Sun casse le marché des serveurs ‘Risc’

Le constructeur des processeurs Sparc annonce deux serveurs, les Sun Fire T1000 et T2000 à base de technologie ‘Ultrasparc T1’ (Niagara). Puissance, réduction de la consommation et prix sont au rendez-vous

Sun Microsystems appartient au club très fermé des sociétés informatiques qui sont encore capables de nous surprendre ! Et avec ses nouveaux serveurs RISC sur base SPARC, Sun pourrait séduire plus d’un service informatique en panne de nouveauté aptes à séduire le technicien et le financier !

Qu’on en juge par le contenu de l’offre : Sun vient donc d’annoncer deux serveurs RISC, derniers nés de sa gamme Sun Fire, le T1000 (1u) et le T2000 (2u). Au c?ur de ces serveurs en rack, le fabricant a placé sa technologie CoolThreads, le premier processeur UltraSPARC T1 (Niagara) à disposer de 8 c?urs et de 32 threads. Ce dernier n’est pas exactement révolutionnaire sur un plan technologique, puisqu’il répond à la nouvelle approche des fondeurs qui peinent à trouver des relais de puissances et préfèrent désormais jouer la carte du ‘Lego’ en assemblant des c?urs. Mais là où ses concurrents s’affrontent à coup de dual-core, Sun est déjà présent en 8 cores ! On pourra lui reprocher l’absence de puissance en virgule flottante, mais ce n’est pas ce que le constructeur a recherché, et la satisfaction des utilisateurs que nous avons rencontrés en dit long sur la pertinence de l’offre. D’ailleurs, comme le confirme Jonathan Schwarz, le CEO de Sun, la virgule flottante concerne moins de 1% des utilisateurs. Mais alors, que demandent-ils ? Tout d’abord de la capacité de traitement avec un coût réduit, et là ils sont servis avec 32 threads capables d’évoluer simultanément. Et ceci en toute transparence car les nouveaux Sun Fire sont associés à Solaris 10, l’Unix de Sun dont la gratuité est loin d’être le moindre de ses défauts et qui surtout sait gérer ce type de configuration. Solaris est en effet un atout majeur pour Sun. D’abord parce qu’il se révèle l’outil idéal pour gérer une telle puissance de traitement, mais aussi parce qu’à la différence de ses concurrents (HP-UX ou IBM AIX), Sun a su faire évoluer son produit là où les autres Unix semblent figés – attendant la fin ? D’autant plus que Solaris est réputé pour la compatibilité verticale de ses applications, qui – si leur développement a respecté les règles de l’art imposées par l’éditeur – peuvent passer en toute transparence d’une version à l’autre de l’OS. Sur les applications qui supportent le multi-tâches, un simple paramètre au démarrage permet d’accéder directement aux 32 threads ! Mais l’UltraSPARC T1 possède d’autres atouts et en particulier la technologie CoolThread? Quelles sont les préoccupations nouvelles qui retiennent l’attention des directeurs informatiques ? Face à des directions générales à la recherche des moindres coupes franches en matière de coûts, le volume des machines, mais surtout leur consommation, sont devenus des préoccupations majeures. Volume mais aussi poids des machines ! Combien de salles informatiques ont été contraintes de renforcer leur sol afin de supporter le poids d’un serveur blade ? 32 threads sur une baie unique avec l’UltraSPARC T1 ? l’équivalent de 10 serveurs Xeon – on imagine l’économie en terme de place réalisée avec les nouveaux Sun Fire. Mais le plus sensible provient de la consommation. Le cumul de la dissipation de chaleur sur les serveurs (un paradoxe sur les ‘blade’ pourtant conçus à l’origine pour apporter un taux d’intégration élevé et donc assembler des composants à faible dissipation) et de l’énergie nécessaire pour ventiler et climatiser les salles informatiques est un gouffre financier. Pour répondre à cette problématique majeure, l’UltraSPARC T1 s’impose très nettement face à ses concurrents. Ainsi, le modèle 8 c?urs et 32 thread ne nécessite que 70 watts en consommation. Pour une puissance de traitement parallèle nettement supérieure, la consommation d’énergie est réduite au moins de moitié, et donc le rapport à la climatisation réduit lui aussi de moitié. Quant le poste énergie d’un service informatique atteint parfois le million d’euros, on imagine l’économie et la satisfaction des directions ! Cette capacité devrait d’ailleurs signer prochainement le retour de Sun sur la scène des serveurs ‘blade’ (lames). Autre argument majeur qui pourrait militer au profit de Sun, son agressivité tarifaire. Fidèle à sa politique (les serveurs Galaxy sont les moins chers du marché des serveurs x64), Sun annonce en effet des prix à faire pâlir la concurrence : le modèle Sun Fire T2000 disponible début 2006 est annoncé à 7.795 dollars, en configuration 8 cores, 32 threads, 9,6Ghz, 32Go et 340 watts. Le modèle d’entrée de gamme Sun Fire T1000 devrait suivre en mars 2006, au prix de 2.995 dollars pour 4 c?urs, 16 thread, 2Go et 180 watts. Cerise sur le gâteau, Sun propose à ses clients un programme ‘Try and Buy‘ : un serveur Sun Fire T1000 ou T2000 mis à disposition dans l’entreprise et dans la configuration demandée préparée en usine, et ce durant 60 jours. Là aussi, Sun surprend par le risque qu’il prend avec une offre qui jusqu’à présent été réservée par les constructeurs aux seuls tests de leurs grands comptes? « Notre priorité n’est pas la vitesse, mais 32 personnes qui travaillent en même temps« , nous a déclaré Marc Tremblay, le ‘père’ de l’UltraSPARC T1. Une approche qui devrait séduire les utilisateurs, surtout si la réduction d’espace et de consommation leur permet d’améliorer leur ROI (retour sur investissement). Une inquiétude demeure, cependant? Quelles sont les chances de succès des nouveaux serveurs Sun Fire Niagara ? Ils devraient séduire en priorité les utilisateurs de la gamme SPARC, qui vont y trouver une réponse à leurs attentes. De quoi peut-être mettre fin temporairement à la migration des clients historiques vers d’autres types de serveurs concurrents. Mais on s’intéressera surtout à l’intérêt que portera le marché non captif du constructeur à la technologie CoolThreads de Sun. Celle-ci renferme des arguments de puissance et financiers aptes à casser le marché des serveurs RISC et à relancer le constructeur? Mais rien n’est gagné encore !