Très haut débit :Infineon part en croisade contre le législateur européen

En cherchant à trop réguler l’accès aux infrastructures de transport des
données numériques, l’Europe prendrait du retard et des semi-conducteurs

Christian Wolff, senior vice-président et directeur général de la division communication d’Infineon, n’est pas satisfait des décisions de la Commission européenne en matière d’infrastructures de communication, et il le dit!

Le patron de la division Wireline Access Business Unit d’Infineon a en ligne de mire la décision du régulateur européen qui entend imposer aux acteurs du marché de partager leurs réseaux. Pour Christian Wolff, pourquoi tout le monde profiterait-il des investissements colossaux engagés par quelques rares opérateurs qui en ont les moyens ?

Le régulateur veux imposer aux opérateurs l’ouverture de leurs réseaux à de simples acteurs qui tireront profit de leurs services en ligne sans que l’opérateur lui même en profite ? En réaction, les opérateurs n’investissent pas dans l’architecture de ces réseaux de peur de voir leurs profits potentiels passer justement chez ces acteurs !

Pour Infineon, le modèle de la VoIP est emblématique de cette situation de crise. La technologie a été en partie développée par de petits acteurs innovants qui se sont imposés sur les réseaux des opérateurs, réduisant leurs profits et les contraignant à modifier leur stratégie en adoptant eux aussi la VoIP.

Mais la situation pourrait se dégrader très rapidement, car émergent aujourd’hui de nouvelles technologies liées à la haute définition, avec en particulier un marché gigantesque, la télévision sur IP ou IP-TV. Sauf que cette technologie, qui immanquablement va séduire le consommateur et générer de nouveaux modèles de profit, doit obligatoirement s’appuyer sur une ossature basée sur le câble en très haut-débit.

D’où la sonnette d’alarme que tire Christian Wolff au nom d’Infineon. Sans surprise puisque les technologies fournies par sa division sont au coeur du débat…

« Les opérateurs cherchent de nouveaux services et vont adopter l’IP-TV. Mais la puissance de l’ADSL reste encore trop limitée, surtout en ‘upload’(de l’utilisateur vers le réseau). Le ‘bit rate’(débit) nécessaire n’est pas suffisant, et surtout il n’est réellement disponible que sur de très courtes distances. »

Comme par hasard, Infineon dispose d’une technologie qui devrait permettre de passer chez l’utilisateur sur des débits de l’ordre de 50 Mbits/s en ‘download‘ et 10 Mbits/s en ‘upload‘, la VDSL 2, supportée par les réseaux téléphonique de proximité sur câble standard.

« La fibre est trop cher pour approcher l’utilisateur. Si on voulait emmener la fibre jusque chez lui, cela représenterait, selon certains analystes, un investissement de vingt milliards d’euros rien qu’en France ! En revanche, si l’on se contentait d’alimenter les serveurs qui seront le relais vers le câble téléphone, cela ne représenterait en France qu’un investissement de trois milliards d’euros. »

« Il faut trouver le moyen de financer cet investissement, et les grands opérateurs l’ont, à condition qu’ils ne soient pas contraints de partager leurs équipement et que règne la compétition. C’est un problème politique qui pénalise le consommateur pour le futur. »

Et de citer l’exemple des Etats-Unis où les ‘big carriers‘, les grands opérateurs, financement l’équipement en fibre, mais où la concurrence fait office de régulateur sur les prix. Les USA sont largement en avance sur l’Europe en matière d’équipement HD.

Ou de citer également le Japon qui progresse à grands pas, et la Corée du Sud où des débits de 100 Mbits/s arrivent déjà dans les foyers, chez les particuliers !

« Les politiques ne comprennent pas la différence entre la régulation et le nécessité de trouver des acteurs qui vont financer les réseaux. Les opportunités économiques pour l’Europe sont pourtant considérables. Elles vont créer un bon business, des abonnements pour les accès aux appareils HD et aux services.«