Superpuissance de l’outsourcing, l’Inde contrôle 56 % du marché mondial

L’Inde reçoit plus d’un dollar sur deux dépensé en externalisation IT ou de processus métier (BPO). Une manne de 108 milliards de dollars pour le sous-continent, qui a raffermi son leadership sur ce secteur clef pour son économie.

Malgré les difficultés du marché de l’outsourcing – où les gros contrats se raréfient -, malgré la montée en puissance d’un mouvement comme le Devops qui ne plaide pas pour le recours à l’offshore, l’Inde a raffermi sa mainmise sur le marché mondial de l’externalisation. Selon le Nasscom, le syndicat des prestataires du sous-continent, l’industrie locale du BPO et de l’externalisation IT contrôle désormais 56 % du marché mondial, contre 52 % en 2012. Le secteur emploie 3,5 millions de personnes sur le sous-continent, un total qui a grossi de 230 000 unités en 2015. C’est comme si l’industrie IT indienne avait, sur la seule année dernière, créé l’équivalent de la moitié des emplois de l’industrie française du logiciel, des services et du conseil en technologies. Tout récemment, le Syntec Numérique hexagonal recensait en effet 412 000 personnes travaillant dans ces secteurs.

Grâce à une croissance à deux chiffres, le chiffre d’affaires à l’export de l’industrie IT indienne atteint désormais 108 milliards de dollars. A comparer aux 31 milliards de chiffre d’affaires du secteur des services et du conseil en France. L’écart entre le rapport chiffre d’affaires par employé en l’Inde (31 000 euros par personne) et en France (75 000 sur l’ensemble du secteur IT, logiciel compris) illustre bien ce qui reste l’atout n°1 du sous-continent : des compétences bien formées à des prix très compétitifs. « Même les villes les plus cotées comme Bengalore continuent à être entre 8 à 10 fois moins chères que les pays sources (ceux d’où proviennent les commandes, NDLR) et restent moins onéreuses que d’autres destinations low cost », assure Achyuta Ghosh, le patron de la recherche du Nasscom, cité par nos confrères de ZDNet.com.

En France, l’offshore piétine

Le recours à l’offshore indien a surtout percé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne – la proximité linguistique et les salaires élevés dans ces pays aidant –, beaucoup moins dans l’Hexagone. La dernière étude du Syntec Numérique, datant de début avril, estime que seulement 8,2 % du marché des services en France va vers des pays low cost, dont l’Inde. Soit un total de 2,6 milliards d’euros en 2015.

Le succès du sous-continent sur ce créneau ne date pas d’hier. « L’Inde est l’unique exemple d’un géant parvenant encore à croître dans un environnement aussi concurrentiel », assure Achyuta Ghosh.  Qui observe que les exportations en IT et BPO de la puissance asiatique ont doublé au cours des six dernières années.

En plus de ses mastodontes dans les services – comme TCS, Infosys ou Wipro employant chacun entre 150 000 et 320 000 personnes -, l’Inde a su créer un écosystème de start-ups, le Nasscom en recensant 4 200. Ce qui en ferait, à l’échelle internationale, le troisième pays le plus prolifique en la matière, derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

A lire aussi :

Capgemini : un modèle offshore de plus en plus rentable… jusqu’à quand ?

L’offshore en Inde fait-il encore recette ?

Crédit photo : monotoomono / Shutterstock