La simulation au service de l’Internet des objets

A l’occasion de la sortie de Simics 5, Michel Genard, dirigeant de la branche simulation chez Wind River nous explique comment elle peut accélérer de développement de l’Internet des objets.

La simulation constitue l’un des quatre axes de développement de Wind River avec la sécurité, la transformation du réseau et la gestion (le cockpit) informatique. Une activité pas nécessairement mise en avant chez l’éditeur d’OS sécurisés pour systèmes connectés mais qui pourrait bien gagner en notoriété avec le développement de l’Internet des objets (IoT).

« Avec 50 milliards d’objets connectés estimés dans les prochaines années, ce sont des millions de millions de systèmes connectés qu’il va falloir gérer, un foutoir pas possible, prévient Michel Genard, directeur général de la division simulation déploiement IoT. La simulation va devenir un outil d’infrastructure en amont et en aval. »

Le dirigeant sait de quoi il parle. Après avoir créé la première filiale de Wind River en France à la fin des années 80, il s’est expatrié aux Etats-Unis en 1997 pour y gérer la ligne de produits simulation/émulation de l’éditeur américain. Une activité qui s’est accélérée en 2010 avec l’acquisition de Virtutech, société suédoise fondée en 1998 et installée aux Etats-Unis depuis 2004, et son logiciel maison Simics. De Sun Microsystems (aujourd’hui Oracle) à Ericsson en passant par AMD, HP, IBM, Cisco ou Freescale, Simics a particulièrement séduit les poids lourds de l’industrie IT. Intel, maison mère de Wind River, s’est appuyé dessus comme plateforme virtuelle pour fignoler son Xeon. L’aéronautique en est aussi friande, notamment Honeywell. « Simics apporte aux clients une représentation logicielle d’un système matériel », explique Michel Genard. Une représentation virtuelle qui permet de développer du code machine sur un PC pour un système difficile à tester en situation réelle, voire qui n’existe pas encore nécessairement.

Contrôler le temps

L’abstraction de la dépendance matérielle apporte plusieurs avantages. « La simulation donne le contrôle du temps [d’exécution], explique le responsable. On peut arrêter, ralentir, accélérer, revenir en arrière avec, au final, la possibilité de développer des logiciels de plus en plus complexes. » Autre avantage, l’application de processus agile avec la multiplication des cycles de développements rapides et de leur intégration fréquente qui nécessite à leur tour de nombreux tests. « C’est plus facile en simulation », assure notre interlocuteur. La mise en situation de stress d’un système par l’injection d’un flot d’erreurs constitue également un rôle majeur de la simulation afin de renforcer la qualité des produits. Un usage notamment privilégié dans l’industrie aéronautique.

Autant d’avantages de développement qui profitent au secteur de l’IoT aujourd’hui. Michel Genard illustre le phénomène avec deux cas clients qu’il ne peut malheureusement pas citer. Le premier a déployé tout un réseau de capteurs et gateway pour remonter les informations propres aux maintenances d’infrastructures routières et ferroviaires. « Le client rencontrait un phénomène de pannes bizarres qui revenait tous les 25 à 40 jours de manière inexplicable, raconte le responsable de Wind River. Aller sur le terrain d’un système déployé sur des centaines de kilomètres aurait pris trop de temps. »

Un temps que le recours à la simulation virtuelle de l’infrastructure a permis de raccourcir en accélérant les tests afin de repérer et résoudre les problèmes. Un usage de la simulation en aval pour palier un dysfonctionnement, donc. Mais la simulation a tout intérêt à être aussi exploitée en amont d’un projet. Comme dans le cas de l’autre client qui a recouru à Simics pour optimiser la configuration IT d’un bâtiment connecté en simulant des milliers de capteurs et les passerelles de communication qu’il n’aurait pas pu déployer à l’échelle d’une maquette matérielle.

Remplacer le tableau Excel

« Aujourd’hui, l’outil le plus utilisé pour l’estimation des besoins est un tableau Excel dans lequel on entre une foule de paramètres et qui crée au final un système surdimensionné pour prévenir les éventuels problèmes, rappelle Michel Genard. Or, un système IoT ne va jamais être fini, il évolue en permanence et la simulation est un moyen de tester les nouveaux services avec un minimum de risques. Aujourd’hui, ce qui coûte le plus cher, ce n’est pas le matériel mais l’opérationnel. Et la simulation permet d’intégrer ces coûts d’exploitation dans la phase de développement. »

Des coûts de développement que la version 5 de Simics entend optimiser. La nouvelle et récente version s’illustre notamment par le support des plates-formes multi-cœur et multi-processeurs pour une montée en puissance des performances. Simics 5 s’accompagne également d’un framework permettant à l’utilisateur de créer ses propres scénarios de stress d’un système. Un serveur de débugage est désormais disponible pour partager les systèmes virtuels entre différentes équipes de développement. Simics 5 permet aussi de créer des clones de systèmes IT réutilisable par différents partenaires.

Une offre Cloud en vue

Pour l’heure proposé dans un modèle de licence perpétuelle ou sous forme de souscription, Wind River devrait prochainement proposer une offre Cloud. « Nous lançons la preview aujourd’hui qui sera accessible gratuitement pour bénéficier des retours d’usage avant de finaliser l’offre », nous annonce Michel Genard. L’éditeur veut notamment vérifier que les temps de communication entre les CPU, base du principe de puissance par définition élastique du Cloud, n’impactent pas (ou peu) les besoins de performances de la simulation. Dans tous les cas, « nous voulons faire une offre très mainstream » grâce au modèle tarifaire à la demande. Un modèle qui permettrait ainsi aux entreprises qui n’ont pas les moyens d’investir les centaines de milliers de dollars du coût de la licence de Simics d’accéder aux avantages de la simulation. A commencer par les start-up de l’IoT.


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