Symbian: le marché des mobiles va se sur-segmenter

L’éditeur du système d’exploitation le plus utilisé par les fabricants de mobiles multimédias estime que le marché est à la croisée des chemins. Il ne croit pas à la convergence des combinés. Au contraire

Fonctions e-mails, photos, musique, télévision, Web Internet… Les mobiles sont aujourd’hui de plus en plus perfectionnés et ressemblent de plus en plus à des PC de poche. Les ‘smartphones’, combinés intelligents, prennent aujourd’hui le pas sur les mobiles basiques. Conséquence: le marché des systèmes d’exploitation dédiés est en pleine ébullition. La concurrence fait rage. Alors, qui imposera son O.S. sur ces mobiles multimédias? Comment va se comporter le marché? Quels éditeurs tireront leur épingle du jeu?

Sur le terrain des ‘smartphones’, le marché laisse apparaître un leader et trois poursuivants loin derrière. Le britannique Symbian domine le secteur depuis plusieurs années. Ce consortium est composé de différents fabricants de mobiles: Ericsson, Samsung, Siemens, Sony-Ericsson et Nokia qui en est le premier actionnaire. Ses concurrents sont: Microsoft et son Windows Mobile -qui grappille des parts de marché-, PalmOS, et les systèmes dérivés de Linux encore marginaux. Aujourd’hui, 32 millions de combinés sont équipés de Symbian qui profite à la fois de la force de ses actionnaires et du volume de logiciels délivrés. Sur le marché des ‘smartphones’, sa part de marché est au premier trimestre 2005 de 61,4%, Microsoft se contente de 18,3% et PalmOS, 10,5% (source Canalys). Pour asseoir sa domination, Symbian mise sur la « sur-segmentation du marché » alors que d’autres parient sur la convergence des mobiles multi-usages. « Nous sommes à la croisée des chemins », explique Simon Garth vice-président marketing. « Notre perception est simple: les gens ne veulent pas de combinés tout-en-un. Pour chaque usage, il y aura un mobile spécifique. La convergence va se développer mais le marché demandera de la personnalisation ». Plate-forme unique et personnalisable Pour autant, Symbian ne développera pas ses O.S. en fonction des usages. L’éditeur opte pour une autre solution: proposer aux fabricants de combinés et aux opérateurs une plate-forme commune, ouverte et homogène mais fortement personnalisable. « C’est une clé pour les opérateurs qui ont besoin d’éléments de différenciation », souligne le VP. Symbian appelle ça la ‘plateformisation’ de l’O.S. qui permet une segmentation du produit à partir de la même plate-forme. Ce qui permet aux opérateurs de décliner des services à moindres coûts. Car cette première brique permet ensuite l’intégration aisée des contenus qui sont fournis par des entreprises tierces. A la différence de systèmes fermés qui exigent plus de développement dans le cas d’intégration de services annexes. Suivez mon regard… Symbian est en fait à contre-courant de la stratégie de Microsoft qui, avec Windows Mobile 5.0, propose une plate-forme plus fermée intégrant tous les produits de la firme. « Leur vision est très différente, ils misent sur des solutions bout en bout, mais est-ce la demande du marché? », s’interroge Simon Garth. Linux n’est pas gratuit Ce qui n’empêche pas les deux concurrents de s’allier. Symbian et Microsoft ont en effet scellé un accord surprise en mars dernier autour de la messagerie et d’Exchange. Le logiciel de synchronisation du courrier électronique ActiveSync de Microsoft sera proposé par Symbian à ses clients professionnels. Une aubaine pour Symbian qui s’ouvre ainsi en grand le marché professionnel (PDA communicants) dominé par Microsoft et RIM avec son fameux Blackberry. Si Microsoft est considéré comme un concurrent sérieux, Linux ne fait pas peur à Symbian. De plus en plus de fabricants (Motorola, Sagem, Siemens) et d’éditeurs (PalmSource) se tournent vers des O.S. dérivés du Pingouin. Motorola souhaite même que la moitié de ses futurs combinés soient motorisés avec du « libre ». « Linux n’est pas une plate-forme déclinable pour mobile, c’est juste un O.S. », prévient immédiatement Simon Garth. « Il faudra du temps pour développer une alternative sérieuse et homogène. Ce développement exigera des coûts importants. Ceux qui pensent que Linux est gratuit se trompent gravement ». Pan sur le bec! Pour Symbian, l’horizon est dégagé. Avec des actionnaires/clients comme Nokia, le défi est aisé à relever. A moins que Nokia ne décide de prendre le contrôle du consortium, ce qui risquerait de faire fuir les autres actionnaires. Une première tentative du finlandais a échoué il y a tout juste un an. En attendant, les objectifs sont à la hauteur de ses ambitions: l’éditeur londonien table sur une part de marché de 80% en 2006 dans les smartphones. Symbian est-il déjà le Windows des mobiles? Sécurité: le point noir de Symbian?

Depuis plusieurs mois, Symbian est la cible préférée des nouveaux virus et autres ‘malwares’ mobiles. Logique: le système d’exploitation est présent sur une majorité de combinés. Tout comme dans le monde PC avec Windows, les pirates s’attaquent d’abord aux systèmes les plus répandus. Après Cabir ou Commonwarrior, les éditeurs de sécurité ont repéré cette semaine Doomed-A, un nouveau cheval de Troie visant les mobiles sous Symbian série 60. Pour autant, Symbian se dit serein.

« Il s’agit d’abord et avant-tout de proofs of concept », souligne Simon Garth, vice-président marketing de Symbian. Il faut vraiment faire n’importe quoi avec son mobile, télécharger des fichiers provenant de sites Internet louches pour se faire contaminer. Par ailleurs, la propagation de ces codes malicieux est très faible ». Et de poursuivre: « Mais nous faisons très attention à ce problème. On développe de nouveaux outils de protection. Mais il faut d’abord éduquer l’utilisateur. Par ailleurs, il faut se méfier du discours toujours très alarmiste des éditeurs de sécurité qui cherchent à vendre leurs solutions ».