SSII : après le rachat de Steria, Sopra prend pied dans CS

En montant au capital de CS, la société de services de Yazid Sabeg, Sopra se pose en acteur clef de la consolidation des SSII en France. Un éventuel rachat de CS constituerait un renfort de poids dans la défense, l’espace et l’aéronautique.

Après des années de relatif immobilisme, le marché des services informatique français semble bel et bien entraîné dans un mouvement de concentration. Après avoir négocié le rachat de Steria voici seulement quelques semaines et quelques jours seulement après l’OPA amicale d’Atos sur Bull, Sopra va prendre une participation dans CS Communication et Systèmes, spécialisée dans la Défense (y compris avec des produits dédiés aux communications tactiques), la sécurité et l’informatique industrielle (environ 1 700 collaborateurs, à 87 % en France).

L’opération, qui donnera à la SSII de Pierre Pasquier (en photo) entre 7,5 et 16 % du capital, prend la forme d’une souscription de Sopra à l’émission d’obligations convertibles par CS, à hauteur de la quote-part réservée à Duna, actionnaire n°1 de CS (à 45 %). En complément, Sopra bénéficie d’un droit de préemption si Duna venait à vendre sa participation dans CS, droit qui prendra effet en juillet prochain pour une durée de 4 ans. La porte ouverte à une prise de contrôle directe par Sopra. Et une porte de sortie pour Duna, la holding luxembourgeoise des deux dirigeants de CS, Yazid Sabeg (ex- commissaire à la diversité et à l’égalité des chances de Nicolas Sarkozy) et Eric Blanc-Garin.

Déjà partenaires sur le SI interarmées

De facto, malgré des implantations solides à la Défense, à l’Intérieur, chez Airbus ou EDF, CS souffre. Après une année 2012 déjà tendue, pendant laquelle le groupe a dû se séparer de son activité transports, le cru 2013 a confirmé les difficultés de l’entreprise présidée par Yazid Sabeg. Le chiffre d’affaires a dévissé (- 6,2 %,  à 162 millions d’euros) et la marge opérationnelle est riquiqui (à 3,7 % contre 4,2 % un an plus tôt). Si la société a réussi une augmentation de capital de 15 millions en août dernier, lui permettant de se désendetter pour partie, sa situation actuelle apparaît toujours précaire. Dans son document de référence 2013, CS indique avoir engagé des discussions « pour disposer de ressources complémentaires qui permettront de couvrir l’accroissement des besoins de financement de son exploitation et d’accélérer la mise en œuvre de son plan de transformation ».

Sopra et CS travaillent déjà en partenariat depuis 8 ans, sur des projets bien définis comme la refonte du système d’information interarmées, le SIA (un projet pharaonique de 750 millions d’euros courant jusqu’en 2017). L’accord du jour va étendre cette collaboration ponctuelle à l’ensemble des secteurs sur lesquels CS est présent.

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