Stéphane Richard : « Nous avons mieux résisté que les autres à l’arrivée de Free »

Orange Hello 7 novembre 2013, Stéphane Richard

Concurrence, stratégie, actualité… A deux jours du, probable, renouvellement de son mandat de PDG, Stéphane Richard revient sur la situation d’Orange.

A l’avant-veille de la réunion, mercredi 26 mars, du Conseil d’administration qui doit statuer sur le maintien de Stéphane Richard à la tête d’Orange, l’actuel PDG s’explique dans Les Echos sur l’actualité récente du secteur, son action, la situation de l’entreprise et celle du marché en France, notamment.

Sur la fusion SFR-Numericable remise en cause par la nouvelle offre de Bouygues, Stéphane Richard est prêt à jouer le jeu de la consolidation, même si un ensemble Bouygues-SFR repasserait devant Orange en parts de marché. « Ce serait un excellent lièvre pour nous. » Des concurrents forts qui auraient les moyens de « réaliser à nos côtés les investissements qui s’imposent dans les nouveaux réseaux. » Il n’en reste pas moins qu’un mariage SFR-Numericable posera un certain nombre de questions concurrentielles sur l’accès à la boucle locale du câble, les accords de mutualisation des réseaux mobiles signés entre SFR et Bouygues ou encore la question des investissements de SFR dans la fibre là où le câble est déjà déployé.

Sur la stratégie de l’entreprise, il revendique son choix d’avoir signé un contrat d’itinérance 3G avec Free. « Nous n’avons fait que protéger nos intérêts dans une situation créée par des choix politiques que nous avions toujours dénoncés. » Selon lui, cette signature a même protégé l’ensemble du secteur face à un risque de mise en concurrence des opérateurs par le gendarme des télécoms à travers une offre d’itinérance imposée et dont aurait profité Free. Du coup, « En France, nous avons mieux résisté que les autres à l’arrivée du quatrième opérateur, même si le choc a été violent ».

Sur le climat social d’Orange, Stéphane Richard reconnaît une nouvelle vague de suicides depuis le début de l’année mais se défend d’établir un lien entre eux, « dont aucun n’est survenu sur le lieu de travail », et l’entreprise. Une vision que conteste toutefois l’Observatoire du stress, l’outil des syndicats pour mesurer la température des crises salariales de l’opérateur.

Sur les écoutes, rien de ce qui a récemment été révélé (lire Orange est au centre d’un programme Prism à la française) n’est étranger au dirigeant qui rappelle « le strict cadre légal et sous le contrôle des juges » de ses échanges avec les services de l’Etat (toujours actionnaire de près de 27% du capital de l’opérateur). « Je ne me sens pas visé, cela montre plutôt qu’Orange est une entreprise stratégique. »

L’Afrique, terre d’avenir ? Si l’opérateur n’a pas les moyens de ses ambitions de déploiement en Afrique Moyen-Orient, Stéphane Richard rappelle avoir pris position dans quatre nouveaux pays du continent (République démocratique du Congo, Maroc, Irak et Tunisie) et que sa base de clients a progressé de 60 à plus de 100 millions d’abonnés. Soit, « une grande force pour le groupe » d’autant que le continent devrait connaître la plus forte croissance économique et démographique dans les 20 prochaines années.

Mais dans l’immédiat, Orange va se concentrer sur le déploiement des réseaux du futur avec la 4G aujourd’hui, la 5G demain, et la fibre optique. Réseaux qui accéléreront le basculement des réseaux vers le tout IP. Des « investissements considérables pour le groupe, plusieurs milliards d’euros dans les prochaines années ». Le développement de l’opérateur passera également par sa transformation en entreprise « numérique » avec le développement de services basés sur un modèle payant (le mobile banking, l’Internet des objets, l’eSanté…) mais aussi dans l’offre de contenus (Dailymotion).

Quant à sa reconduction, Stéphane Richard laisse la décision au conseil d’administration tout en rappelant qu’il est clairement candidat à sa propre succession malgré l’affaire Tapie (pour laquelle le dirigeant a été mis en examen). « Est-ce que cela peut me gêner dans l’exercice de mes fonctions, et gêner Orange ? La réponse est clairement non et je rappelle que le conseil d’administration s’est organisé pour vérifier à tout moment que tel est bien le cas. » Toujours est-il que, sauf surprise de dernière minute, aucun nom n’est venu ces derniers temps concurrencer celui de Stéphane Richard pour la direction de l’opérateur. Son actuel PDG devrait donc y conserver ses fonctions.


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