Stockage: chaque secteur d’activité ne se ressemble pas…

Lors de la conférence Brocade, tenue la semaine passée, Distrologie a présenté un panorama des attentes en matière de solutions de stockage. On s’en doutait un peu: les besoins ne sont pas les mêmes, entre la distribution et la banque, entre l’industrie et les services…

Parler du stockage en général a ses limites. Car, ce n’est pas une surprise, chaque secteur d’activité recouvre des spécificités qui lui sont propres. Distrilogie l’explique dans son guide 2004. Voici, en résumé, ce qui y est dit. Et mérite quelques observations.

Grande distribution Caractérisée par une multitude d’enseignes, de magasins, de dépôts et d’entrepôts, la grande distribution nécessite, du fait de cette multiplicité d’activités, des outils informatiques spécifiques au-delà des progiciels de gestion des fonctions traditionnelles (comptabilité, finance, ressources humaines). Sur le plan du stockage, on se trouve ainsi en face d’une multiplicité de sites reliés par un réseau étendu de communication, ce qui là encore multiplie les points de création et de conservation de l’information (et donc les risques). Toutefois, les importants mouvements de concentration qu’a connu ce secteur ces dernières années ont pour effet une remarquable consolidation des architectures d’information. Loin de fonctionner encore sur un modèle unique, on assiste ici à des efforts d’intégration des ressources pour les homogénéiser, tout en essayant dans la mesure du possible de conserver l’existant (économies obligent !). Or, pour gérer une supply chain aussi complexe, il est indispensable de disposer d’outils de reporting, de consolidation et de diffusion qui puissent fournir à chaque intervenant des résultats dans le moindre détail. D’où la mise en ?uvre de bases de données multidimensionnelles imposantes directement alimentées par les systèmes opérationnels. Sur le plan stockage, ceci se traduit par une volumétrie considérable nécessitant généralement plusieurs Teraoctets qui doivent être centralisés afin de permettre des traitements lourds. C’est donc un secteur sur lequel les solutions de consolidation des données font flores. Banque & Finance Marqué plus que tout autre par la mondialisation des échanges et par une concentration croissante autour de quelques grands groupes, le secteur financier utilise des réseaux transactionnels complexes tout en subissant le poids d’une réglementation particulièrement contraignante. Ici, la très haute disponibilité des systèmes est de mise, tant il est vrai que l’argent ne dort jamais. D’où le déploiement de SAN fortement clusterisés et de solutions de reprise d’activité sur des sites mirrorés synchrones. De même, les sauvegardes doivent être totalement transparentes et s’inscrire dans des fenêtres de plus en plus brèves pour ne pas pénaliser les opérations en cours. Toutefois, il n’est pas toujours simple d’harmoniser l’acquis, surtout lorsque l’on procède à de nombreuses fusions-acquisitions. D’où l’importance croissante accordée aux standards ouverts et notamment à des modèles d’interopérabilité entre systèmes de stockage comme celui proposé par la SNIA (SMI). Quant au caractère contraignant de l’évolution réglementaire, il est plus particulièrement sensible au niveau de la nouvelle réglementation mise en place par le comité de Bâle et concernant l’analyse des risques transactionnels. Idem de la loi américaine Sarbane Oxley qui réglemente l’audit des comptes des sociétés et établit des règles précises en matière d’archivage des comptabilités. Ces contraintes entraînent sur le plan du stockage (et de l’archivage) des données des conséquences spécifiques : d’une part, la capacité d’action d’une banque est désormais déterminée par rapport à ses seuls fonds propres, ce calcul reposant notamment sur la qualité du système d’information utilisé, celui-ci jouant un rôle majeur dans l’évaluation des facteurs de croissance ou de limitation de chaque établissement financier. D’où la nécessité de disposer d’un système performant et surtout toujours disponible. La nécessité d’une haute disponibilité à 99,999 % est alors impérative. D’autre part, les contraintes réglementaires ont un effet direct sur la performance de l’archivage des données financières et aussi sur la rapidité de leur extraction. D’où l’instauration d’une politique d’ILM (Information LifeCycle Management) dans ces établissements afin de garantir une extraction quasi instantanée des données archivées en cas de litige ou de contrôle (notamment dans le domaine boursier). Industrie La production industrielle connaît aujourd’hui un redéploiement à l’échelon mondial, fortement marqué par la délocalisation de certaines activités (production principalement). Ceci implique la mise en place de réseaux informatiques complexes destinés à faciliter les échanges entre le siège social, les filiales et les unités de production. De plus, ces dernières sont nettement distinctes des lieux de commercialisation, ce qui nécessite, tout comme