TRIBUNE et COMMENTAIRES: Partisans et Opposants à OOXML… (retour)

L’article « Tribune » qui suit publié le 6 septembre a suscité moult
commentaires et réactions aux commentaires….
Rappel: « Les opposants commerciaux les plus véhéments à Microsoft combattent
bien plus qu’un simple format, et préparent leur avenir d’industriels du
logiciel. Quelques réflexions pour éviter de devenir les dindons de la
farce »

Les réactions en chaîne ne se sont pas fait attendre…

[ NDLR : L’article « Tribune » ci-après n’a pas manqué de soulever des réactions: cf. Commentaires ]

Si des associations comme l’APRIL (l’Association pour la promotion et la recherche en informatique libre) ou l’AFUL (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres) jouent leur rôle en réclamant des alignements entre le standard de Microsoft et l’ISO ODF, on peut se poser des questions quant au soutien ?idéologique? des éditeurs commerciaux qui semblent les épauler.

Cela ne remet d’ailleurs pas forcément en cause les discussions sur les spécifications et les adaptations nécessaires entre formats ni la décision finale, mais explique en partie l’ambiance et les tensions (on a parlé d’insultes) face à des enjeux bien supérieurs.

Microsoft converti aux standards ISO ?

Pourquoi donc le géant incontournable des logiciels aspire-t-il à être autant reconnu par les organismes de standardisation ? Reconnaissons que ces technologies se sont bien vendues, et sont même devenues des standards de fait incontournables de l’informatique. À tel point que même les logiciels bureautiques libres intègrent la lecture et l’enregistrement de documents aux formats Microsoft. Cependant, les porte-paroles de l’éditeur reconnaissent que les entreprises réclament à présent des standards, mais que leur démarche vers les standards n’a pas commencé avec l’Office Open XML (OOXML), et a déjà abouti. En effet, les spécifications et recommandations des Services Web ?par exemple- ont été apportées par Microsoft, alliée d’ailleurs à l’époque à? IBM.

Si les formats bureautiques restaient un peu plus éloignés de ces débats, les initiatives nationales politiques ont fait bouger les choses. Aujourd’hui, ne nombreux Etats mettent en place des recommandations à respecter dans le cadre des appels d’offres qui pourraient écarter Microsoft des fournisseurs potentiels de solutions bureautiques, puisqu’il s’agirait de limiter les choix aux logiciels respectant les standards, et l’ISO ODF en l’occurrence. En France, cette démarche est incarnée par le projet RGI (référentiel général d’interopérabilité) lancé par Direction générale de la modernisation de l’État (DGME).

Certes, la décision définitive ne sera connue que dans quelques mois, et Microsoft intégrera certainement une partie des modifications demandées? À suivre.

Les débats bureautiques cachent la vraie cagnotte

L’opposition farouche des IBM, Sun et Google ?entre autres-, à la standardisation d’OOXML masque en fait des stratégies sous-jacentes, qui mettraient de très gros bâtons dans les roues à la société de Bill Gates, et pas uniquement sur Office 2007.

Malgré son lancement Début 2007, Google Documents et Tableurs (ou Google Docs https://docs.google.com ) ne semble pas soulever l’enthousiasme des foules. Pourtant, il reconnaît les formats ODF (via OpenOffice) et Office 95, mais pas Office 2007. Or c’est justement cette version qui intègre le format Office Open XML , sur lequel repose également Office Live, suite bureautique en ligne de Microsoft et donc concurrente de taille pour Google?

Pour IBM, les produits Lotus individuels (Notes, la suite bureautique 1-2-3, Organizer, Freelance Graphics, Organizer?) intègrent déjà le standard ODF. On peut alors objecter que les parts de marché du Géant Bleu sur ce segment restent anecdotiques.

Toutefois, le c?ur de la bataille se trouve bien ailleurs. En effet, la gamme Lotus comprend aussi des solutions de gestion de contenu (Domino Document Manager, Workplace documpent?) de messagerie et collaboration (Domino, Messaging, Web Access, Workflow?) ou encore de portails collaboratifs (Workplace Collaboration, Lotus QuickPlace, et divers logiciels Workplace?). Tous ces logiciels serveur deviennent aujourd’hui le nerf central des systèmes d’information, le fameux portail à travers lequel l’utilisateur de l’entreprise accède à l’informatique de son entreprise. Or, si les informations sont codées au format ODF, les échanges s’effectuent dans cette langue. Et justement, les solutions de Microsoft (Sharepoint, Content Management Server, Exchange, etc.) discutent ?entre autres- dans le format OOXML.

Le client riche et les nouvelles architectures informatiques

Pire encore, avec l’avènement du client riche, IBM préfère logiquement que les entreprises choisissent le sien via Lotus Notes et autres, voire remplacent leur client Microsoft Outlook et Office actuel. Car Microsoft propose de faire d’Office 2007 le client riche incontournable de ces nouvelles architectures.

Bref : pour vendre des licences sur les logiciels serveur (très rémunérateurs), mieux vaut proposer le client riche qui sera adoptable par tous. En fait, la guerre sur ces standards semble concerner essentiellement le client alors qu’elles impactent beaucoup plus de choses, non seulement pour les industriels concernés, mais aussi pour les entreprises.

Enfin, Sun propose sa suite Star Office au format ODF, et vient même de développer en juillet dernier un plug-in pour Microsoft Office 2000, XP et 2003, afin que les utilisateurs puissent ouvrir les fichiers à ce format dans Word, Excel, etc. Tandis que Novell (qui soutient Microsoft pour OOXML) avait déjà lancé en mars dernier un plug-in Open XML pour le logiciel libre OpenOffice.

Espérons pour les utilisateurs qui plébiscitent toujours Office (n’en déplaise aux obscurantistes?), que leurs entreprises ou administrations ne seront pas forcées d’adopter des produits qui ne leur plaisent pas, par un biais politique et philosophique. Des positions et des idées respectables tant qu’elles ne se transforment pas en man?uvres politiques visant à imposer un comportement.

Il serait bon que les idéologues comprennent qu’on impose ni le bonheur, ni sa propre vision de la liberté pour le bien d’utilisateurs finaux tout à fait conscients des conséquences de leurs achats. Merci messieurs (des femmes seraient peut-être moins rigides?) de ne pas uniformiser nos cerveaux et nos goûts, même pour notre bien !