Thierry Zilberberg (Orange Healthcare) : « L’eSanté, un marché à plusieurs milliards d’euros »

L'eSanté, un marché à plusieurs milliards d'euros | Silicon

Télésurveillance, dématérialisation des radios, solutions de communication pour l’hôpital… Tour d’horizon des solutions d’eSanté d’Orange Healthcare à l’occasion du salon HIT 2012.

« Le marché de l’eSanté est un marché à plusieurs milliards d’euros selon les analystes », nous déclare Thierry Zilberberg, vice président exécutif au sein d’Orange Healthcare, que nous avons interrogé à l’occasion du salon HIT 2012 (Health Information Technologies, du 22 au 25 mai à Paris). A raison de ratios de 2 % à 6 % des investissements informatiques des systèmes de santé (7 % aux Etats-Unis contre 3,5 % en Europe), on veut bien le croire. A titre d’illustration, le plan Santé de Barack Obama s’élève à 23 milliards de dollars.

Quels sont justement les besoins de ce marché en devenir ? Du point de vue de l’opérateur, il s’agit de « transposer dans le monde de la santé le transport et l’hébergement des informations ». Lesquelles sont divisées en plusieurs types : celles émises et échangées entre professionnels du secteur (dossiers médicaux, messagerie professionnelle, milieu hospitalier, etc.); et celles émises par les patients vers les professionnels de la santé (la télésanté).

Dans le premier cas, Orange Healthcare s’illustre notamment par la mise en place de « région sans film », un système de numérisation qui vise à dématérialiser intégralement les radios sur film, lesquelles sont alors consultables à distance depuis leurs fichiers numériques. En partenariat avec General Electrics (pour la numérisation), le programme est aujourd’hui fonctionnel dans 8 hôpitaux d’Île-de-France et devrait atteindre la vingtaine d’établissements pour la fin de l’année.

Surveiller les malades à distance

Le deuxième cas, la télésanté, s’apparente à de la télésurveillance de patient visant à développer son maintien à domicile tout en assurant son suivi. Dans ce cadre, Orange Healthcare travaille avec le fabricant Sorin autour d’un pacemaker connecté. Concrètement, l’implant transmettra aux médecins les données de fonctionnement et diagnostics cardiaques de manière quotidienne. Le tout en mode radio depuis un petit boîtier relié à la box résidentielle. Cela évitera au patient de revenir régulièrement à l’hôpital pour collecter les données comme c’est le cas aujourd’hui dans des rythmes trimestriels. Et, le cas échéant, de prévenir les éventuelles variations de santé du patient. La solution doit être commercialisée en juin prochain.

La division santé d’Orange s’est également intéressée aux données transmises par les patients (ou plutôt utilisateurs dans ce cas) vers eux-mêmes ou la communauté. Il s’agit, par exemple, de pèses-personne communicants qui, associés à une applications en ligne, assurent un suivi du poids de l’intéressé(e). « Orange n’est pratiquement pas présent sur ce marché du bien être car nous avons rapidement réalisé qu’il n’était pas possible de monétiser les services, nous confie Thierry Zilberberg. Pour le moment du moins. »

Mais l’offre de « flexible computing santé » peut aller très loin dans la technologie. Notamment dans l’imagerie médicale ou l’opérateur propose, en partenariat avec Priben, un système de partage des images d’anatomopathologie (examen des cellules pour distinguer notamment les cellules malades des cellules saines dans le cas d’opérations de tumeurs cancéreuse). « Il y a peu de spécialistes pour vérifier la nature des cellules donc ils sont facilement débordés par les demandes qui les obligent à se déplacer d’hôpitaux en hôpitaux. » Numérisés, les échantillons sont mis en images et les fichiers centralisés pour une consultation déportée à partir de n’importe quelle station de travail disposant d’une bonne résolution graphique. « Cela permet de travailler à plusieurs spécialistes et à distance. » Et éviter d’autant le report d’opérations, parfois vitales, faute de disponibilité de l’expert.

Le SMS pour la prise de rendez-vous

Sur le salon, Orange Healtcare présente notamment le « parcours santé », une solution qui permet de raccourcir les délais et gestion de prise de rendez-vous à l’hôpital par SMS. Concrètement, le médecin fixe le rendez-vous avec l’hôpital qui le confirme au patient par SMS. « Les hospices civiles de Lyon ont déjà déployé la solution avec un retour très significatif en économisant 400 000 euros sur les frais de rappels aux patients », indique le responsable. La solution est également en cours de test au CHU de Montpellier qui « veut être le hub de la médecine de la région et travaille avec les médecins de ville en ce sens ». L’opérateur historique fait déjà acte de présence dans le milieu hospitalier avec Connected Hospital, sorte de Livebox qui permet au patient de retrouver les contenus multimédia depuis son lit d’hôpital et qui est également utilisée par les professionnels pour accéder au dossier du patient depuis la chambre. 1500 lits sont équipés en France.

Le marché est bien sûr international. Et Orange Healthcare s’active en Espagne, en Pologne, à l’Île Maurice mais aussi en Afrique et Asie. Car, si l’Occident s’affaire à utiliser les technologies IT pour renforcer l’efficience de l’information santé, dans les pays émergents les solutions de communication jouent un rôle direct dans l’accès aux soins, faute de disponibilité de médecins. Orange a ainsi mis en place une « healthline » au Bhoutan (au Sud de la Chine) qui permet d’obtenir un premier diagnostic médical par téléphone. Une solution que l’opérateur réfléchit à transposer en Afrique, notamment sous forme de SMS « très utilisés dans la région ».

Pour mémoire, Orange Healthcare est une division d’Orange créée en 2006 pour répondre aux besoins de ce nouveau marché. Et « si on espérait un démarrage plus rapide, le chiffre d’affaires de la division progresse de matière très satisfaisante », selon notre interlocuteur qui n’entrera pas dans le détail des chiffres. Il y voit notamment un grand avenir car, « si aujourd’hui les solutions sont dédiées au secteur hospitalier, demain elle s’adresseront aux médecins de ville ».

crédit photo @ Orange