Derrière la SIM de Microsoft se cache le Français Transatel

Microsoft a choisi la solution SIM 901 de Transatel pour apporter la connectivité cellulaire aux PC et tablettes Windows 10. Une SIM qui s’affranchit des opérateurs nationaux.

La semaine dernière, on apprenait que Microsoft avait retenu l’offre de Transatel pour apporter la connectivité cellulaire aux terminaux Windows 10. Ce qui permettra à leurs utilisateurs de se connecter à Internet en 3G ou 4G-LTE lors de leurs déplacements en complément du Wifi. « En seulement quelques clics, les consommateurs seront capables d’acheter facilement des services de données cellulaires prépayées sur les terminaux Windows 10 concernés », promet Eric Lockard, vice-président, directeur du développement chez Microsoft.

Mais comment un « modeste » opérateur mobile virtuel (MVNO) français a-t-il réussi à séduire le géant de Redmond ? « L’histoire a démarré il y a un an et demi, lorsque Microsoft a commencé à réfléchir à la connectivité de Windows 10, raconte Bertrand Salomon, co-fondateur et directeur général adjoint de Transatel (en photo ci-dessus). Les équipes du système d’exploitation qui gèrent ces questions depuis Redmond ont regardé les ‘enablers’ sur le marché et retenu une vingtaine d’acteurs. » Après écrémage, l’éditeur s’est focalisé sur un partenaire « capable de comprendre leurs besoins de connectivité et de les aider à naviguer là-dedans ». Transatel en l’occurrence.

Une SIM pour un pays virtuel

Plus précisément, Microsoft a été séduit par l’offre SIM 901 du MVNO. Cette puce exclusivement data 3G/4G LTE utilise un code de réseau mobile (NMC) international. « 901 est le code qui désigne un pays virtuel, non géographique, à l’origine destiné à la téléphonie par satellite et offshore, rappelle Bertrand Salomon. Nous sommes le premier opérateur virtuel à l’avoir obtenu pour la data. » Une initiative qui permet à Transatel d’opérer aujourd’hui dans 38 pays, une cinquantaine d’ici la fin du trimestre. Soulignons à ce sujet que c’est le choix final de Redmond qui a poussé l’opérateur à déployer son infrastructure outre-Atlantique. « Alors que nous pensions que Microsoft voulait un partenaire pour couvrir l’Europe, ils nous ont demandé si on savait le faire aux Etats-Unis. Ça nous a poussé à y déployer notre réseau, avec notre partenaire Affirmed Networks. » Aujourd’hui, le MVNO est connectés à 7 opérateurs nationaux dont Orange en France, EE au Royaume-Uni et AT&T aux Etats-Unis.

Disposer de son propre code réseau permet en effet à Transatel de nouer des accords de roaming avec des opérateurs nationaux et de gérer le trafic depuis son propre cœur de réseau avec la garantie de qualité et le système de facturation qui l’accompagne. « On offre une interface unique pour se connecter à nos systèmes et permettre au constructeur de provisionner et gérer la SIM sans avoir à passer par l’opérateur du pays, explique le dirigeant. Cela leur ouvre d’autres services et développe de nouveaux modèles économiques ». Si aujourd’hui, la SIM 901 se retrouve dans les portables et tablettes, demain elle pourrait intéresser les fabricants d’appareils photos, de consoles de jeux et tout autre système embarqué nécessitant de la connectivité comme… les automobiles. « Nous discutons avec les constructeurs automobiles, concède Bertrand Salomon, mais c’est plus long car plus engageant en regard de la durée de vie d’une voiture comparée à celle d’un PC. Notre ambition sera de s’intégrer dans la chaîne de valeur d’un équipementier. »

Attirer l’attention des constructeurs informatiques

D’ici là, Transatel espère attirer l’attention des constructeurs informatiques. « La demande est là, assure le responsable. Avoir un seul agrégateur pour de la connectivité mobile dans une SIM MVNO est un réel avantage » pour les constructeurs qui ne sont plus liés à un opérateur pour chacun des pays couverts. D’autant que Transatel se joue du format de la carte. « En matière de SIM nous sommes agnostiques et proposons aussi bien de la SIM plastique classique que le format puce électronique directement intégrée dans l’appareil. » Un gage de gain ergonomique et économique. « Nous invitons en fait les constructeurs à se tourner vers les vendeurs de SIM, Gemalto, Oberthur ou autres, nous nous contentons d’apporter notre profil opérateur à la SIM. » Laquelle n’a plus besoin d’être changée en cas de basculement éventuel d’opérateur, la connectivité étant pilotée depuis le cœur de réseau de Transatel. Un avantage certain, notamment pour les constructeurs auto qui n’ont ainsi pas besoin de rappeler les véhicules.

Si l’on peut raisonnablement penser que les Surface de Microsoft seront les premiers appareils à bénéficier de la SIM 901, il faut espérer qu’un autre constructeur de PC sous Windows 10 accompagnera les premières offres de connectivité de Microsoft. Quand et où ? L’éditeur de Redmond n’est pas très disert sur cette question. « Microsoft n’a pas communiqué sur les premiers pays concernés. Il évoluera par étapes à travers un pilote dans un nombre restreint de pays et d’appareils pour vérifier les usages avant d’élargir son lancement », avance Bertrand Salomon.

1,7 million de SIM

Le succès espéré de Microsoft fera donc potentiellement celui de Transatel qui compte bien développer son réseau mobile à travers 4 ou 5 points de présence pour « couvrir l’offre de connectivité embarquée dans un maximum d’appareils dans le monde et générer le cellulaire comme un bon complément du wifi ». Une stratégie initiée il y a trois ans avec le développement de l’offre SIM 901 et qui s’inscrit aujourd’hui comme un nouvel axe de développement pour la PME française de 160 personnes aujourd’hui qui fournit la connectivité à plus de 1,7 million de cartes SIM 15 ans après sa création.


Lire également
Quel avenir pour les MVNO en France ?
Apple affûte ses armes pour devenir opérateur mobile
Google vient concurrencer les opérateurs mobiles avec son Project Fi