Très haut débit : la moitié de la population bientôt couverte en France

Si le déploiement du très haut débit en France avance plus vite qu’initialement prévu, celui des raccordements effectifs reste à la traîne.

A l’occasion de la 6e édition du Forum du Très Haut Débit, qui s’est déroulée à Marseille les 5 et 6 septembre dernier, Jean-Michel Baylet s’est félicité, sur Twitter de l’avance du gouvernement en matière de déploiement du très haut débit (THD) fixe en France. Selon le tweet du ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, « 50% de la population [sera] couverte par une connexion au #THD à la fin de l’année : un an d’avance sur l’objectif initial ». Le ministre fait évidemment référence au plan France THD qui misait sur ce taux de couverture pour 2017.

Ce plan, rappelons-le, vise à fournir le THD fixe à l’ensemble de la population française et aux entreprises d’ici 2022. Dans l’idéal essentiellement avec de la fibre optique à domicile (FTTH, à hauteur de 80% des déploiements environ) mais aussi des technologies alternatives, notamment sans fil (LTE, Wimax, satellite…), ou par modernisation du cuivre, pour relier les zones les plus difficiles (ou onéreuses) d’accès. Un plan à 20 milliards d’euros partagé entre les investissements privés (assurés pour un tiers par les opérateurs sur les 3600 communes des zones denses et très denses représentant 57% de la population) et publics (les deux-tiers par les collectivités locales dans le cadre des réseaux d’initiative publique avec un soutien de 3,3 milliards de l’Etat).

12 milliards d’euros engagés

Il est vrai que l’application du plan avance à bons pas. Selon le bilan dressé le 28 juin dernier par l’Agence du numérique (qui intègre désormais la mission France THD), l’Etat s’est engagé à hauteur de 2,5 milliard d’euros. Et 12 milliards d’investissements sont en cours à travers une centaine de départements/collectivités qui ont déposé 87 dossiers de déploiement du THD. De quoi apporter un « accès à Internet performant » à 8,5 millions de logements, entreprises et services publics dont 7,5 millions en FTTH, 800 000 par une technologie hybride (fibre au cœurs du village/quartier complétée par des accès xDSL) et 200 000 par des technologies hertziennes.

Bref, la promesse du ministre de couvrir la moitié de la population en THD devrait donc facilement être tenue. De fait, à la fin du premier trimestre 2016, 47,4% de la population était couverte en accès THD. Concrètement, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) rapportait que 14,8 millions de logements étaient raccordables au THD, soit près de la moitié des 30 millions de lignes cuivres qui cheminent en France.

Les raccordements à la traîne

Mais entre foyers raccordables et raccordés, il y a un gouffre. Et, au 31 mars 2016, seuls 4,5 millions de foyers disposaient d’une connexion THD, c’est-à-dire à plus de 30 Mbit/s. Et seuls 2,8 millions d’abonnés profitent d’un accès à plus de 100 Mbit/s, considéré comme du « vrai » THD, dont 1,6 million en fibre optique à domicile. Si le plan France THD avance mieux que prévu en matière de couverture, selon Jean-Michel Baylet, force est de constater qu’il ne profite qu’à une minorité de foyers à ce jour. Surtout, il faudra s’assurer que le rythme des déploiements du THD sera soutenu, voire accéléré, pour respecter le calendrier du plan national.

Une condition qui passe par la disponibilité des compétences et ressources humaines pour déployer les réseaux. Là-aussi, en signant une convention de partenariat le 28 juin dernier avec la Firip (Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique) sur la formation de 40 000 personnes (dont 13 000 créations d’emplois), l’Etat prend les devants. Mais la Fédération attend des avancées concrètes. « Les carnets de commande des industriels sont pleins, a déclaré son président Etienne Dugas à Marseille. Si nous n’enclenchons pas massivement les formations, nous risquons d’être confrontés à l’arrivée de travailleurs détachés, alors que toutes les ressources sont potentiellement disponibles localement ! » Le responsable s’inquiète potentiellement des difficultés du suivi des affectations budgétaires entre les différents organismes de formation. Dans ce cadre, la Firip entend profiter de l’échéance présidentielle qui approche pour peser dans le débat sur le numérique. « Il faut veiller à ne pas casser la dynamique enclenchée », a conclu Etienne Dugas.


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