Sun : le Solaris nouveau est arrivé !

Nouvelle version, nouveaux services, nouvelle tarification du support,
sécurité renforcée, et nouvelle stratégie marketing, Solaris, le système
d’exploitation Unix ouvert et gratuit de Sun, veut séduire à tout prix…

En proposant la dernière version de son système d’exploitation Solaris 10 en téléchargement et RTU (Right To Use) gratuits voici deux ans, Sun Microsystems a pris un gros risque, qu’il a confirmé en lançant une version open source de son OS, Open Solaris.

Aujourd’hui, deux ans après cette migration stratégique, le bilan est plutôt positif pour Sun : en plus de Sparc, Solaris est supporté par plus de 800 plates-formes x86, dont Sun, HP, IBMet Dell; 6,8 millions de licences ont été téléchargées ; plus de 6.000 applications majeures sont supportées, dont Bea, IBM, Oracle, SAS, SAP, Siebel, Sybase, Sun et Symantec; ainsi que des centaines d’applications open source ; et des applications open source clés y sont intégrées en standard, PostgreSQL, Apache, Tomcat, MySQL, GCC/SGCC, etc.

Indéniablement, Solaris séduit, par sa puissance, sa stabilité, son très haut niveau de sécurité, ainsi que sa double orientation, horizontale ? Solaris est une alternative de poids aux OS serveurs comme Windowsou Linux? et verticale face à AIXou HP-UX.

Une des clés de ce succès est aussi à rechercher dans l’offre qui accompagne Solaris, en particulier le package gratuit auquel a droit tout utilisateur qui a téléchargé gratuitement l’OS, avec les ‘releases‘, les patchs de sécurité et leur outil de gestion Sun Update Manager, et la formation en ligne.

Dernier point fort, le support. Certes il n’est pas gratuit, mais sa performance n’est plus à démontrer, avec l’expérience des années Sun dispose de plusieurs longueurs d’avance face à ses concurrents qui émergent du monde Linux.

Le moment est donc venu pour l’éditeur de relancer la machine autour de son OS, d’autant que son adoption crée systématiquement une ouverture pour vendre du support, bien évidemment, mais aussi vendre du matériel, serveurs, stockage, etc., tous estampillés Sun.

La stratégie de reconquête de Sun sur Solaris s’appuie tout d’abord sur le support, avec une offre progressive et agressive. Sun propose cinq niveaux de support, du simple e-mail par incident facturé 49 dollars et destiné aux développeurs, à une offre sur mesure, toutes versions, tous supports (même des systèmes non Sun) et 24/7.

Le choix des offres de support intermédiaires –Basic, Standard et Premium –dépend de la taille et du niveau de complexité recherché par l’entreprise. En revanche, Sun a réglé la question du poste, processeur, Container, session virtuelle?, en adoptant la facturation au socket.

Agressive aussi par sa tarification, que Sun a placée systématiquement en dessous de celle ? devenue la référence, Novell SUSE a adopté la même approche ? de Red Hat. Le qualité en plus si l’on se réfère aux clients Solaris que nous avons rencontrés !

Second axe stratégique, les distributeurs. Sun a créé un label ‘Solaris Ready‘ destiné à ses distributeurs et qui leur ouvre le droit de pré-installer Solaris sur des systèmes x86 non Sun, tout en disposant d’une remise supérieure à 50 %. Certes, cette possibilité était accessible auparavant, mais sans bénéficier du support de l’éditeur.

La labellisation s’accompagnera de campagnes de marketing, qui n’auront bien évidemment pas la puissance d’un Microsoft qui lance Windows Vista, mais qui en revanche viendront en contre point du rouleau compresseur de ce dernier.

Troisième axe, Sun a enrichi son offre de services, regroupés sous le label Professional Services. Le plus notable est probablement l’ensemble d’outils de migration qui sont proposés. Qu’elle que soit l’origine des systèmes dans l’entreprise –IBM AIX, HP-UX, Tru64, VMS, Red Hat, Novell SUSE Linux ou Microsoft Windows ? Sun dispose d’offres spécifiques pour la migration vers Solaris.

