Teradata Universe 2013 : les analytiques du Chelsea FC

L’intervention remarquée du directeur exécutif du club de foot de Chelsea est venue afficher une vision originale de l’analytique au service d’une activité sportive professionnelle, basée sur l’humain, mais pilotée par l’argent.

En direct de Copenhague : le monde de l’analytique touche aujourd’hui à tous les domaines. La diversité des métiers couverts n’a d’égale que celle des usages que l’on peut trouver à la donnée. Teradata Universe est une nouvelle fois venu nous le rappeler…

Chelsea FC : le foot sous analyse

L’intervention de Michael Forde, directeur exécutif des opérations du club de football britannique Chelsea FC, a été l’une des plus remarquées.

L’usage de l’analytique dans le foot professionnel s’est généralisé durant ces dernières années, lancé semble-t-il par le club de Milan, le premier à avoir poussé très loin l’application de statistiques et d’algorithmes dans ce sport fortement médiatisé. Mais surtout richement doté de budgets parfois extravagants !

L’analyse des données dans la pratique du sport n’est pas une nouveauté. Ce qui l’est, en revanche, c’est l’optimisation de l’analyse de l’information dans un but non plus collectif, l’amélioration de la performance d’une équipe, mais dans celui de la gestion des talents et des comportements individuels.

Un modèle analytique qui intègre le sportif

Le schéma qui suit affiche le modèle de performance retenu par Chelsea FC, soit l’ensemble des données qui sont désormais analysées en interne (le document a été saisi à la volée, sa qualité est moyenne).

Les données concernent quatre domaines : le coaching, pour la sélection des joueurs, la gestion des entrainements et l’accompagnement des managers ; le recrutement, pour identifier les talents d’aujourd’hui ; le médical, pour suivre la santé des joueurs ; et les sciences sportives, pour « maximiser l’état physique des joueurs ».

Le club s’est également doté d’une solution Prozone, qui via trois caméras disposées en des emplacements stratégiques sur un stade permet d’assurer la traçabilité. Le résultat nous a d’abord surpris, nous donnant l’impression d’assister à la démonstration d’un jeu vidéo, sur le modèle d’un ‘Football Manager’. Sauf qu’ici il ne s’agit pas d’un jeu, mais bien de gérer les joueurs.

Le cycle de gestion de l’équipe, basé sur l’analyse des données collectées, permet par exemple de proposer la disposition des footballeurs sur le terrain, avec des qualifications selon les postes occupés. Pour cela, le système dispose de KPI qui renvoient vers une soixantaine de schémas compétitifs. Les comparaisons entre clubs qui s’affrontent sont plus classiques.

Claude Makelele sous l’emprise des algorithmes

Suivent les modèles dédiés aux joueurs. Michael Forde cite l’exemple de Claude Makelele. Les analytiques qui concernent ce footballeur ont permis de valider le positionnement du joueur sur le terrain et son rôle dans l’équipe.

Si la médiatisation d’une équipe porte généralement sur les joueurs qui marquent des buts, c’est oublier qu’il y a trois rôles clairement définis par Chelsea : « ceux qui mènent la balle vers le but, ceux qui marquent le but et ceux qui empêchent de marquer un but ».

Le recrutement dans la moulinette

Autre rôle primordial de l’analytique dans un club de football, le recrutement. Pour prendre la dimension de la problématique, rappelons que la valeur financière des transferts de footballeurs en Europe est de 4 milliards d’euros par an ! Une somme qui mérite bien que les technologies IT s’y intéressent. En la matière, la marge d’erreur des clubs est réduite, par exemple les joueurs européens ne restent en moyenne que 1,9 année dans un club de ligue.

L’analytique doit donc permettre de réduire les risques de recrutement. Étonnamment, les clubs de football dont les équipes sont les plus âgées sont ceux qui, à l’exemple une nouvelle fois du Milan AC, pratiquent le plus l’analytique.

La courbe en cloche de l’analyse du cycle de vie d’un joueur est essentielle. Sauf exception un joueur est rarement efficace dès son recrutement : ses performances vont progresser dans le temps, puis logiquement régresser. Il s’agit pour le club de réduire la durée de sa progression positive, de maintenir le joueur au top le plus longtemps possible et de limiter ensuite son rythme d’obsolescence.

Gérer le cycle de vie du footballeur

Un footballeur est un produit sur lequel le club investit. Son cycle de vie en ferait presque un produit comme un autre. Et comme dans l’entreprise, la gestion du cycle de vie d’un produit est stratégique.

En revanche, l’objectif n’est pas systématiquement que le produit footballeur soit au top, mais qu’il s’en approche le plus longtemps possible afin d’offrir une ‘rentabilité’ moyenne élevée. Le grand joueur est une exception, mais c’est la présence dans une équipe de joueurs réguliers aux performances élevées qui permet au grand joueur d’exister ou de survivre !

L’un des rôles de l’analytique dans un club de foot est donc de permettre l’optimisation des courbes de performance des footballeurs par une meilleure connaissance des composantes qui décrivent et qui font un joueur.

Il en ressort par exemple que l’âge a une influence dans certains domaines – positifs comme sur la qualité des passes, les duels, les tackles ou les dribbles ; ou négatif comme de marquer des buts – ce qui permet d’orienter le positionnement des joueurs et leur rôle sur le terrain, et d’optimiser le lourd investissement qui est fait sur leur tête en prolongeant leur efficacité dans le temps.

Voilà comment les analytiques peuvent participer à l’allongement de l’âge des footballeurs dans une équipe maintenue efficace, et donc à amortir les investissements… Mais comment également des scorecards peuvent orienter l’investissement dans le recrutement de certains joueurs à partir d’indicateurs qui vont porter sur le joueur, ses résultats, le club et la ligue dans lesquels il évolue, etc.

Michael Forde, Directeur exécutif des opérations de Chelsea FC

Quant à Michael Forde, directeur exécutif des opérations de Chelsea FC, il conclut sur quelques conseils : définir ce qui permet de gagner ; comprendre le séquençage du succès ; bien exécuter les bases, tout le temps ; accepter le changement et ne pas craindre de ‘recalibrer’ ; rechercher à l’extérieur les bonnes idées ; et trouver l’équilibre entre ‘art & science’ en favorisant la maturation des talents.


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