Stephen Elop (Nokia): «Notre plate-forme est en feu»

La maison Nokia prend feu. Stephen Elop, son P-dg, prévoit des « efforts » significatifs que le constructeur devra faire pour sauver les meubles sur le marché des smartphones.

Ce n’est pas une surprise, Nokia va mal (toutes proportions gardées, le constructeur ayant vendu plus de 461 millions de terminaux en 2010 contre 440 millions en 2009). Plus surprenant en revanche, son nouveau P-dg Stephen Elop ne prend même plus la peine de relativiser la situation. Dans un e-mail envoyé à ses salariés, et dont l’AFP et Engadget.com se sont procurés une copie, il fait le compte-rendu (amer) des difficultés rencontrées par le constructeur finlandais ces derniers mois et les défis qui l’attendent.

« Nokia, notre plate-forme est en feu. […] Pourquoi sommes-nous à la traîne alors que le monde autour de nous évolue ? », s’interroge le dirigeant dans sa missive, rapporte ITespresso.fr. Il compare ici Nokia à un homme piégé sur une plate-forme pétrolière, qui doit choisir entre périr dans l’incendie ou se jeter à l’eau pour tenter d’en sortir vivant…

Ces derniers mois, le fabricant nordique a été complètement dépassé par l’envolée des smartphones iPhone et Android, ne cessant de perdre, inéluctablement, des parts de marché au fil des trimestres. Stephen Elop n’y va pas par quatre chemins. Il y aura « un immense effort à fournir » de la part des collaborateurs « pour transformer l’entreprise ». Car c’est maintenant qu’il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard.

Côté matériel, comme logiciel, Nokia reconnaît son retard concurrentiel depuis plusieurs mois, voire années. « Le premier iPhone est sorti en 2007, et nous n’avons toujours pas de produit qui se rapproche de cette expérience. Android est arrivé sur le devant de la scène deux ans après, et cette semaine, il s’est approprié notre position de leader sur le marché des ventes de smartphones. Incroyable », martèle le P-dg. Sans oublier les déboires du N8 présenté à son lancement comme le concurrent frontal de l’iPhone.

Du côté des OS mobiles, ce n’est guère plus brillant. Le patron de Nokia ne manque pas de saluer les innovations de ses concurrents pour montrer les faiblesses du fabricant finlandais. « Apple a bouleversé le marché, en redéfinissant le smartphone et en attirant de nombreux développeurs vers un écosystème fermé mais très puissant. […] Apple a changé les règles du jeu. » Quant à Android, « il est devenu une force gravitationnelle ». Des louanges que ne pourront qu’apprécier les principaux concernés. « Nos concurrents ne ce sont pas attribués nos parts de marché avec des terminaux, mais avec un écosystème entier », souligne-t-il très justement.

Et Nokia dans tout ça ? Pas assez compétitif. Selon lui, l’OS Symbian a fait son temps. Si la plate-forme MeeGo, co-developpée avec Intel, représente une opportunité, elle risque d’être supplantée si elle ne se s’impose pas plus vite sur le marché. « A cette vitesse, à la fin 2011, nous n’aurons qu’un seul smartphone MeeGo sur le marché », se lamente Stephen Elop. Le N900 en l’occurrence.

Le 11 février prochain à Londres, le P-dg de Nokia va tenter de sauver les meubles et dévoilant les axes d’une nouvelle stratégie. Il devrait, dans le même temps, annoncer le renouvellement d’une bonne partie de son équipe dirigeante. Des rumeurs persistent également sur un rapprochement de Microsoft pour adopter Windows Phone 7. Une stratégie trop risquée, à nos yeux, pour être crédible.