pour la banque, la maîtrise de réglementations multiples au niveau mondial. Ce mondialisme marque d’ailleurs fortement l’architecture informatique de ces groupes. On note ainsi l’obsolescence des technologies client/serveur, puisqu’il est nécessaire de jouer la carte de la concentration des informations dans un petit nombre de lieux centralisés, les applications, quant à elles, étant distribuées sur des clients légers. Toutefois, si cette infrastructure offre de nombreux avantages en matière de déploiement et de maintenance, elle impose aussi une plus grande rigueur au niveau de son administration et de la protection des ressources centralisées (donc plus vulnérables). D’où la nécessité de déployer des systèmes de stockage fortement redondants. Par ailleurs, la nécessité d’utiliser une supply chain à l’échelle mondiale nécessite la coordination de nombreux échanges informatiques. De plus en plus axés sur des services Web, ceux-ci imposent une disponibilité au moins aussi importante que celle préconisée en matière bancaire. En conséquence, l’industrie recourt massivement aux solutions de très haute disponibilité. Services Qu’il s’agisse de B2B ou de B2C, on se trouve là encore soumis à de nombreuses contraintes aussi bien concurrentielles que techniques qui se sont principalement traduites par l’explosion des applications CRM et par le déploiement de la mobilité des intervenants (avec les problèmes de sauvegarde des données soulevés par ces nomades). De ce fait, outre la protection inhérente aux données collectées, il est nécessaire d’assurer un très haut niveau de sécurité sur ces informations qui transitent de plus en plus souvent par Internet. D’où la nécessité de coupler à l’approche stockage une approche VPN mobile. Par ailleurs, la multiplication des canaux d’intervention de l’entreprise avec ses clients impose la continuité d’exploitation du système informatique. Gérant à la fois base de données et fichiers multiples, ce secteur utilise abondamment une combinaison de systèmes NAS et SAN. Santé et industrie pharmaceutique S’il est un domaine dans lequel la volumétrie des données connaît une croissance logarithmique, c’est bien celui de la santé (et plus particulièrement de la pharmacie). Ceci tient notamment à la numérisation de nombreuses données autrefois disponibles sur des supports analogiques (l’imagerie médicale remplaçant les anciennes radiographies) et au développement des échanges électroniques entre praticiens, sociétés du secteur médical et organismes de gestion. Devant collecter des données à partir d’ensembles complexes d’équipements, ce secteur a toujours eu à c?ur de disposer de systèmes de protection et de reprise rapide d’activité performants. D’où l’importance des solutions NAS déployées et, depuis quelque temps, l’apparition de SAN destinés à consolider les informations émanant des différents systèmes. Secteur public En plein bouleversement, ce secteur tend de plus en plus vers des procédures d’e-gouvernement impliquant une gestion de données diverses tout en évitant le croisement possible de ces données. Par ailleurs, s’il est bien un domaine dans lequel la confidentialité et la sécurité sont de mise c’est bien celui-ci. Ceci se traduit par une multiplication des vecteurs de communication (Web, messagerie électronique, face à face) et par la nécessité de centraliser certaines bases afin de consolider les données acquises. D’où l’importance des réseaux nécessitant une bande passante respectable et de l’archivage. À ceci s’ajoute une ouverture sur le public, lequel doit désormais pouvoir consulter facilement les informations les concernant, ce via Internet ou le téléphone mobile. Là encore, la trinité stockage-sécurité-archivage est vitale, avec toutefois des spécificités dont semblent ne pas être encore conscients les acteurs du stockage (notamment transfert de données sur support personnel sécurisé, telle la carte citoyen). En conclusion On pourrait certes explorer encore d’autres secteurs, comme ceux de la distribution d’énergie ou des télécoms. Mais il n’est pas dans notre propos de vous livrer une étude exhaustive de l’économie mondiale. Arrêtons-nous simplement là pour souligner trois phénomènes à notre sens marquants. Désormais, le stockage est indissociable de l’archivage et plus particulièrement d’une gestion du cycle de vie des données. On n’archive plus pour archiver, mais pour prouver. Ce sera d’autant plus vrai une fois la nouvelle loi sur l’économie numérique mise en pratique. Par ailleurs, la sécurité va occuper une place de plus en plus importante dans les architectures de stockage. Pas uniquement la protection des données entendue au sens d’une garantie de fiabilité et de disponibilité des systèmes, mais aussi l’assurance que les données en question n’auront pas été corrompues ou falsifiées d’une manière quelconque. Enfin, les nouveaux modes d’interaction entre sites et utilisateurs (nomades et utilisateurs finaux) devraient amener le développement de nouveaux modes de stockage répartis.