SFR : Une stratégie internationale, des ambitions pour les entreprises

Un an après l’acquisition de SFR, Altice présente sa vision stratégique qui passe par un projet industriel de développement à l’international.

« Nous ouvrons un nouveau chapitre dans la saga SFR [qui passe par] l’industrialisation, la reconquête commerciale et le positionnement d’Altice comme un groupe mondial », s’est réjouit Michel Combes. Le directeur des opérations d’Altice et président de Numericable-SFR depuis fin août s’exprimait lors de la conférence de la nouvelle box Internet de l’opérateur (nous y reviendrons) au campus de SFR à Saint-Denis. Au côté de Dexter Goei, directeur financier d’Altice, l’ancien dirigeant d’Alcatel-Lucent, a rappelé que le projet industriel du groupe était « un projet à long terme » qui s’appuie sur une vision internationale, intégrée, à travers une entreprise propriétaire de son infrastructure avec une double convergence fixe-mobile et média. L’idée étant de « partir du très haut débit fixe pour l’enrichir de contenus et l’apporter au mobile ».

Industrialisation, innovation et investissements

Une vision qu’avait déjà tentée de mettre en œuvre Jean-Marie Messier et Vivendi dans les années 2000, avec le succès que l’on sait. « Mais les technologies n’étaient pas prêtes », défend Michel Combes. Aujourd’hui, elles le sont, notamment avec le très haut débit (THD) et qui va permettre à Altice d’installer son modèle en s’appuyant sur trois leviers : l’intégration et l’industrialisation des télécoms et des média; l’innovation technologique; et les investissements.

Sur le volet intégration, Altice va s’appuyer sur sa dimension internationale pour faire travailler les filiales ensemble selon leurs spécificités. Ainsi, Portugal Telecom (PT) apportera son expertise sur la fibre quand SFR partagera ses connaissances en matière de box alors que HOT, en Israël, pourra faire profiter de son expérience dans les contenus. Une équipe de 50 personnes sera dédiée à ce plan d’intégration des services.

Vers un rachat de Numergy

A l’échelle mondiale, Altice profitera ainsi de sa base installée de 40 millions d’utilisateurs après les intégrations des américains Suddenlink et CableVision attendus pour la fin de l’année et au premier semestre 2016 respectivement. Ce qui portera le marché de l’entreprise à 1 million de clients dans le monde. « Cela va nous permettre de mutualiser notre approche de services aux entreprises », indique Michel Combes. A commencer par des services managés à l’échelle mondiale et une offre Cloud unifiée. Dans ce cadre, notons que Numericable-SFR devrait finir par racheter Numergy. « Nous finalisons un projet pour pérenniser l’activité et les emplois », nous a déclaré Jérôme Yomtov, directeur général adjoint de SFR (Numericable-SFR). L’entreprise détient près de 47% du Cloud souverain avec Atos (20 % à travers le rachat de Bull) et la Caisse des dépôts (33%). Une solution d’intégration similaire à celle qu’Orange a appliqué avec CloudWatt en mars dernier.

Autre point d’optimisation de la dimension transnationale d’Altice : la mutualisation des achats à la charge de la filiale Altice Procurement qui vise notamment à « mieux négocier les achats » ne cache pas Michel Combes. Selon lui, les tensions qui ont accompagnées l’arrivée de Numericable chez SFR en novembre 2014 sont aujourd’hui apaisées. « Les relations avec les fournisseurs ont été renouvelées. Il était indispensable de remettre à plat à plat une structure de coûts héritée d’une époque où le marché n’était pas aussi concurrentiel qu’aujourd’hui. » Mais le dirigeant assure qu’ils en seront payé en retour avec l’internationalisation d’Altice. « Nos fournisseurs viendront chasser sur de nouveaux territoires. » Notamment les États-Unis.

4 milliards d’euros d’investissements par an

Sur le levier de l’innovation, Altice met en place une nouvelle organisation, les Altice Labs. Environ 1000 ingénieurs partagés entre la France, le Portugal, Israël et la République dominicaine, se consacreront au développement des produits dans le cadre d’un écosystème de partenariat avec des centres universitaire et d’industriels. Ils seront prochainement rejoints par les équipes américaines.

Enfin, sur le volet des investissements, Michel Combes rappelle que le groupe conserve un niveau d’endettement (de 4,5 fois l’Ebitda) qui lui permet d’investir plus de 4 milliards d’euros par an, dont 2 milliards en France. Un montant qui va augmenter, assure le porte-parole du groupe. « L’investissement est au cœur du projet industriel », assure le dirigeant. Cela se traduira par un déploiement annuel de 2 millions de lignes très haut débit en France dès l’année prochaine en vue d’atteindre les 18 millions en 2020 et les 22 millions en 2022. « Le plan du gouvernement France THD sera réalisable grâce à SFR », s’enflamme le responsable.

S’il reconnaît que le réseau a pâti des sous-investissements de SFR (« En tant que fournisseur [Alcatel-Lucent] j’ai vu SFR se mettre en pause après la sortie de Vodafone sur la partie radio et transport »), il assure que la qualité de l’infrastructure commence à revenir et « qu’il n’y aura plus de problèmes majeurs en 2016 ». Sur le réseau mobile, SFR espère couvrir 70% de la population en 4G dans le courant du premier trimestre 2016 (contre 60% environ aujourd’hui) et 90% à l’horizon 2017. Des investissements similaires, toutes proportions gardées, sont également prévus à l’international. Par exemple, PT aura déployé 5,3 millions de prises fibres d’ici la fin de la décennie.

Zive Box SFR

La nouvelle box de SFR est à l’image de cette volonté d’innovation et de conquête de marché. Disponible à partir du 17 novembre, la « Box Zive pour SFR » (ou « Zive Box » dont les consonances ne sont pas sans rappeler celle de la Live Box d’Orange) offre un disque dur de 500 Go, du Wifi à 1750 Mbit/s, introduit les interfaces réseau telles que le Bluetooth et le NFC que SFR accompagnera de nouvelles applications (par exemple, approcher le smartphone de la box pour le connecter automatiquement au Wifi) et supporte la vidéo 4K. Une technologie taillée pour le service Zive de vidéo à la demande que lance SFR en parallèle. Dotée de 5000 titres (400 en 4K), l’offre s’étoffera à 15 000 titres fin 2016. « Nous aurons des productions originales », a indiqué Eric Denoyer, directeur général de Numericable-SFR. Faut-il entendre que le groupe se lancera dans la propre production de ses contenus à la manière de Netflix ? Ses 40 millions d’abonnés et l’expertise de Hot en la matière le lui permettent. Zive sera disponible pour moins de 10 euros par mois aux clients de SFR, et même intégrée dans l’offre premium à partir de Power Plus.

Box Zive de SFR
Box Zive de Box

A noter cependant que, contrairement à ce que son nom pourrait laisser entendre, la Zive Box ne sera compatible qu’avec le réseau de Numericable à terminaison coaxiale (FTTB). La version FTTH pour la fibre de SFR n’arrivera qu’en 2016, probablement vers le milieu de l’année. Si « le débat FTTx est risible » aux yeux de Michel Combes qui dénonce la polémique autour de l’opposition fibre/câble, il semble pourtant que, au-delà de la désignation des technologies employées et de la sémantique, il se pose déjà aux clients sous SFR désormais partagés entre les infrastructures câbles et fibre. Les équipes des boutiques désormais réunies sous la marque SFR auront fort à faire pour expliquer aux clients SFR fibre qu’ils n’auront pas droit à la nouvelle box SFR dans un premier temps. Au risque de faire fuir un peu plus les derniers fidèles de la marque ?


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