Sun défend sa bande

Après les propos très engagés d’EMC sur la fin annoncée du stockage sur bande, Sun réagit aux propos de nos interviewés en la personne d’Olivier Tordo, Storage Practice Director chez Sun Microsystems France

Pourquoi Sun souhaite-t-il intervenir sur “la mort annoncée de la bande” par EMC dans les dernières interviews de silicon.fr ?

Ce n’est pas la première fois qu’EMC annonce la fin du stockage sur bande. Chez Sun, nous ne constatons pas de vague de remplacement de la bande par le disque dur. Nous enregistrons même une croissance au niveau mondial sur ce segment, de l’ordre de 1 à 2 % sur les deux derniers mois en France.

Sur les équipements haut de gamme, la croissance est même très forte. Elle est toujours intéressante en milieu de gamme. En revanche, sur l’entrée de gamme, nous constatons assez logiquement une décroissance. Et ces croissances concernent autant le nombre d’unités que le chiffre d’affaires. Des tendances qui devraient se confirmer, car les entreprises cherchent à consolider, et expriment un besoin d’archivage avec une longue durée de conservation. Nous avons d’ailleurs racheté la société Storagetek il y a deux ans, dont les technologies et le savoir-faire représentent autant d’atouts pour adresser ce marché.

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Qu’en est-il sur les aspects financiers entre bande et disque ?

Côté financier, les informations stockées sur bande ne nécessitent plus de consommation énergétique, ce qui n’est pas le cas avec les disques. Si le disque flash incarne une évolution intéressante, le coût de possession est de l’ordre de 1 pour 100 comparé à la bande, contre 1 pour 10 entre la bande et le disque classique. Certes, le prix des disques baisse constamment de 30 % par an. Cependant, il n’y aura pas de raison purement économique de passer de la bande au disque dur avant 2020.

Sur le terrain, comment réagissent les entreprises ? La bande est-elle encore une technologie de pointe ?

Tout d’abord, il convient d’analyser la situation en fonction des usages. Ainsi, les entreprises ne souhaitent pas se débarrasser de leurs bandes, mais plutôt créer un niveau intermédiaire entre les infrastructures à bande et les disques. L’objectif : trouver le bon équilibre les coûts d’achat, d’exploitation, humains ou énergétiques. Et les grandes entreprises se positionnent clairement sur des environnements mixtes. Autres éléments à considérer : le besoin en temps d’accès et la fréquence d’accès à l’information. Aujourd’hui, la bande innove et se montre très performante. Par exemple, notre lecteur de bandes T10000 permet de stocker jusqu’à 1 To sur une seule bande, et notre lecteur de quatrième génération T9840 assure une compatibilité maximale avec les bandes existantes évitant les ruptures technologiques et les migrations difficiles.

Datacenters, consolidations et fusion/acquisition multiples… génèrent des contraintes de continuité de service avec engagement sur les niveaux de qualité de services, qu’il est tout à fait possible de respecter avec des librairies de bandes. Cela explique que nous réalisions 40 % de notre chiffre d’affaires sur le haut de gamme (matériels et services), et beaucoup sur nos nouvelles solutions. Car ces dernières apportent 50 % de densité supplémentaire et réduisent fortement les coûts énergétiques. D’ailleurs, nous travaillons actuellement en flux tendus sur ces produits depuis deux mois.

Difficile pourtant de défendre ce type de position sur les petites entreprises ?

Effectivement, le marché des PME/PMI est en décroissance sur les équipements d’entrée de gamme. Cependant, nous conservons ces produits et assurons leur suivi, autant pour les clients existants que pour les filiales de groupes désirant harmoniser leur parc. Les clients ne nécessitant pas une évolutivité importante se sont équipés de petites librairies. Toutefois, sur ce segment, nous proposons -nous aussi- plutôt des appliances à base de disque pour quelques dizaines de milliers d’euros. La bande ne représente alors qu’une alternative.

La bande est-elle encore au cœur des préoccupations des DSI ? N’est-elle pas définitivement enterrée par le disque ?

Les responsables informatiques s’interrogent aussi, et de plus en plus, sur les disques. En effet, l’explosion des volumes de données réclame un stockage en volume. Conséquence : de plus en plus de disques à gérer et à alimenter. Et malgré une baisse continue des prix, les coûts de maintenance et d’exploitation explosent, ainsi que la facture énergétique. Ils souhaitent donc que nous les aidions à maîtriser ces coûts. Et, entre autres, la virtualisation sur bande représente aussi une solution efficace.