Tiscali.fr: Telecom Italia détaille ses projets pour la France

Quelques jours après l’officialisation du rachat de Liberty Surf (Tiscali.fr), l’opérateur historique italien fait le point sur sa stratégie en France. Objectif: entrer dans le Top 3. 500 millions d’euros seront investis

Heureux nouveau propriétaire de Liberty Surf (qui exploite en France la marque Tiscali) pour 280 millions d’euros, Telecom Italia donne le détail de sa feuille de route. Au programme: investissements massifs, concentration sur le dégroupage total et les services associés, co-existence des marques Alice et Tiscali et maintien des équipes. L’objectif premier pour l’opérateur italien est de rentrer dans le Top 3 des FAI français, derrière Wanadoo et Free.

Avec ce rachat, Telecom Italia revendique en France environ 380.000 abonnés haut débit: 340.000 apportés par Tiscali France et 40.000 par Alice. L’opérateur italien se hisse donc dans le top 5 mais reste loin derrière les leaders: Wanadoo compte 2,9 millions d’abonnés, Free: 1 million, AOL: 455.000 et Neuf Telecom: 450.000. Pour parvenir à la troisième place, Telecom Italia va miser fortement sur le dégroupage total qui permet à l’abonné de quitter totalement France Télécom. Pionnier en la matière avec Alice, l’opérateur compte porter à 100, le nombre de villes qui bénéficieront de cette technologie, pour une couverture de 46%. Pour ce faire, 350 millions d’euros seront investis dans les infrastructures (voir notre article). Néanmoins, la volonté de Telecom Italia est bridée par le contexte actuel du dégroupage total qui dans notre pays avance lentement. « Sur nos 40.000 abonnés haut débit Alice, 25.000 ont opté pour le dégroupage total », explique Ricardo Ruggiero, administrateur délégué de l’opérateur. « Mais pour le moment, rien est fait pour dynamiser le marché. On attend avec impatience les actions du régulateur, notamment dans les conditions d’accès qui doivent être garanties par France Télécom. Il faut également améliorer la portabilité du numéro. Enfin, comme en Italie, l’opérateur historique devra subir des pénalités en cas de retard, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ». Le cahier de doléances est donc très clair… En parallèle, Telecom Italia compte mettre l’accent sur les services associés comme la VoIP, la TV via l’ADSL, etc., grâce à l’intégration des actifs des deux sociétés. Seul moyen pour l’opérateur de séduire la clientèle, le prix n’étant plus un argument discriminant. 150 millions d’euros seront investis dans le marketing et la publicité (le démarchage à domicile, très critiqué, devrait donc être moins utilisé). Concernant l’intégration de Liberty Surf, les choses sont claires. Pour le moment, les deux marques continueront à coexister en parallèle. Tiscali.fr et Liberty Surf ne seront pas remplacés par Alice, « mais cela dépendra de l’évaluation de la notoriété et des perspectives commerciales de chacune. », nuance Ricardo Ruggiero. Les deux équipes de management seront maintenues ainsi que les effectifs de Tiscali.fr (650 personnes). « Nous n’avons aucun plan social en tête, pour faire face à nos objectifs de développement, on a besoin de tout le monde », souligne l’administrateur délégué de l’opérateur. Voila qui rassurera les équipes françaises sur les dents depuis plusieurs mois. D’ailleurs des mesures conservatoires ont été conclues avant le rachat. Tiscali a donc de hautes ambitions en France, mais le marriage probable entre Neuf Telecom et Cegetel pourrait les remettre en cause (voir encadré). Concentration et Europe

Telecom Italia est un FAI européen qui désormais compte 5,2 millions de clients haut débit en Italie, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Face à un marché hyper concurrentiel, la concentration fait rage. Mais l’opérateur estime avoir atteint une taille critique.

« Nous n’envisageons pas d’acquisitions dans les trois prochaines années », souligne Ricardo Ruggiero, administrateur délégué de l’opérateur. Mais les choses pourraient changer. Notamment en France. Le mariage prévu en France entre Neuf Telecom et Cegetel donnerait naissance au numéro 3 du marché. Et ce mariage contrecarrerait les ambitions de Telecom Italia en France. « La consolidation paraît naturelle et logique. En cas de fusion entre ces deux FAI, nous n’envisageons pas de contre-attaque pour le moment ».