Sites insolites : visite au Laos, pays du Million d’Eléphants

Tourisme et culture tendent malheureusement à se dissocier – constate un article du Monde, ce 12 août. Heureusement, via Internet, il reste des destinations quasiment vierges à découvrir… Illustration avec le Laos

Beaucoup de sites Internet fournissent de précieux renseignements en tous genres, s’agissant de ce petit pays un peu oublié, coincé entre la Thaïlande et le Viet-Nam. Notre préférence va clairement à ceux qui suivent:

www.efeo.fr est celui de la prestigieuse Ecole Française d’Extrême-Orient; www.ambafrance-laos.org renvoie à l’Ambassade de France au Laos; certains y percevront un parfum désuet de IIIè République ou l’évocation des grands ambassadeurs de la France de jadis, comme Paul Claudel ou André Malraux… www.vientianetimes.org est le site de l’organe de presse officiel. Et enfin : https://laosonline.free.fr, site d’actualité géo-socio-politique, suffisamment neutre pour être objectif et pratique. Inutile de vous précipiter sur les guides tout faits (Routard ou autres…) Avec Internet, il est possible de construire intégralement son parcours, atypique tant qu’à faire – et incluant toutes les réservations: avions régionaux depuis la Thailande jusqu’à la frontière, réservations des ‘guest houses’ au plus profond du pays… et, avec l’aide de cybercafés dans la plupart des grandes villes, un peu d’improvision sur place fera le reste! Imaginez: sortir au petit matin frais, à 6h30, petit-déjeuner sous les bananiers ou les manguiers, quitter une maison traditionnelle ‘lao’, tout en bois, reconvertie en « guest house » pour hêler un « tuk tuk » et négocier la course afin d’aller visiter la Vat Phra Kèo à Vientiane, la plus connue historiquement. Dans la capitale, jongler à vélo, par commodité, pour visiter le maximum de sites et apprécier l’ambiance locale : circulation un tantinet aléatoire, sur fond de concert de klaxons et de grognements des chauffeurs de taxis ou de « tuk tuk »? Faire la pause à midi, en dégustant des mets fins dans une gargotte le long du Mékong à Luang Phra Bang avant d’escalader les 328 marches du Mont Phou Si qui domine l’ex-capitale royale. Puis passer une nuit dans un car-couchette VIP avec air conditionné: il lui faut tranquillement dix heures pour rallier Paksé à 600 km au Sud. Là-bas, prendre le bac, à Champassak précisément pour franchir le Mékong. Aucun souci pour faire de l’auto-stop et rattraper la RN 13. Vous vous retrouvez sur la banquette tape-cul d’un ‘pick-up’ « Song Thèo », serré comme un banc de silures. Passer une journée dans un village sans eau courante ni d’électricité n’est pas le plus confortable, mais dépaysant! Mais ces villages possèdent des éléphants dont certains sont voués à balader les touristes pendant une heure ou deux jusque sur les plateaux des Boloven. Un peu repu ? Se caler au fond d’un hamac, près de votre bungalow, planté au bord du Mékong en cru, perdu sur une île de 8 km² parsemée de cocotiers, manguiers, papayers, goyaviers, jacquiers ou autre arbres qui donnent des durians, des mangoustans… Enfin, profiter des derniers instants dans une maison coloniale transformée en hôtel avant de reprendre un vol intérieur pour Bangkok? Et pour communiquer avec vos guides, hôteliers ou conducteurs, quelques mots d’anglais suffisent. Le français est encore compris en maints endroits. Bref, une autre invitation au voyage. Ce qu’il NE faut PAS faire? au Laos – Conserver ses chaussures en pénétrant dans une pagode (et mieux vaut être habillé décemment) – Toucher la tête d’une personne, car c’est le siège de l’âme – Marchander rudemment: à l’inverse, la délicatesse fait partie de l’art et de la qualité du travail? – Craindre les « tuk tuk », les taxis, les achats au marché?: au contraire, ils sont très pratiques, efficaces, peu coûteux – Hausser le ton, montrer du doigt, faire des gestes amples et brutaux? Comme souvent en Asie, tout se passe avec calme, même les explications – Oublier le couvre-feu et tarder après minuit: inutile de se faire remarquer (cela pourrait s’assouplir d’ici peu) Et pour le reste, un rien de diplomatie suffira. La suite du voyage après les photos… Quelques trucs à savoir encore

