Tribune : SAP a-t-il triché sur les chiffres de HANA ?

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SAP est accusé par un analyste de Cowen and Co. d’avoir grossi artificiellement les résultats de sa solution in-memory…

Il se nomme Peter Goldmacher, analyste chez Cowen and Co., et il lance une grave accusation contre SAP : l’éditeur allemand aurait assigné indûment des lignes de revenus en provenance de diverses divisions sur la ligne de business HANA, la solution in-memory d’exécution des applicatifs en mémoire, afin d’en grossir artificiellement les résultats.

Depuis le lancement de sa plateforme in-memory, SAP a placé un focus sur HANA. La technologie développée par l’éditeur mérite en effet toute son attention, par les importants gains de performance obtenus en faisant s’exécuter les applications et une partie de la donnée dans la mémoire du serveur.

Une progression de HANA contestée

Pour SAP, le succès est là, qui s’affiche dans une progression de 120 % des résultats en ventes de licences de sa division HANA sur la période ‘FY13’. Bill McDermott, co-CEO de SAP, évoquant les résultats d’HANA en janvier dernier, s’était fendu auprès d’un confrère américain d’un commentaire pour qualifier sa technologie in-memory de « produit logiciel enregistrant la plus forte progression de l’histoire du monde. »

C’est pourtant ce chiffre que conteste Peter Goldmacher, qui a fait le calcul suivant : si le taux de progression de HANA est de 120 %, cela signifierait que le taux de progression des ventes de licences des autres divisions, dont Apps (applications) et BI (business intelligence) qui représentent 90 % des licences du groupe, ne serait que de 2 % ! À rapprocher des 11% à 13% prévisionnels sur le logiciel et des 14% à 20% attendus sur le locatif applications et cloud…

De plus, selon l’analyste, la stratégie de remises de SAP – avec des remises importantes sur les applications et la BI, mais à l’inverse peu de remises sur les bases de données et les produits en mobilité -, aurait également un effet artificiel sur les résultats, tendant à gonfler la progression des seconds face aux premiers… Et d’attirer l’attention sur des marchés dont la progression réelle ne serait pas celle affichée !

Et Peter Goldmacher d’accuser SAP d’avoir détourné des chiffres réalisés par d’autres divisions pour les réaffecter à HANA, et ainsi gonfler artificiellement les résultats de sa division in-memory. « Cela pourrait donner l’impression d’un dynamisme du marché qui n’existe pas encore », commente-t-il.

Des interrogations autour de HANA

Il est difficile de vérifier les affirmations de l’analyste, d’autant plus que, comme beaucoup de ses concurrents, SAP détaille peu les résultats de ses divisions par lignes de produits. Nous pouvons cependant nous interroger sur les résultats affichés par SAP sur HANA… Pourquoi SAP les gonflerait-il ? Surtout quand la technologie est un succès.

Peut-être le succès commercial ne suivrait pas le succès technologique ? La logique veut l’association de HANA avec les applicatifs de SAP. Or celle-ci est très récente. HANA a donc, jusqu’à présent, principalement concerné des solutions applicatives qui ne sont pas SAP. Dans ces conditions, la progression peut difficilement être très rapide. Surtout que le coût d’entrée dans HANA demeure élevé !

Pour notre part, nous faisons le constat que SAP a toujours rencontré des difficultés à nous présenter des clients HANA en production. D’une part, nombre d’entre eux, que nous avons pu plus ou moins approcher lors de diverses manifestations, sont encore en phase d’évaluation de la technologie. D’autre part, il est difficile pour un éditeur d’évoquer des clients qui n’entrent pas intégralement dans sa sphère. Mais dans tous les cas, nous avons toujours affiché un certain scepticisme quant à la place qu’occupe réellement HANA.

Au-delà des accusations, les affirmations de Peter Goldmacher abondent donc dans ce sens. Si la technologie HANA est un réel succès, il lui faudra encore du temps pour s’imposer. Voilà pourquoi le discours de SAP sur HANA, qui fait la confusion entre le succès d’estime et le réalisé, affiche probablement un excès d’optimisme. De là à affirmer que SAP a triché… Nous ne nous risquerons pas sur cette voie, que nous laissons à Peter Goldmacher, en rappelant cependant que les progressions sont toujours très fortes lorsque l’on démarre de très bas !

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