Tour de France (3): Mirage Orange et Orange amère?

Les spectateurs apprécient de voir passer le Tour par leur ville, mais
grognent sur ce déploiement de haute technologie qui repart avec la caravane

Comme le prouvaient nos précédents articles sur le Tour de France, cet événement itinérant relève du Tour de Force? technologique. Créée par le journall’Auto en 1903, l’épreuve sportive a toujours bénéficié des technologies de pointe de son époque, et a été l’occasion de tester les innovations. Support de choix pour le journalisme moderne (éditoriaux, chroniques, reportages de terrain?), il verra les premiers reporters radio en direct en 1930, puis les premières diffusions télévisées en direct et en extérieur dès 1948 ! Financé par des sponsors, intéressés par la communication et la publicité liée à l’événement, le Tour nécessite des moyens de communication à la hauteur de l’enjeu international qu’il incarne.

Jusqu’à dix mois de préparation

D’ailleurs, les équipes de l’opérateur se démènent bien avant le Tour pour préparer ces infrastructures. Entre les autorisations administratives (les licences, même temporaires, nécessitent des démarches), les repérages (terrain, relief, etc.), et les installations en place? plusieurs mois sont nécessaires. Bref, le Tour ne s’arrête jamais. « Par exemple, en novembre, nous étions à Tignes avec un grand camion Orange pour étudier la couverture : fibre optique, fréquences hertziennes, déploiement des relais? » explique Henri Terreaux, responsable du dispositif technique Orange pour le Tour de France, en montrant une photo du camion sous la neige. Un exemple intéressant. En effet, deux lignes en fibre optique relient Albertville à Moutiers, une fibre assure l’acheminement jusqu’à Bourg Saint-Maurice. Et Orange a prolongé jusqu’à Séez puis Montvalezan-La Rosière. Bien entendu, cette fibre restera en place, au profit des administrés. Le reste du dispositif est passé par de l’hertzien.

Les zones grises voient Orange !

Car la colère gronde dans le public. Les villes étapes voient passer de l’accès Internet à haut débit éphémère, et une meilleure couverture de télépho nie mobile pendant quelques heures. Alors, bien entendu, les contribuables grimacent lorsque le Tour s’éloigne, avec sa caravane, les télévisions et toute cette technologie. Et, comme chaque année, les critiques amères fusent : « Pour une fois que mon mobile Orange fonctionnait plein pot? » ; « On n’a pas plus de 512 Kbits/s, et les partenaires du Tour installés sur la place bénéficiaient de plusieurs Mbits/s. Merci Orange ! » La pilule est dure à avaler? Pourtant, l’opérateur n’est pas responsable de cet état de fait. En effet, cette entreprise ne peut se permettre d’étendre le haut débit pour tous sans raisonner sur le retour de cet investissement. Or, dans de multiples situations, cette équation est déjà bien chancelante. Mais avec le temps?

De plus, ces charges d’aménagement du territoire et de désenclavement économique relèvent des missions des élus. D’ailleurs nombre d’entre eux déploient aujourd’hui divers réseaux combinant sans fil (Wimax, Mesh, etc.) et filaires (câble ou fibre optique). Patience ! La France investit actuellement dans la quasi-totalité des départements sur ces infrastructures de l’information. D’ailleurs, nous sommes en tête de l’Internet à haut débit ! Profitez donc de vos vacances pour vous en assurer? Même les États-Unis sont bluffés par notre situation en la matière.

En attendant, le passage du Tour dans sa ville reste un événement et une opération de promotion appréciables. D’autant que cette année, France Télévision a monté des plateaux en invitant de nombreux artisans et notables locaux aux côtés de grandes stars. Et il n’y a pas qu’Internet et le mobile dans la vie, non ?