Tim Berners-Lee promeut le HTML5 et s’oppose à l’ACTA

À l’occasion de la conférence 2012 du World Wide Web, son illustre inventeur, le Britannique Tim Berners-Lee, a réaffirmé l’importance des fondamentaux du web, l’ouverture et l’interopérabilité, et appelé les développeurs à l’action.

Lors de la conférence mondiale du World Wide Web qui s’est tenue pour la première fois en France, à Lyon, du 16 au 20 avril, Tim Berners-Lee, 56 ans, inventeur du web en 1989 lors de ses recherches au CERN*, n’a pas ménagé ses efforts pour réaffirmer haut et fort les bienfaits des standards ouverts, de l’interopérabilité et d’une navigation éclairée.

HTML et applications mobiles

Sans surprise, M. Berners-Lee s’est félicité du succès du web mobile, mais a regretté que les applications actuellement développées soient le plus souvent fermées. Le créateur du web et directeur du consortium W3C a donc plaidé pour le développement d’applications mobiles basées sur le HTML5, afin que celles-ci puissent s’exécuter sur n’importe quel navigateur, et ce quel que soit le système d’exploitation utilisé (iOS, Android, BlackBerry, Windows, etc.)

L’ingénieur a par ailleurs appelé les développeurs à soutenir un écosystème ouvert. « Si quelqu’un vous demande de développer une application mobile, dites-lui qu’une application web ouverte peut être tout aussi bonne, tout aussi sexy (qu’une appli fermée) », a-t-il déclaré mercredi devant un public de professionnels réunis à la Cité Internationale de Lyon.

« Nous devons passer 90 % de notre temps à créer des trucs cool avec Internet, et consacrer les 10 % restants à protéger l’infrastructure sur laquelle repose tout ceci. Sans ça, nous ne pourrons plus innover, parce que la plateforme sera verrouillée », a insisté M. Berners-Lee.

Qui contrôle les données ?

Tim Berners-Lee s’inquiète également du lobbying pratiqué par certains industriels et du contrôle que des gouvernements cherchent à exercer sur le web, son accès et ses contenus. Il a notamment évoqué les menaces législatives, économiques et politiques qui pèsent sur la confidentialité des données privées.

M. Berners-Lee a pointé du doigt l’Accord commercial anti-contrefaçon ACTA, les projets de loi américains anti-piratage PIPA (Protect IP Act) / SOPA (Stop Online Piracy Act) ou encore le texte anti-cybercriminilatié CISPA (Cyber Intelligence Sharing and Protection Act). « Il y a un nombre incroyable de lois discutées dans les parlements, sans que la plupart des gens ne s’en rendent compte », a-t-il déploré.

Dans un entretien accordé au Guardian, Tim Berners-Lee a également souligné que les individus n’ont pas encore compris toute la valeur des données personnelles détenues à leur sujet par les entreprises du web.

Il a par conséquent invité les internautes à la responsabilité et à la vigilance à l’égard des sociétés qui stockent, utilisent et partagent leurs données à des fins commerciales. Enfin, Sir Berners-Lee a exhorté les utilisateurs de services en ligne à réclamer leurs données auprès de sociétés comme Google et Facebook, et ce afin d’en reprendre le contrôle et d’obtenir des services hyper personnalisés dans des domaines variés, de la formation à la santé.

*Centre européen de recherche nucléaire.