoccuper des mises à jour et des tests de stabilité d’Openstack, réalisés par les spécialistes de Paltform9.
Et surtout, le choix de cette technologie permet à la solution d’administration d’être utilisée par de multiples environnements de clouds privés situés à des endroits différents dans le monde. L’entreprise supervise et administre tous ses clouds privés à partir d’une console unique, et au passage de gommer les silos d’infrastructure…
Platform9 s’engage à corriger les bugs majeurs détectés en moins de 7 jours et les bugs mineurs en moins d’un mois.
Platform annonce sa version 1.0 pour janvier 2015. La bêta actuelle ne supporte que l’environnement KVM, mais vSphere et Docker sont annoncés pour 2015.
Côté modules Openstack, Platforme9 fait aussi ses choix. Ainsi, le support de Cinder (stockage en mode bloc) et Ceph (système de stockage distribué –fichiers, blocs ou objets) est annoncé, tandis que Neutron (NaaS ou Network as a service pour openstack) a pour le moment été écarté, car jugé immature et remplacé par un bridge maison.
La start-up devra accélérer en 2015. En effet, Amazon Web Services vient justement d’annoncer ses services Config et Service Catalog.

Et si vous sauvegardiez vos informations cloud avec Spanning ?
En octobre dernier, EMC annonçait le rachat de la société texane Spanning Cloud Apps, un service en ligne de sauvegarde/restauration de données de services cloud comme Google Apps ou Salesforce. Une société que silicon.fr a rencontrée lors d’une tournée dans la Silicon Valley début décembre.
Dirigée par Jeff Erramouspe, la société créée en 2010 compte 55 employés et 4000 clients dans le monde pour sa solution de sauvegarde des données SaaS dans un cloud privé et sécurisé.

Une console d’administration avec alertes et reporting intégrés
Une console d’administration avec alertes et reporting intégrés

« Les services cloud sont de plus en plus utilisés par les entreprises : 58% d’entre elles sollicitent la messagerie, 47% le stockage et l’administration, 33% le CRM, et autant les solutions de sécurité,» annonce Jeff Erramouspe, CEO de Spanning. «Trop souvent, les entreprises pensent à tort que ces services assument la sauvegarde et la restauration de leurs informations. Or, sur Google par exemple, une information détruite n’est pas rarement récupérable après quelques jours. Et sur Salesforce.com, il s’agit d’un service optionnel payant à partir de 10 000 dollars! Non seulement l’entreprise reste la première responsable de ses données, mais en plus, les règles de conformité peuvent –selon son secteur d’activité- la contraindre à prendre les mesures nécessaires.»
Autant de bonnes raisons d’adopter une solution de sauvegarde/restauration en ligne. CQFD. Spanning propose donc un service de sauvegarde automatisé au rythme choisi ou à la demande, avec des informations stockées sur un cloud privé et sécurisé. Et la restauration peut être effectuée en quelques clics avec toute la granularité souhaitée. Bien entendu, une interface d’administration (avec la sécurité et les droits d’accès gérés) est disponible pour chaque utilisateur, mais aussi pour l’administrateur global.
Dans les Google Apps, Spanning peut sauvegarder les informations de Gmail, Drive, Contacts, Calendars et Sites. Et le CEO annonce 350 000 comptes Google Apps sauvegardés et 4000 domaines.
Pour Salesforce, Spanning assure la sauvegarde automatisée, mais s’intègre aussi à l’interface pour la restauration, et cela vaut aussi pour les plates-formes Chatter (collaboration) et Salesforce1 Mobile.
Déjà disponible en beta, Spanning Backup for Office 365 assurera ses services pour l’environnement bureautique SaaS de Microsoft. La solution sera disponible au premier semestre 2015.

Un juste éco-libre
Un juste éco-libre

ElasticSearch marie search et Big Data en Open Source
En 2004, Shay Banon lance Compass, projet Open Source reposant sur le moteur Lucene, afin de simplifier l’intégration de la fonction de recherche (search) dans les applications Java. Estimant la gestion de la montée en charge limitée et les temps de réponse trop longs après la version 3, il réécrit tout le code. Un travail qui donne naissance au projet Open Source ElasticSearch, dont un premier jet est livré en février 2012.
Époqueà laquelle il crée à Amsterdam la société ElasticSearch (dont il est le directeur technique -CTO) avec Steven Schuurman (CEO), cofondateur du middleware open source SpringSource (acquis par VMware en 2009).
La société, qui dispose également des bureaux à San Francisco, a levé 104 millions de dollars en 18 mois : 10 millions de dollars en novembre 2012 (Benchmark, Data Collective, Rod Johnson) ; 24 millions de dollars en février 2013 (SV Angel, Benchmark et Index Ventures) et 70 millions de dollars en juin 2014 (New Enterprise Associates, Index Ventures et Benchmark). ElasticSearch Totalise près de 9 millions de téléchargements!

Connexion en Direct Live au monde Hadoop
Connexion en Direct Live au monde Hadoop

Pour indexer et retrouver de l’information sur de très grands volumes de données, il convient d’associer la recherche avec des fonctions analytiques dans un mode distribué. C’est justement ce que propose ElasticSearch avec sa pile ELK combinant : le logiciel distribué et temps réel de recherche et d’analyse éponyme stockant des informations au format JSon, Logstash pour recueillir, analyser, indexer et rechercher les logs ; et le moteur de visualisation Kibana (ne nécessitant aucune écriture de code pour s’interfacer avec ElasticSearch). La solution peut être utilisée seule, mais aussi en s’intégrant avec des applications via des APIs. D’où l’importance de pouvoir utiliser plusieurs langages de programmation (6 actuellement).
Bien entendu, ElasticSearch propose aussi une API très évoluée ES-Hadoop pour s’intégrer de façon bidirectionnelle aux distributions Big Data.
Parce que vivre avec de l’open source n’est pas chose aisée, la société vend de l’accompagnement et de l’expertise, ainsi que de la formation en présentiel et du support. Par ailleurs, le module de supervision et d’administration Marvel, offert pendant le développement, est facturé 1000 dollars pour les premiers 5 nœuds. Enfin, ElasticSearch finalise actuellemen,t le développement de la solution commerciale de sécurité Shield : contrôle d’accès basé sur des rôles, système d’authentification, chiffrement, audit…
Certes, des projets comme le moteur de recherche Nutch (mené par Doug Cutting créateur de Lucene et désormais chez Cloudera) intègrent déjà des fonctions de type Big Data pour accélérer les traitements. «Toutefois, la combinaison avec MapReduce et HDFS reste essentiellement orientée batch et pas assez performante. Et même si Spark a accéléré Hadoop en diminuant les temps de traitement de deux heures à 10 minutes, cela reste une éternité selon nous,» affirme Shay Banon, CTO and cofondateur d’ElasticSearch.
Quant à Watson, «L’approche cognitive est évidemment très intéressante. Cependant, avec Watson le système de recherche se trouve à un endroit précis et le reste ailleurs,» relativise le directeur technique.
Le succès semble déjà sourire à ElasticSearch qui compte parmi ses clients des références prestigieuses : eBay, Facebook, Booking.com, Cisco, Comcast, Société Générale, Accenture, Walmart, Groupon, Adobe, Tomtom, Macy’s, etc.