Un laotien authentique mange du riz glutineux (1), joue du « khène » (2). Il est de tempérament plutôt pacifique et souriant (3). Pour partir à la découverte de ce pays, l’un des plus énigmatiques de l’Extrême-Orient, voici quelques informations clés: Le Laos, ex « Royaume du Million d’Eléphants » ou «Lan Xang » a une superficie 236 000 km²; son territoire est aux deux tiers montagneux avec un point culminant à 2800 m, le Phou Bia à Xieng Khouang au Nord. Le pays s’étire sur 1100 km, sur une largeur (minimale) de 150 km à peine. Le majestueux fleuve Mékong le traverse sur 1865 km. Faune et flore sont rythmées par deux saisons: sèche de novembre à mai et pluvieuse de juin à octobre. Climat tropical: le taux d’humidité est souvent proche de 100% et les températures oscillent entre 10 et 40°. Faune et flore sont quasiment demeurées à l’état sauvage dans une bonne partie du pays. Le pays compte 6 millions d’habitants, et 68 ethnies. Avec un PIB de 9,7 milliards de dollars (US), le revenu par habitant est de 1700 dollars. L’inflation est de 7,8% pour une croissance annuelle, actuelle, de 4%. Agricole à 80%, avec la riziculture notamment, le Laos est exportateur de son électricité et de diverses ressources naturelles: étain, plomb, bois précieux (teck), café, gypse? La vie nationale est rythmée par quelques grandes fêtes: le Pimay (nouvel an) à mi-avril, la fête des Fusées à mi-mai, la fête des Pirogues à mi-octobre à la sortie du Carême Bouddhique, et en décembre fête de That Luang, le monument le plus fameux abritant un cheveu de Bouddha. ____ (1) le riz glutineux (oriza glutinosa) est cuit uniquement à la vapeur dans un cône de bambou tressé et mis dans un récipient également en bambou. (2) le khène, sorte d’orgue à bouche, est un instrument de musique fabriqué avec 2 rangées de tiges de bambou de différentes longueurs et des languettes en cuivre pour former les notes de la gamme pentatonique. (3) lors de mon arrivée en France, on me faisait remarquer que je souriais tout le temps, même lorsqu’on me narrait une histoire triste. Depuis, j’ai assimilé les us et coutumes locaux de mon nouveau pays, la France – je sais faire quelques grimaces… Pour continuer de sourire, voici quelques expressions vernaculaires: Beung xang hay beung hang, beung nang hay beung mê = pour apprécier la bonne santé d’un éléphant, regarde sa queue et celle de ta future femme, sa mère. Niam hien ya hien hak = quand tu apprends (études), n’apprends pas à flirter Mit may thê hay coa sat tou = un ami de longue date peut être ton pire ennemi (en politique notamment) Pay yieb ma ma yieb khiet= sortir de la maison en trébuchant sur des chiens et y revenir sur des grenouilles ( sortir très tôt et rentrer très tard) Bo eun ya hay khan bo van ya hai tèng = ne répond que si tu es appelé, et ne cuisine que si on te sollicite (sur la discrétion) Tok pén hèng ko pén hèng, tok pén ka ko pén ka = on devient aigle parmi les aigles, et corbeau parmi les corbeaux (le dernier qui parle a raison) Sat si tinh niang hou pha lad = même un animal à 4 pattes peut glisser (errare humanum est).