Télétravail : le modèle de « remote company » divise les géants de l’IT

Gartner télétravail

Adopté sous la contrainte du covid-19 pour certaines sociétés de l’IT, le modèle de « remote company » s’impose dans les réflexions comme une forme d’organisation à developper à court terme.

Quel est l’avenir du travail sur site ? En pleine crise du covid-19 qui a imposée le télétravail massif, la question divise les géants de l’IT.

Du côté des partisans de la  » remote company », on trouve les deux grandes plateformes de services :  Facebook et Twitter.

Le premier a diffusé une communication interne de Mark Zuckerberg ce 21 mai affirmant que d’ici 5 à 10 ans, la moitié de ses effectifs ( aujourd’hui 45 000 personnes) seront en télétravail intégral. Si les procédures de mise en place d’un tel dispositif restent à définir, le message est fort sur le changement de doctrine qui va redessiner la politique immobilière du groupe avec la création de « hubs » dans certaines villes ( Atlanta, Dallas et Denver sont cités) plutôt que des bureaux « classiques » pour permettre des moments de rencontre entre télétravailleurs.

Cette nouvelle approche  permettrait de  » concentrer l’énergie de recrutement dans certaines villes où nous pouvons trouver des centaines d’ingénieurs.  » a expliqué Zuckerberg cité par Reuters.  Les réductions de coût sur l’investissement immobilier ne sont pas encore chiffrées mais un modèle de « remote company » aura des effets sur la masse salariale puisque les salaires sont en partie indexés sur le coût de la vie dans les villes de résidence des salariés. En s’éloignant des grandes zones urbaines, en particulier San Francisco, au profit de villes plus petites et moins chères,  le niveau des salaires devraient baissé.

Facebook et Twitter disent oui

Pour l’heure, la majorité des salariés de Facebook va rester en télétravail jusqu’à la fin de l’année mais 40 % se disent intéressé pour pérenniser cette situation, selon une étude interne. Une majorité exprime son envie de retourner dans les bureaux.

Même son de cloche du côté de Twitter (près de 5000 salariés) où son CEO  a annoncé une décision similaire quelques jours plus tôt : les salariés qui le souhaitent pourront basculer totalement en télétravail dès 2021, à l’issue de la situation actuelle imposée jusqu’à la fin de l’année. 

GitLab, une « remote company » depuis l’origine

Chez GitLab, la plateforme de gestion de codes source, la question ne pose pas pour les 1400 salariés. Créé sur le modèle de « Remote Company » intégrale, avec trois fondateurs basés dans trois pays différents, elle met à jour un document sur ses expériences sur le sujet.  Y compris celle d’avoir fermé un mini-bureau loué à San Francisco, pour les services financiers et le marketing, faute de candidats pour y passer ses journées de travail.

Le phénomène se répand au delà des start-up et des métiers de l’IT comme le montre le site (payant) Flexjobs qui recense et met en relation les entreprises et les « remote » travailleurs.

Microsoft et Apple plus réticents 

Pour beaucoup de grands acteurs, la période de télétravail ( prévue au moins jusqu’à la fin de l’année) ne sera pas étendue sur le très long terme.

Dans un entretien au New-York Times, Satya Nadella estime que basculer dans un modèle total de « remote company » reviendrait à remplacer un dogme par un autre.  Même son de cloche chez Apple où domine la conception de hardware qui exigerait une présence sur ses sites.

Reste que l’électrochoc provoqué par le covid-19 sur les finances des entreprises et l’appréhension des salariés à fréquenter des espaces clos va sans doute faire évoluer la réflexion.