Stéphane Nègre (Intel France): «Nous constatons un redémarrage des projets»

Stéphane Nègre, le dirigeant d’Intel France, confirme une demande très soutenue sur les processeurs de PC, particulièrement les portables. Interview.

La sortie de crise semble se confirmer. Pour Intel en tout cas dont les résultats exceptionnels du premier trimestre témoigne de signes positif du marché. Ou plus précisément un retour à la normal, comme nous l’explique Stéphane Nègre, directeur général d’Intel France.

Intel vient de présenter un excellent résultat. Comment l’expliquez-vous?

Le marché est positif, il revient à une certaine normalité en termes de demandes en volumes, ce que nous n’avions pas vu au cours des 5 ou 6 derniers trimestres. La demande est très soutenue et privilégie les dernières générations de processeurs Core i7, i5 et i3, particulièrement sur les PC portables. Autrement dit la demande est plus élevée qu’attendue à la fois en volume et en gamme. C’est un signe très positif.

Le marché français est-il en harmonie avec les résultats mondiaux?

Le marché en France s’est bien comporté. Nous n’avons pas encore les résultats des analystes qui nécessitent plus de temps mais la demande européenne et française est en ligne avec l’observation mondiale, et même au-dessus des attentes tout comme pour la zone Asie d’ailleurs. Les Etats-Unis restent en retrait de manière séquentielle mais la zone avait béneficié du meilleur 4e trimestre 2009. Nous voyons un redémarrage des projets, notamment sur les serveurs ainsi que sur les postes clients.

Le marché des serveurs affiche cependant une baisse…

Le chiffre d’affaires sur la partie serveurs baisse de 9% mais par rapport au 4e trimestre 2009 qui affichait un record historique. La baisse du 1er trimestre 2010 s’explique par un effet de saisonnalité. Mais, historiquement, c’est une très bonne nouvelle puisque la ligne serveur est en croissance de 43% par rapport au 1er trimestre 2009

Qu’en est-il de l’Atom dont le résultat est également en baisse, de 19%, sur le trimestre?

La aussi la baisse s’explique par l’effet de saisonnalité. L’Atom est essentiellement porté par les nebooks, un marché principalement très grand public, mais un marché d’entrée de gamme en termes de valeur. Au premier trimestre, il a donc subit le contrecoup d’un quatrième trimestre extrêmement dynamique.

La concurrence des architecture ARM, qu’Intel avait abordé avec les PocketPC puis abandonné, ne risque-t-elle pas de porter un sérieux coup à la croissance des Atom?

Les produits se diversifient. L’Atom, qui se concentre aujourd’hui sur les netbooks, va équiper les set-top-box, les smartphones, tablettes PC, téléviseurs, etc. L’Atom va nous permettre de positionner notre valeur en apportant la performance et la compatibilité de l’architecture x86. Intel avait effectivement investi dans l’architecture ARM avec le projet Xscale mais nous avons opéré un changement stratégique et investi lourdement, ce qui a donné naissance à l’Atom pour équiper les marchés visés par l’ARM. L’Atom est une architecture taillée pour se positionner sur l’électronique grand public tout en assurant la compatibilité avec l’écosystème x86.

Deux nouvelles puces Atom répondront aux besoins du marché sous les noms de code Soda Ville et Moorestown. Le premier est basé sur un cœur Atom avec des périphériques spécifiques pour l’électronique grand public. Le premier design officiel autour de Soda Ville est français avec la prochaine génération de la partie set-top-box de la Livebox d’Orange. D’autres designs sont attendus chez Telecom Italia et China Telecom notamment. Moorestown se destine plus aux tablettes PC avec des annonces prévues au prochain Computex de Taïwan.

Ne regrettez-vous pas votre choix après qu’Apple ait choisi d’équiper l’iPad en technologie ARM?

Evidemment qu’on regrette de ne pas équiper Apple sur l’iPad car c’est un produit très attractif mais ce n’est pas le seul. En termes de tablettes, les annonces vont se multiplier et l’expansion du marché très mobile est une bonne nouvelle pour le x86 et l’Atom. L’opérateur américain AT&T prévoit notamment de lancer une tablette équipée de l’Atom.

Au-delà des Xeon et Itanium pour serveur, Intel prévoit d’investir le marché du stockage…

Nous arrivons sur le marché du stockage avec des processeurs spécifiques pour baie de stockage en volume avec les Xeon C5500 et 3500 mais il ne faut pas que cela éclipse l’amélioration des performances sur le marché des serveurs avec nos récentes annonces Xeon 5600, 7500 et Itanium 9300.

L’annonce de l’abandon de la plate-forme Itanium par Microsoft vous pose-t-elle problème?

L’Itanium est très stratégique pour Intel. Il nous permet d’être présent sur le marché des mainframes, un marché à très forte valeur (16 milliards de dollars) même si faible en volume (5%), il est très structurant. Sur ce domaine, Microsoft Windows n’est pas l’environnement standard le plus utilisé par les entreprises qui se tournent plutôt vers les UNIX et leurs variantes. L’Itanium est donc un produit très stratégique, notamment pour HP et Bull. La R&D continue donc sur l’Itanium avec une visibilité sur les deux prochaines générations. C’est plutôt encourageant.

Le procédé de production en 32 nanomètres, employé pour les Core i7/5/3 et Xeon 5600, est-il maîtrisé?

Oui, il est parfaitement maîtrisé. Les résultats de production (le ramp) sont au-dessus de nos prévisions. Je rappelle qu’en janvier 2009, Intel a pris la courageuse décision d’investir 7 milliards de dollars sur le 32 nm. On en tire aujourd’hui les profits. Les outils de production sont aujourd’hui disponibles avec de très bons volumes. Et nous allons accélérer la production avec quatre usines en fonctionnement prochainement. Si nous avons observé une demande en 32 nm supérieure à notre offre au premier trimestre, ce qui est plutôt bon signe, c’est aujourd’hui en cours de normalisation et l’équilibre entre demande et fourniture sera atteint au deuxième trimestre.