Sun se veut également didactique et pédagogique. Avec par exemple la publication de guides ‘How To, qui portent de l’installation à l’amélioration des performances, en passant par la consolidation, la virtualisation, la sécurité, etc. Ou encore la multiplication des informations et formations en ligne.

On notera aussi l’offre de test avec la mise à disposition durant 60 jours de serveurs et stations de travail Sun avec Solaris 10 pré-installé. Ce n’est certes pas une nouveauté, l’offre a été lancée avec les serveurs Galaxy, mais Sun détourne sa vocation première, les serveurs, pour l’orienter vers l’OS avec l’intime conviction de vendre le matériel dans la foulée.

Et la technologie, dans tout cela ?

Solaris 10 est aujourd’hui disponible dans sa version 11.06 qui aligne 10 millions de lignes de code. Sun a maintenu son équipe de développement, mais son OS suit désormais deux voies convergentes, Solaris et Open Solaris. Et l’éditeur s’est engagé à conserver une compatibilité binaire et code source à 100 %

De son côté, Open Solaris dispose d’une communauté de 18.800 membres, qui ont apporté 259 contributions, dont 138 ont déjà été intégrées dans le code source. Et il existe d’ailleurs aujourd’hui sept distributions reconnues basées sur le code de Solaris !

Sun dispose donc de deux sources complémentaires pour faire évoluer son OS, et ne manque pas de les faire cohabiter. L’exemple le plus flagrant de cette complémentarité est certainement DTrace, framework dynamique de ‘tracing‘ et première contribution de la communauté, aujourd’hui intégrée à Solaris 10.

Solaris est donc un OS particulièrement actif, à l’image des communautés open source, qui ne cesse d’évoluer. La dernière version Solaris 10/11.06 apporte d’ailleurs son lot de nouveautés et en prépare de futures. Dans la virtualisation, par exemple, avec les évolutions des Containers, des Logical Domains, ou du futur hyperviseurbasé sur Xen.

Sur un serveur UltraSPARc, Logical Domain (LDom) autorise jusqu’à 32 instances d’OS sur un serveur CoolThread. Les Containers Solaris sont disponibles sur Sparc et x86. La virtualisation est intégrée au noyau Solaris et les applications disposent d’une forte isolation, sans aucun impact sur la performance. Enfin, au deuxième trimestre 2007 Xen sera intégré à Solaris et accueillera des invités de type Solaris, Linux ou Windows.

C’est là peut être qu’est le plus grand challenge de Sun, imposer Solaris dans les environnements de serveur Web, la cible devenue traditionnelle de Linux sur laquelle la technologie Solaris peut faire mieux si elle est bien maîtrisée!

Solaris 10 apporte aussi ses Containers ‘volants, pour dupliquer les environnements, gérer des ressources et pics de charge, ou encore apporter un plan de secours.

Autre nouveauté importante et très attendue, ZFS, le premier file system 128 bits pour la gestion et l’intégrité des données de bout en bout, et faciliter la virtualisation du stockage. ZFS sera d’ailleurs intégré à la prochaine version de Mac OS ‘Leopard‘.

Enfin, Sun annonce Solaris Cluster 3.2 et son lot d’applicatifs. Comme la Geographic Edition pour les clusters distants mais sans limite de distance et la gestion de la reprise applicative multi-cluster et multi-sites. Cluster HA-ZFS pour gérer le basculement des ressources de stockage ZFS. Cluster Agent pour gérer les Containers. Cluster Wizard pour l’intégration des applications majeures. Ou encore Cluster Service Level Management pour la mesure et la visualisation des ressource système, le pilotage par seuil, l’allocation et le contrôle de processeurs par application.

Sun pourrait nous réserver encore bien des surprises…

Sun est encore loin d’avoir dévoilé toute sa stratégie avec Solaris 10. Son dynamisme apporte un démenti formel à ceux qui avaient quelque peu prématurément enterré l’Unix du constructeur. Car Solaris 10 est certainement l’OS systèmes qui évolue le plus rapidement et le plus en profondeur aujourd’hui, avec un potentiel important. Tout en étant gratuit?

Les administrateurs systèmes peuvent à juste titre s’interroger sur la pertinence de leurs choix, car Solaris se présente comme une alternative solide et sécurisée à Linux et Windows Server, ou à ses concurrents Unix vieillissants.