Sogeti en quête de 3.100 ingénieurs

La filiale de Capgemini va multiplier les initiatives pour recruter au plus vite

Le secteur informatique risque d’être fortement impacté par les départs massifs à la retraite des baby-boomers. Bien sûr, il n’y aura pas de remplacements poste pour poste mais cette situation combinée avec une une baisse sensible du nombre de diplômés font craindre une pénurie.

Certains prennent donc les devants. C’est le cas de Sogeti, une filiale de Capgemini qui lance une large offensive afin de recruter 3.100 ingénieurs, dont 1.800 en France. Selon la Tribune, le groupe, confronté à de « réelles tensions sur le marché du travail » va multiplier les initiatives afin d’étoffer son réseau de collaborateurs. Campagne de communication, système de cooptation, présence active dans les écoles, organisation de rencontres dans de nombreuses villes…, il s’agit de séduire des candidats de plus en plus exigeants. Rappelons que selon l’Unedic, les ingénieurs informaticiens rassemblent le nombre le plus conséquent d’intentions d’embauches avec 30.000 recrutements prévus cette année. Le secteur table sur 207.000 recrutements, dont 150.000 créations nettes d’emplois, d’ici à 2015. Les profils bac+4/5 sont les plus prisés. Pénurie ou pas ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: selon l’étude de Richard Peynot, analyste senior chez Forrester, qui couvre six pays, 46% des entreprises interrogées estiment que jusqu’à 5% de leurs effectifs ‘IT’ partiront à la retraite en 2006. Pour 2007, 56% des entreprises interrogées estiment que les départs à la retraite toucheront jusqu’à 5% de leurs équipes IT. Pour autant, ces départs massifs des salariés de la génération 68 ne sont pas appelés à être remplacés poste pour poste.

« En effet, les entreprises voient leurs besoins en compétences informatiques évoluer de postes techniques, qu’elles continuent à externaliser, vers des profils plus orientés ‘business' », explique Richard Peynot. Par ailleurs, le cabinet d’études observe un repli du nombre d’étudiants en informatique en Europe (de -20 à -40% en Allemagne et en Grande-Bretagne). En France, si Forrester constate une « légère progression des diplômes », il observe aussi « moins de candidatures ». Départs à la retraite et nouveaux besoins non assurés par les grandes écoles poussent donc le cabinet d’études à évoquer un risque de pénurie. Mais tout le monde n’est pas d’accord. Pour Frédéric Lau, chargé de mission au Cigref (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises), les chefs d’entreprise n’évoquent pas et ne craignent pas de pénurie à court terme. « Les besoins existent mais il n’y a pas de pénurie. Par contre, les entreprises estiment que les formations ne correspondant pas à leurs besoins », explique-t-il. Et de préciser: « Nous pensons en fait que les seniors resteront plus longtemps en place. Il s’agit de gérer les compétences « . Un constat partagé par IBM Consulting Services qui table sur une cohabitation importante des seniors et des juniors plutôt qu’une hémorragie des compétences. « Les entreprises ont tout à gagner à faire face aux challenges du vieillissement de la population avec une politique ambitieuse et innovante « , souligne Olivier Cerbeland, Associate Partner de l’IBM Institute for Business Value.