Très haut débit à la campagne : Altitude propose son mode d’emploi aux élus

Le fin fond des campagnes risquent-elles d’être les grandes oubliées du très haut débit, comme elles le sont aujourd’hui du haut débit ? Un petit guide téléchargeable destiné aux élus fait le point. Mode d’emploi pour mieux agir.

« En 2025, 100% des foyers seront équipés en très haut débit. » Tel est l’engagement pris par Nicolas Sarkozy, président de la république,  en 2010.  Entre les deux dates,  la trajectoire est loin d’être linéaire, ni même assurée, surtout pour les foyers situés dans les zones rurales…
Ce sont les élus  de ces zones, non rentables pour les grands opérateurs, qui sont particulièrement concernés par la problématique de l’isolement numérique. Aujourd’hui encore, près de 500.000 foyers ne sont toujours pas desservis par l’ADSL.  Le cabinet Altitude Infrastructures, spécialisé dans l’aménagement numérique des collectivités, publie un petit ouvrage, le Numérique à la campagne (téléchargeable à partir de cette page) qui fait le point sur les problématiques  du très haut débit dans les territoires ruraux : contexte de la politique nationale en terme d’aménagement numérique du territoire, données techniques et sociétales sur le très haut débit,  voies possibles pour développer les infrastructures nécessaires, questions financières. Tous ces points sont abordés de façon claire et concise.

Deux milliards, et puis quoi ?

Aujourd’hui, le fonds d’aménagement numérique du territoire est doté de 2 milliards d’euros, dans le cadre du grand emprunt. « Ce doit être un levier pour le très haut débit pour tous en 2025 . Les collectivités se disent qu’elles doivent agir,  en s’appuyant sur  ces deux milliards d’euros du grand emprunt pour soutenir leurs projets », explique David El Fassy, président d’Altitude Infrastructure, lors de la présentation de l’ouvrage à paris, le 23 novembre. « Le livre est conçu pour les élus qui n’ont pas forcément de repères, pour leur montrer les usages », souligne Fabrice Ballard, co-auteur du document de travail. Pour bâtir ces projets, il faut être à même de maitriser le langage utilisé par les spécialistes, et savoir lire les enjeux.  Un chapitre de l‘ouvrage fait le point sur les usages que  permet le très haut débit ( télétravail, télémédecine… ),  ainsi que sur les différentes sigles techniques du secteur. S’appuyant sur les grandes études de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale ) ou de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), le troisième chapitre fait ensuite le point sur le coût de l’objectif 2025. « On essaie de détailler combien cela va couter, et on démontre que plus on va loin dans les territoires, plus cela est couteux (…) Les élus devront faire des arbitrages politiques », estime David El Fassy.

Mix techno

Des choix techniques devront également être faits, même s’ils ne relèvent pas directement de l’élu. « Il y a différentes solutions que l’on peut utiliser pour amener le très haut débit pour tous ( …) en fonction de  chaque typologie de territoires, et du réseau qui pre existe. Il faut d’abord faire un état des lieux », analyse Fabrice Ballard. Exemple, « dans une zone rurale à l’habitat dense, sans réseau de collecte, plutôt que de moderniser le réseau de cuivre, autant faire de la capillarité, éventuellement en utilisant le faisceau hertzien, en attendant le réseau de collecte », estime l’expert.  Toutes les technologies peuvent être mises à contribution, explique t il en fonction de leur adéquation par rapport à l’usage et au type de territoire, et en tenant compte de la gestion de leur rareté. Ainsi,  « le satellite continue avoir sa place pour l’habitat très isolé, si les autres technologies ne sont pas adaptées. Et il faut réserver les capacités spectrales des satellites aux habitants qui en ont besoin, autrement la ressource sera partagée entre trop d’abonnés ». Idem pour le Wimax : « On manque de fréquences », note David El Fassy. Reste à financer ces déploiements et à en fixer le planning… L’ouvrage détaille les leviers existants. Ainsi, les deux milliards d’euros du fonds d’aménagement numérique du territoire sont pour partie destinés à du co-investissement dans les projets des collectivités locales.  Le planning, lui, dépend en partie du calendrier politique. « S’il n’y avait pas eu le remaniement, les projets pilotes auraient déjà du être annoncés », regrette David El Fassy.